Après quatre séances consécutives dans le rouge, dont les deux dernières alimentées par la chute des champions du luxe, le CAC 40 français a vu fondre une partie des gains qui lui permettaient de faire mieux que la plupart des autres indices en 2021. Il conserve toutefois une avance de 19% sur son cours du 31 décembre 2020. On a vu pire. Il n'empêche que les investisseurs, en particulier français puisque les autres indices ont un peu moins piqué du nez, ont eu leur lot de sueurs froides hier. Notamment quand les actions européennes ont commencé à décrocher dès l'ouverture et que les barrières sautaient les unes après les autres : -1%, -2%, et même -3% à Paris. "Ça craint là non ?", a avancé un des jeunes de l'équipe Zonebourse, un peu blême. Histoire de détendre l'atmosphère, l'analyste le plus expérimenté de la salle (celui-qui-a-passé-des-ordres-à-la-main) a lancé un "on va à la cave aujourd'hui" en guise de bonjour, avant d'ajouter "c'est le moment d'acheter du Carrefour". Personne n'a réussi à lire dans son regard s'il était sérieux ou pas. Ensuite ça a parlé de gap géant, de rachats à bon compte, de couteaux qui tombent et de souvenirs de journées boursières folles. Mais l'ambiance était un peu lourde, seulement entrecoupée par les habituels jeux de mots de stagiaire 2, qui étaient dans le ton.

Finalement, le CAC40 a pris une bonne raclée (-2,43%), qui aurait pu être pire au regard de la configuration matinale. L'indice large européen STOXX Europe 600 a cédé 1,5%. Ce sont les Etats-Unis qui ont réduit la douloureuse. D'ailleurs, le Nasdaq et le S&P500 ont terminé en hausse, quand le Dow Jones n'abandonnait que 0,2%. La résistance américaine a été alimentée par un attelage un peu bancal de technologiques, d'immobilier, de santé et de consommation de base, quand l'énergie, la consommation cyclique et la finance perdaient du terrain. En Europe, c'est la santé qui a sonné la révolte. Et Carrefour aussi d'ailleurs.

Comme le disent les spécimens de bistrot les plus affûtés, "c'est au pied du mur qu'on se le prend, le mur". Les marchés financiers, fonctionnent parfois un peu comme ça. Ils ont beau savoir que quelque-chose va se produire, ils attendent le dernier moment pour réagir. La banque centrale américaine a prévenu dès juin que sa politique monétaire allait changer, mais il a fallu attendre la mi-août pour que les investisseurs s'en persuadent. Mais pourquoi est-ce grave ? Si vous lisez quelquefois ces divagations matinales, vous savez que ce n'est pas forcément grave. Il est même plutôt sain de chercher à sortir des dispositifs exceptionnels qui durent. Mais les marchés n'aiment pas le changement, surtout lorsque les outils prodigieux en place ont assuré la fortune des investisseurs pendant plusieurs années. La Fed doit maintenant trouver la cadence adéquate pour démonter son soutien aussi discrètement que possible, de façon à ce que cela pèse a minima sur la dynamique économique. En Europe, la BCE est probablement encore loin de lui emboîter le pas, mais c'est une autre histoire.

En bourse, la nervosité des derniers jours ne sera pas forcément canalisée. Elle constitue un terreau propice pour que les actualités économiques et/ou sanitaires mitigées qui auraient pu être anodines encore récemment prennent davantage d'importance, ce qui pèsera sur le moral des troupes. L'indice VIX de volatilité est remonté d'un cran, sans pour autant rejoindre le niveau des pics de mai ou de juillet. La stagnation des rendements obligataires a l'air de montrer que le marché n'est pas si mal à l'aise avec une politique monétaire plus restrictive. Nous sommes sans doute entrés dans une de ces périodes durant laquelle les commentateurs de tout poil ont toutes les raisons d'expliquer que ça va chuter ou que ça va remonter. Il faut les écouter, parce que la moitié aura raison. Mais personne ne sait laquelle.

En attendant, les marchés actions européens n'ont pas l'air bien rassurés par la robustesse des indices américains. Le CAC40 a démarré étale, autour de 6607 points. En Asie, la baisse se poursuit, notamment en Chine où la chasse aux sorcières du numérique continue à faire des ravages dans les rangs des Alibaba, Tencent et consorts. La situation dans le pays, où l'on craint à la fois un ralentissement de la croissance économique et les coups de boutoir réglementaires de Pékin, est à surveiller de près puisqu'elle a aussi fait des dégâts chez les entreprises exposées aux marchés asiatiques, en particulier le luxe, nous en avons parlé hier, mais aussi les minières.

Les temps forts économiques du jour

Deux statistiques européennes aujourd'hui, les ventes de détail britanniques et l'indice des prix à la production allemand (8h00).

