Francfort (awp/afp) - Incapables ces derniers temps de repartir de l'avant, les marchés européens vont rester à la merci des tensions géopolitiques au cours des prochains jours, qui seront marqués par la réunion de la BCE, en pleine saison des résultats.

La semaine a été "très influencée par le risque politique" mais "on a évité des séances trop en baisse" grâce aux premiers résultats trimestriels américains qui "ont permis d'éviter une semaine encore plus mauvaise", a analysé pour l'AFP Christopher Dembik, responsable de la recherche économique de Saxo Banque.

Ainsi, le CAC 40 a cédé 0,22% au cours de la semaine écoulée et perdu 4,29% depuis le début de l'année. Le Dax a progressé légèrement sur la semaine (+0,26%), mais reste en recul de 10,56% sur un an.

A Londres, le FTSE-100 est monté de 0,77% sur la semaine, tandis que l'Eurostoxx 50 a gagné 0,51% sur la semaine.

Malgré l'accélération de la saison des résultats, les investisseurs prévoient "une semaine en pointillé, avec l'Italie qui va faire face à deux échéances importantes", a-t-il ajouté.

Outre les "clarifications" que doit apporter Rome à Bruxelles sur son projet de budget 2019 lundi avant midi, le marché sera attentif jeudi à la décision de l'agence de notation de Standard and Poor's Global Ratings sur la solidité de la dette souveraine italienne de long terme.

Cet avis constituera un "événement crucial" pour les marchés qui craignent "que l'Italie puisse sortir de la catégorie investissement, non pas dans l'immédiat mais si des efforts ne sont pas faits", selon M. Dembik.

Si la note actuelle "BBB" en venait à être abaissée de deux crans, l'Italie serait reléguée au rang d'émetteur spéculatif, c'est-à-dire présentant des risques de non-remboursement de sa dette.

"Les nombreux risques rendent difficile de se concentrer sur la saison des résultats", a résumé Milan Cutkovic, analyste chez AxiTrader en Allemagne.

Brexit, bilans et BCE

Le Brexit reste "un risque très important à prendre en considération mais surtout sur une perspective moyen et long terme", car les discussions vont se poursuivre en coulisses la semaine prochaine, ajoute M. Dembik.

Les yeux se tourneront jeudi vers la Banque centrale européenne à Francfort, qui tiendra sa réunion de politique monétaire. Les analystes s'attendent à ce que le président de l'institution, Mario Draghi, confirme les décisions de juin de mettre fin d'ici la fin de l'année aux rachats massifs de dette sur le marché destinés à soutenir l'économie, et ce malgré la liste longue de menaces qui pèsent sur la conjoncture en zone euro.

Les tensions sur la dette italienne inquiètent les marchés, mais "la seule justification pour la BCE d'intervenir serait de constater une menace pour la stabilité financière de l'ensemble de la zone euro. Or, il n'y a pour l'instant pas ou peu de contagion, donc aucune raison d'intervenir", estime Franck Dixmier Directeur mondial des gestions obligataires chez AllianzGI, joint par l'AFP.

Si les investisseurs n'attendent pas de déclarations fracassantes de la BCE jeudi, ils auront bien d'autres sujets d'attention au long de la semaine prochaine avec une salve de résultats d'entreprises attendus, la saison commençant à battre son plein.

Les valeurs bancaires européennes seront surveillées, le marché disséquant les publications pour le troisième trimestre des banques Barclays, Lloyds Banking Group et RBS, cotées à Londres, et de Deutsche Bank à Francfort.

M. Dembik pointe pour ce secteur "la crainte d'un risque souverain italien qui se propagerait à l'ensemble des banques italiennes avec une répercussion systémique" et évoque "des investisseurs qui préfèrent délaisser les bancaires car ils ne comprennent pas comment elles réagissent dans le court et moyen termes".

En Allemagne seront dévoilés aussi les résultats des poids lourds de l'industrie Linde, BASF et Daimler, ce dernier ayant jeté un froid vendredi en lançant son deuxième avertissement de l'année sur les résultats 2018, en raison des charges qui lui incombent dans la lignée du "dieselgate".

La compagnie aérienne Ryanair publiera ses résultats semestriels lundi à la Bourse de Dublin et devrait en dire plus sur le coût des récentes grèves qui l'ont déjà conduit à abaisser ses prévisions annuelles.

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