PARIS (awp/afp) - Les marchés européens ont été affaiblis vendredi par l'aggravation des tensions sino-américaines, liées cette fois à la situation politique à Hong Kong.

Paris (-0,02%), Francfort (+0,07%) et Madrid (+0,17%) ont fini sans direction. Londres a fléchi de 0,37%. A la Bourse de Milan, l'optimisme a résisté (+1,34%). A Zurich, le SMI a terminé sur un recul de 1,04%.

Au moment de la clôture européenne, Wall Street reculait se préparant à un week-end de trois jours aux Etats-Unis.

"Le risque s'est déplacé du Covid-19 vers la détérioration des relations sino-américaines avec une loi très controversée sur la sécurité annoncée par Pékin", explique Stephen Innes, stratégiste chez AxiCorp.

"Avec les jours fériés en Europe et la fermeture des marchés américain et britannique lundi, les volumes sont allégés" et les investisseurs n'ont "pas la volonté d'ajouter du risque avant mardi", ajoute-t-il.

La Chine a décidé d'imposer à Hong Kong une loi sur la "sécurité nationale" visant à interdire "la trahison, la sécession, la sédition (et) la subversion".

"Pékin resserre son emprise sur Hong Kong" ce qui pourrait faire réagir le président américain Donald Trump et "renouveler les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, ce qui explique la fébrilité des investisseurs", souligne David Madden, analyste chez CMC Markets.

Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a exhorté "fermement" Pékin à "reconsidérer sa proposition désastreuse".

Alors que la Chine présente ce projet de loi comme indispensable à la stabilité de ce centre financier international, la Bourse de Hong Kong a clôturé vendredi en baisse de plus de 5%.

Cette proposition de loi vise à réprimer les opposants au pouvoir central, dans le sillage des gigantesques protestations prodémocratie qui ont secoué le territoire semi-autonome l'an dernier.

Cette initiative "a fait de l'ombre à l'Assemblée nationale populaire de Chine, qui devait être consacrée aux objectifs de croissance et aux mesures de relance", note M. Innes.

En effet, pour la première fois dans son histoire récente, Pékin a renoncé à fixer un objectif de croissance pour l'année en cours, faute de pouvoir chiffrer l'impact de la pandémie.

Au lieu de cela, la Chine a fait l'éloge de sa stratégie dans la gestion du Covid-19 lors de la grand-messe annuelle du pouvoir communiste.

Ces appréhensions s'ajoutent à celle toujours prégnantes d'une nouvelle flambée des contaminations au fur et à mesure que les économies se déconfinent.

Le nouveau coronavirus, qui a touché plus de 5 millions de personnes et fait plus de 332.800 morts, continue de galoper au Brésil et en Russie.

"Le brouillard n'est pas levé sur l'évolution de l'épidémie, de l'économie et de la politique ou géopolitique", résume pour sa part Hubert Tassin chez Gaspal Gestion.

Les valeurs financières exposées au marché asiatique ont reculé à l'image des banques HSBC (-4,99% à 379,00 pence) et Standard Chartered (-2,43% à 382,00 pence), ainsi que de l'assureur Prudential (-9,29% à 1.011,00 pence).

Les matières premières sont restées à la traîne, à l'instar d'Eramet (-3,31% à 28 euros) ou ArcelorMittal (-1,56% à 8,22 euros).

Renault a accentué ses pertes (-2,86% à 17,20 euros), le ministre de l'Economie Bruno Le Maire ayant affirmé que le groupe jouait "sa survie" et devait s'engager notamment sur le maintien en France de certaines activités.

Lufthansa est retombé (-1,16% à 8,04 euros) alors que l'accord entre le groupe et l'Etat sur un plan de sauvetage de 9 milliards d'euros est retardé au moins jusqu'au début de la semaine prochaine, selon plusieurs médias.

afp/rp