L’un des facteurs qui justifie cet enchainement de plus hauts historiques et de phases haussières se traduit par la réduction de la prime de risque : cette dernière indique le niveau d’attrait des investisseurs pour les actions qui constituent un sous-jacent traditionnellement plus risqué.
 
Qu’est ce que la prime de risque ?

Cette notion mesure l’écart de rentabilité attendu entre le marché dans sa totalité et l’actif sans risque. Dans la zone euro, elle oscille entre 2 % et 6 %. Pour déterminer la prime de risque propre à chaque titre, il suffit de multiplier la prime de risque du marché par le coefficient beta (sensibilité) du titre concerné.
Cela permet de distinguer la prime de risque du marché et la prime de risque intrinsèque de chacune des valeurs. C’était le cas pendant la crise financière où en plus du stress-marché, les valeurs bancaires possédaient une propre prime de risque.
Cette notion désigne, par conséquent, un supplément de rendement exigé par un investisseur afin de compenser un niveau de risque supérieur à la moyenne. L’idée étant d’estimer le niveau du différentiel de performance qu’un investisseur va juger satisfaisant pour délaisser les actifs non risqués..
 
Quels sont les actifs non risqués ?

Les emprunts d’états (Bunds, OATs , ..) peuvent être massivement achetés par les investisseurs pour protéger le capital avec une rémunération peu élevée. Par définition, l’actif sans risque à des flux certains car son émetteur ne peut théoriquement pas faire faillite (Etat). Il se caractérise donc par une rentabilité certaine ; le taux de l’argent sans risque est fondamental car il sert de base à la détermination de la rentabilité exigée de tout titre financier.
 
 

Plus les investisseurs refusent la notion de risque et d’audace (aversion élevée), plus ils demandent un différentiel de rendement conséquent (autour de 7 % en 2008 et 2011 : deux phases de marché tendues).
En revanche, en 2000 pendant la bulle internet et des TMTs , la ratio était faible (sous les 2%)  ce qui confirmait l’exposition maximum sur les actions.
Un  fort désintérêt pour les actions se traduit par une augmentation de la prime de risque et inversement.
 

Dans des conditions de marché standardisées, l’aversion au risque fait partie intégrante du comportement de l’investisseur ; cela se présente avec les caractéristiques suivantes :
- les investissements sont réalisés de manière prudente et avec scepticisme
- Les analyses sont établies sur des hypothèses prudentes
- Demande d’une rémunération supplémentaire pour prendre la décision d’investir
 
A l’inverse, dans un environnement en « Risk On », les prix des actifs montent (c’est le cas actuellement avec les actions et les obligations), les rendements espérés diminuent et la qualité des titres se détériorent avec l’érosion de la prime de risque (augmentation des multiples).
La conjonction de perspectives macroéconomiques et d’indicateurs de marché en voie d’amélioration, principalement en Europe, justifient l’attrait des actions. L’inversion des prévisions bénéficiaires offre un fort potentiel de rattrapage. Les investissements d’acquisitions ou fusions peuvent s’accomplir avec des conditions de financement favorables et des niveaux de valorisation attrayants. Les operateurs ne recherchent pas forcement les valeurs refuges qui demeurent relativement délaissées  (dollar, yen, franc suisse, métaux précieux,…)

En effet, depuis des mois les taux baissent et l’argent se veut facile, le contexte de prise de risque est, par conséquent idéal pour les investisseurs : les banques surveillent tout décrochage potentiel pour remettre de l’essence aux marchés actions. Même le BCE est devenue moins orthodoxe et participe au mouvement de confiance. Tout cet environnement a permis la restructuration de la hiérarchie des risques en faveur des actions. Ces dernières performent davantage que les obligations corporates malgré une forte détente des taux.

Rapport avec les corporates

La prime de risque peut également s’identifier comme l’inverse du PER (BNA/cours) comparé au rendement des obligations corporates. C’est l’inverse des multiples.
Exemple : Une action qui se paie 15x (60/4) aura un rendement au sens large de 4/60 = 6.6% qu’il faudra comparer aux rendements obligataires. Dans ce cas, elle justifie l’écart de rémunération : plus ce différentiel est important, plus les actions deviennent attrayantes par rapport aux obligations.
Avec des rendements en nets replis sur les emprunts d’Etats, le risque n’est quasiment plus rémunéré sur le 10 ans espagnol, italien ou portugais. En revanche les actions affichent une rentabilité de l’ordre de 7 % en tenant compte des BNA (bénéfices repartis entre les actionnaires et l’entreprise). Jamais l’écart entre les actions européennes et les obligations, n’a été aussi élevé.


 
Par conséquent, il appartient de bien connaitre l’environnement dans  lequel les investissements en actions se réalisent. Une question se pose néanmoins à chaque situation de forte détente, à l’identique des indices de volatilité.
L’interprétation parait toujours complexe : une volatilité basse comme une prime de risque peu élevée, est-ce un gage d’environnement sécurisé ou un préambule à de prochaines agitations sur les marchés ?  Quelques arbitrages pendant cette période estivale pourraient paraitre un tant soit peu légitimes…