Le mois de mars (Cac Small +0.8%, MSCI Europe Microcaps -1,9%) semble déjà lointain après la forte volatilité de ces derniers jours. Même les microcaps les plus domestiques fluctuent au gré des déclarations de Donald Trump. Les petites capitalisations ont tout de même amorti le choc, les secteurs de l’immobilier, de la construction et des services aux collectivités faisant figure de refuge, s’il en ait. Plus fondamentalement, ABC Arbitrage (initiée par Gay Lussac) et Bourse Direct profitent directement de la remontée de la volatilité et des poussées transactionnelles, ce dernier ayant même constaté des phénomènes rappelant la pandémie : hausse des volumes et demande d’ouvertures de comptes.
Pour finir, cette folle semaine aura tout de même permis à l’indice CAC Small (54% de valeurs en hausse vs 18% pour le CAC 40) de sur-performer de 4.4 points (Exail Technologies +14% a contribué à hauteur de 0.6 point).
Evolution, dividendes inclus, des indices d’actions françaises par taille de capitalisation depuis le 1er janvier 2025
Alors que la quasi-totalité des sociétés ont publié leurs résultats annuels, IdMidcaps observe « sur les 235 sociétés sur lesquels nous réalisons des prévisions, le CA a progressé d’un peu moins de +3%, tout comme l’EBE, et le ROC de +2%. Des hausses certes inférieures à nos attentes d’il y a un an (+4% pour le CA et +9% pour le ROC notamment), mais proches de nos estimations de décembre dernier. Pour 2025, avant l’annonce choc sur les taxes douanières, nos prévisions étaient du même acabit que celles d’il y a un an pour 2024, soit +3,6% pour le CA et +8% pour le ROC. »
Quoiqu’encore trop élevées, les estimations de bénéfices 2025 des petites valeurs françaises permettront une nouvelle progression des capitaux propres cumulés, sachant que sur la base des capitaux propres à fin 2024, leurs capitalisations boursières décotent par rapport aux valeurs comptables des entreprises (=actif net). Du jamais vu depuis la fin 2008 d’après ce graphique d’IdMidcaps où le ratio prix/actif net ressort légèrement supérieur à 1 …sur la base des fonds propres à fin 2023 !
Terminons par ce graphique qui montre la quasi-stagnation des petites et moyennes capitalisations sur 7 ans alors que les grandes valeurs françaises, au plus haut, progressent de quelques 60% (dividendes inclus).
Evolution, dividendes inclus, des indices d’actions françaises par taille de capitalisation sur 7 ans
Les remarques générales
(Source : Quantalys, rapport mensuel des sociétés de gestion)
De façon générale, nous remarquons que :
- Les fonds de la sélection affichaient une performance 2025 très satisfaisante de +5% en moyenne fin mars (stable sur un mois). A noter la performance (et la volatilité) du fonds Tailor Actions Entrepreneurs C, en hausse de plus de 20% le 26 mars avant de tomber à +2.3% YTD le 7 avril. A noter la collecte de ce petit fonds très investi dans les valeurs de la défense : son encours (12M€) a doublé.
- Parmi les dossiers très détenus ou récemment achetés par notre sélection de fonds, on recense notamment GTT, Wavestone, Infotel, Aubay, Neurones, Robertet, Trigano, Guillin, Reway, Technip Energies, Tecnicas Reunidas, Precia, Maire Tecnimont, SAF-Holland, Clinica Baviera, Theon International, Vusion Group, Stef et TUI.
Les derniers arbitrages des pros
- Indépendance Europe Small « a initié de nouveaux investissements dans les entreprises Elis en France et Implenia en Suisse. Le fonds s'est renforcé principalement dans les entreprises Webuild et Buzzi en Italie, Acerinox et CAF en Espagne, Viel & Cie en France. A l'inverse, le fonds a soldé ses investissements dans Sopra Steria, Scor, Mersen et Mondadori. Il s'est également allégé dans la société Elecnor désormais mieux valorisée ». Du côté du grand frère Indépendance France Mid & Small on mise également sur les infrastructures/construction/ingénierie ainsi que l’armement mais « Rheinmetall et Dassault Aviation qui ont fortement contribué la surperformance du fonds depuis le 1er janvier ont été allégées pour des raisons de valorisation. Une OPA a été annoncée sur Grupo Catalana Occidente. Le fonds s'est renforcé en Elis, GL Events et Sword qui sont mal valorisées. ». Ce fonds France est également fortement investi, une fois n’est pas coutume, sur les valeurs financières (15.2%, premier secteur via Viel, Scor, Coface notamment).