L'euro reste pressurisé par le dollar à 1,1686 USD, pendant que l'once d'or n'a que modérément profité des remous de la veille, à 1786 USD. Le pétrole remonte en direction des 67 USD pour le Brent et des 64 USD pour le WTI. Sur le marché de la dette souveraine, calme presque place sur le 10 ans américain à 1,24%, tandis que le rendement du Bund se rapproche de -0,49%. Le Bitcoin est remonté au-dessus de 47 000 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Adyen : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 2560 à 2960 EUR. Credit Suisse reste à surperformance avec un objectif de cours relevé de 2417 à 2950 EUR.
  • Ascom : UBS reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 16 à 20 CHF. Stifel passe d'acheter à conserver en visant 16,50 CHF.
  • Atlas Copco : Berenberg passe de vendre à conserver en visant 600 SEK.
  • Babcock : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 410 GBp.
  • BASF : Bernstein reste à surperformance avec un objectif relevé de 110 à 112 EUR.
  • Bilfinger : AlphaValue reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 44,10 à 35,80 EUR.
  • Calida : Research Partners reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 45 à 52,50 CHF.
  • Deutsche Rohstoff : Kepler Cheuvreux reste acheteur avec un objectif relevé de 20 à 23 EUR.
  • Do & Co : Jefferies démarre le suivi à l'achat en visant 102 EUR.
  • Evonik : Bernstein reste à surperformance avec un objectif relevé de 40 à 42 EUR.
  • Hapag-Lloyd : Bankhaus Metzler passe d'acheter à vendre en visant 180 EUR.
  • Johnson Matthey : Liberum reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 2450 à 3150 GBp.
  • L'Oréal : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 340 à 387 EUR.
  • Montea : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 108 à 122 EUR.
  • Orior : Research Partners reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 85 à 95 CHF.
  • Plus500 : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 1850 à 2000 GBp.
  • Rheinmetall : DZ Bank reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 120 à 110 EUR.
  • Rolls-Royce : AlphaValue reste à vendre avec un objectif de cours relevé de 81,20 à 90,30 GBp.
  • SPS : Research Partners passe d'acheter à conserver.
  • Straumann : UBS reste neutre avec un objectif de cours relevé de 1230 à 1745 CHF.
  • Tikehau : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 32 à 33 EUR.
  • Vifor : J.P. Morgan reste neutre avec un objectif de cours relevé de 130 à 140 CHF.
  • Wacker Chemie : Credit Suisse passe de sousperformance à surperformance en visant 168 EUR.

En France

Annonces importantes

  • Engie mettrait en vente son portefeuille géothermique en Indonésie, selon Bloomberg.
  • Une étude confirme le bénéfice potentiel du Masitinib d'AB Science dans la SLA.
  • Olympique Lyonnais annonce l'arrivée de l'international italien Emerson Palmieri en prêt.
  • Les équipements Abeo présents au JO de Tokyo en escalade, gymnastique et basketball.
  • Drone Volt procède à des améliorations techniques sur son Hercules 2 et la progression de ses livraisons à Aquiline.

Dans le monde

Annonces importantes

  • Clayton, Dubilier & Rice relève son offre sur WM Morrison à 285 GBp par action en numéraire (7,9 Mds£ de valeur d'entreprise), avec l'appui du distributeur.
  • Les groupes chinois du numérique (Tencent, Alibaba…) décrochent encore alors que la Chine adopte une grande loi sur les données personnelles en ligne.
  • Sika vend son unité de revêtements industriels (75 MCHF de revenus annuels) en Europe à Sherwin-Williams pour un montant non communiqué.
  • Les Etats-Unis investiguent un surrisque cardiaque avec le vaccin de Moderna.
  • SalMar a déposé une offre à 270 NOK par action Norway Royal Salmon, pour surenchérir sur la proposition à 240 NOK déposée par NTS, déjà actionnaire à hauteur de 35,6% de la société convoitée.
  • Microsoft relève les prix de sa suite Microsoft 365.
  • Adobe rachète Frame.io pour 1,3 Md$.
  • Les résultats de U-Blox déçoivent.
  • Mobilezone revoit ses objectifs en hausse.
  • Marks and Spencer relève ses prévisions annuelles.
  • Apple décale le retour de ses employés au bureau jusqu'au mois de janvier.
  • Joaquin Duato va remplacer Alex Gorsky comme CEO de Johnson & Johnson.
  • Tesla lancera probablement l'année prochaine un prototype de robot humanoïde "Tesla Bot", conçu pour les travaux dangereux, répétitifs ou ennuyeux que les gens n'aiment pas accomplir.
  • China Evergrande discuterait avec Xiaomi pour céder des parts de sa division véhicules électriques, selon Reuters.
  • La FTC reformule sa plainte contre le monopole de Facebook.
  • China Telecom fait son entrée à la bourse de Shanghai.
  • Principales publications de résultats. Deere, Kingspan, PSP Swiss Property

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