* Un accord "ni normatif, ni prescriptif"
* Quatre organisations syndicales signataires
* La CGT dénonce le manque d'avancées
PARIS, 26 novembre (Reuters) - Les partenaires sociaux ont
annoncé jeudi après d'âpres négociations être parvenus à un
accord sur le télétravail qui permettra, selon eux, d'encadrer
plus précisément cette organisation du travail qui a explosé
avec la pandémie.
Il s'agit d'un accord qui n'est "ni normatif, ni
prescriptif", comme le souhaitait le patronat, c'est-à-dire
qu'il ne change pas les dispositions légales existantes.
Le texte rappelle seulement les règles en vigueur pour
qu'elles ne puissent être ignorées, offrant ainsi une base de
réflexion pour une mise en place réussie du télétravail en cas
de circonstances exceptionnelles, comme lors d'une pandémie, ou
en situation classique, précise le Medef.
La CFDT, la CFTC et FO ont annoncé qu'elles signeraient
l'accord. La CFE-CGC l'a également accueilli favorablement mais
doit encore le soumettre à ses instances internes, a fait savoir
Hubert Mongon, le négociateur du Medef, qui a rendu compte le
premier des résultats des négociations.
Seule la CGT a dit qu'elle rejetterait le texte. "On a un
nouveau texte mais rien de nouveau en matière de droits pour les
salariés et puis il y a même des principes réducteurs", a
déclaré à Reuters Fabrice Angéï, secrétaire confédéral de la
centrale.
Pendant les trois semaines de négociations, les syndicats
ont tenté de faire bouger un certain nombre de lignes, sans réel
succès.
Ils avaient notamment souhaité que la liste des postes
"télétravaillables" soit soumise à la négociation des
représentants du personnel, ce que les organisations patronales
ont rejeté, estimant que l'identification de ces postes
conditionnait la réussite de l'entreprise et relevait donc
uniquement de la responsabilité de l'employeur. Le dialogue
social est fortement encouragé sur ce sujet, mais pas
obligatoire.
UN CADRE PLUS CLAIR, SELON LA CFTC ET LA CFDT
Les partenaires sociaux se sont entendus pour rappeler la
notion de double volontariat, c'est-à-dire qu'un salarié peut
refuser le télétravail sans que cela ne constitue un motif de
licenciement. Les syndicats souhaitaient en revanche que
l'employeur ait l'obligation de motiver son refus par écrit pour
éviter toute discrimination, ce que le patronat a refusé.
De manière plus générale, les organisations patronales n'ont
pas voulu imposer à l'employeur de laisser une trace écrite en
cas d'accord de gré à gré avec le salarié sur le télétravail.
Les obligations qui leur incombe sont néanmoins rappelées,
qu'il existe dans l'entreprise un accord collectif sur ce mode
d'organisation, une charte ou que le télétravail soit mis en
place par simple accord verbal.
Ainsi, un salarié en télétravail, au même titre qu'un
salarié sur site, bénéficie du droit à la déconnexion, du droit
à la formation et ne peut travailler plus que la durée légale du
travail. Les frais engendrés par son activité professionnelle
doivent être pris en charge par l'employeur après validation.
Les syndicats ont obtenu que le salarié qui souhaite mettre
fin à une situation de télétravail puisse retrouver une place
dans l'entreprise "dans l'emploi qui résulte de son contrat de
travail". A de nombreuses reprises l'accord fait également
mention des risques d'isolement liés au télétravail et de la
nécessité de veiller au bien-être des salariés.
Pour la CFTC, un accord, même descriptif, était nécessaire
pour clarifier les règles existantes, jusque-là "illisibles"
pour les salariés et les entreprises.
La CFDT se félicite que l'accord détaille la marche à
suivre, notamment, en cas de circonstance exceptionnelle, comme
lors d'une pandémie.
"On n’est pas allé chercher le Graal. L’accord n'est ni
normatif, ni prescriptif, on le savait précédemment. Mais on
revient de loin", a dit Catherine Pinchaut de la CFDT, évoquant
la difficile mise en place du dialogue sur ce sujet avec les
fédérations patronales.
La ministre du Travail Elisabeth Borne s'est elle aussi
félicitée de l'accord. "Il y avait des attentes fortes du côté
des salariés. Nous avions besoin d’un cadre pour permettre aux
entreprises de déployer le télétravail de manière équilibrée.
C’est chose faite", a-t-elle dit par communiqué.
(Caroline Pailliez, édité par Jean-Philippe Lefief)