- Gay-Lussac Microcaps a réinitié une ligne en Infotel « dont la publication nous a agréablement surpris. Le groupe a publié une marge opérationnelle supérieure à nos attentes au S2, portée par une réduction des coûts de structure, une bonne gestion de la balance d’inflation, ainsi que des contributions positives d’Orlando et de royalties IBM. Avec près d’un tiers de sa capitalisation en trésorerie nette, le groupe poursuit par ailleurs son rachat d’actions. Nous avons également rebâti une ligne ABC Arbitrage, qui bénéficie du regain de volatilité des marchés depuis l’élection de Donald Trump. Nos autres achats ont essentiellement porté sur des lignes déjà présentes dans le portefeuille. Du côté des ventes, nous avons essentiellement pris quelques profits après de bonnes publications afin de respecter notre gestion en budget de risque. Ce fut notamment le cas de Bassac, qui a réalisé un très bon second semestre et confirme son profil « best-in-class » dans le secteur. Ce fut également le cas de FOPE, dont le titre a très bien performé sur le mois avant même sa publication. Le groupe poursuit son expansion à l’international et se structure davantage. Les perspectives sont bien orientées pour 2025 et le modèle toujours générateur de cash. Nous avons enfin allégé notre ligne Roche Bobois par prudence sur l’environnement macroéconomique, aux États-Unis en particulier.
- Gay-Lussac Microcaps Europe « a été légèrement acheteurs sur le mois, exclusivement sur des lignes existantes, en renforcement à la suite des publications. À titre d’exemple, nous avons continué de construire notre ligne en Cerillion après une rencontre avec le management lors d’une conférence en Angleterre. Le management se montre toujours aussi prudent tout en soulignant sa volonté de monter en puissance sur la taille des opérations ce qui devrait avoir un effet relutif sur les marges. En parallèle, les achats de titres opportunistes devraient continuer en l’absence d’opération M&A et donc soutenir le cours sur ces niveaux. Nous nous sommes également renforcés sur Reway en amont de la publication. Le groupe termine l’année sur les chapeaux de roues en dépassant les attentes sur de nombreux points tandis que les investissements supplémentaires de l’ANAS et la RFI sur les routes et le rail pour plus de 40Mds € devraient soutenir le carnet de commandes pour plusieurs années encore. Enfin, KSB a également été relevé en pondération, nous jugeons que la valorisation est suffisamment attractive en relatif de transactions effectuées sur ce segment pour accentuer notre position. Les résultats ont été en ligne avec les attentes et l’amélioration du résultat net sera visible sur 2025 ne serait-ce qu’avec l’optimisation de la structure de coûts opérationnels à venir cette année ».
- HMG Découvertes a connu un mois de mars difficile (-3.2%) malgré deux annonces de dividendes exceptionnels de la part de High Co et Esso qui « ne font surtout que rappeler au marché la très raisonnable valorisation de ces deux groupes ». Guerbet, Trigano, Assystem ont en revanche perdu plus de 20% sur des perspectives 2025 décevantes. Ces lignes ont été complétées, de même que Aubay, Aramis, Samse, SFPI, NRJ et M6. Piscines Desjoyaux et Figeac ont été initiées. « Des profits partiels ont notamment été pris sur les lignes Rubis (stockage et distribution d’énergie) et Esso. Nous avons profité de l’envol du cours de l’équipementier aéronautique Latécoère pour solder notre ligne, néanmoins en perte compte tenu de la chute de son cours depuis sa recapitalisation. De même la position Bénéteau a été cédée à la suite du revirement soudain de perspectives d’activité de son équipe de direction, lors de sa publication annuelle de résultats. »
NB : les fonds ont été sélectionnés selon leur performance sur longue période (nous avons retenu une durée de 5 ans, durée généralement retenue pour l’investissement dans les fonds actions), leur volatilité et leur forte pondération en petites valeurs françaises (minimum 20% du fonds).