guerre commerciale

PARIS (awp/afp) - Rassurées par les décisions monétaires de la Réserve fédérale américaine (Fed) et de la Banque centrale européenne (BCE), les Bourses européennes devraient malgré tout aborder la semaine à venir avec prudence, face à la menace de guerre commerciale.

"La semaine prochaine, il va falloir surveiller le risque quant aux mesures protectionnistes qui pourraient être annoncées", a indiqué à de l'AFP Marco Bruzzo, directeur général délégué de Mirabaud Asset Management.

Le président américain Donald Trump a annoncé vendredi l'imposition de tarifs douaniers de 25% sur 50 milliards de dollars d'importations chinoises et la Chine a aussitôt annoncé qu'elle allait riposter à l'identique.

En l'absence d'actualité macroéconomique majeure, de nouveaux développements dans les relations entre Washington et ses partenaires pourraient orienter le marché, selon le spécialiste.

"S'il y a de l'huile sur le feu, les marchés pourraient être nerveux mais l'absence d'annonces concernant des barrières commerciales pourrait donner lieu à un mouvement de stabilisation, voire de hausse", a-t-il estimé.

Car les Bourses européennes ont nettement apprécié les annonces de la BCE au sujet de sa politique monétaire, qu'elles ont jugé accommodantes.

"Cette semaine, les marchés attendaient surtout la Banque centrale européenne qui devait être confrontée à un exercice délicat et s'en est très bien sortie en envoyant un signal très rassurant pour le marché", a souligné M. Bruzzo.

La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé jeudi l'abandon en fin d'année de ses rachats de dette, signant la disparition d'un programme exceptionnel conçu en pleine crise, sans pour autant cesser de soutenir l'économie en zone euro.

Son programme s'arrêtera à la fin de l'année pour peu que les données "confirment" la progression de l'inflation en zone euro. En outre, l'institution a indiqué qu'elle maintiendrait ses taux directeurs au plus bas, au moins jusqu'à la fin de l'été 2019.

Données mitigées

"La BCE joue tout de même la prudence, ce qui est cohérent au vu de ce que nous avons pu observer en matière de données économiques au premier trimestre", a commenté auprès de l'AFP Vincent Juvyns, un stratégiste de JPMorgan AM.

Avant la BCE, la Réserve fédérale américaine (Fed) s'est également prononcée sur sa politique monétaire. Comme l'attendaient les investisseurs, l'institution a relevé son taux directeur pour la deuxième fois de l'année. Elle a également annoncé qu'elle prévoyait deux autres resserrements d'ici à fin 2018, soit un de plus par rapport à sa réunion de mars.

"Il s'agit d'un bon signal par rapport à la santé de l'économie américaine, qui vraisemblablement signera une forte croissance au deuxième trimestre", a estimé M. Juvyns.

La Bourse de Londres suivra pour sa part encore l'actualité monétaire au cours de la semaine à venir, avec une réunion de la Banque d'Angleterre prévue jeudi. Aucune hausse de taux n'est attendue, mais les opérateurs surveilleront néanmoins tous les détails de la communication de l'institut et le partage des votes au sein de son comité de politique monétaire, ce qui pourrait jouer sur le niveau de la livre sterling.

La semaine s'annonce plutôt calme en France et en Allemagne, sur le plan macroéconomique mais les investisseurs prendront connaissance vendredi de l'indice PMI, qui mesure la croissance de l'activité. En zone euro, il pourrait se tasser.

"Les grèves qui ont eu lieu ces dernières semaines en France auront inévitablement un coût économique et un impact sur la confiance des entreprises, nous pouvons donc nous attendre à un tassement des indicateurs conjoncturels de la France", a indiqué M. Juvyns.

"Si le retrait est marqué, cela pourrait inquiéter un peu les investisseurs, qui sont aujourd'hui un peu déçus des performances économiques européennes depuis le début de l'année et se rendent compte de la multiplication des risques en zone euro", a-t-il poursuivi.

Outre des données économiques mitigées et les tensions commerciales, les incertitudes sur le Brexit pourraient inciter les investisseurs à la prudence sur les marchés actions en Europe, quelques semaines avant la tenue d'un sommet européen portant notamment sur la réforme de la zone euro.

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