J'ai écrit lundi que vous aviez peu de raison de croire mes élucubrations si je pronostiquais que les marchés allaient rebondir de 10% cette semaine. Finalement, j'aurais peut-être dû présenter la chose sous un jour plus avantageux, ce qui m'aurait fait passer pour une sorte de gourou ou du moins pour un type relativement compétent dans les arts divinatoires. Ne vous moquez pas : par chez nous du côté d'Annecy, on vient de fort loin pour mes prophéties tirées des entrailles du reblochon.

Hier, les indices boursiers ont enregistré une séance faste et assez largement répartie au niveau sectoriel. C'est d'ailleurs ce qui distingue ce rebond des soubresauts récents : ce n'est pas l'Energie contre la Technologie ou les valeurs Cycliques contre les Défensives, c'est une hausse assez généralisée. Le Nasdaq, le S&P 500 ou le DAX ont repris plus de 3%. Pour le CAC40, riche en valeurs de la consommation discrétionnaire, c'était même 4,2%. L'indice parisien a repris 6,4% en trois séances et repassé le cap symbolique des 6000 points.

Comme je l'expliquais hier (j'ai l'air bien inspiré cette semaine, je devrais peut-être en profiter pour jouer au tiercé et demander une augmentation), les planètes boursières se sont à nouveau alignées, comme cela se produit parfois sans qu'on sache bien pourquoi. Les piliers de la hausse sont une phase de profonde déprime préexistante (i.e. les marchés avaient lourdement rechuté), un début de trimestre, une espèce de bruit de fond laissant penser que la Fed allait assouplir sa position. Et pour couronner le tout, un indice confirmatoire inattendu allant dans le sens de la théorie de l'assouplissement : la banque centrale australienne qui relève ses taux moins vite que prévu. D'où un puissant courant acheteur, qui ressemble à l'effet qui se produit quand on relâche un élastique en tension.

Sans jouer les rabat-joie de service, mais un peu quand même, il faut un peu se méfier de ces envolées décérébrées. Il n'y a pas eu de signal macroéconomique fort pour cimenter le grand retournement qu'attendent tous les investisseurs en actions. Et s'il est indéniable que les perspectives de hausses de taux ont été revues en baisse par le marché (le rendement de la dette américaine à 10 ans a baissé à 3,63%, alors qu'il flirtait avec 4% il y a quelques jours), la dialectique est encore fragile. Mais elle pourrait s'étoffer cette semaine après deux indicateurs à surveiller de près : l'indice ISM de services américains de septembre qui sera publié cet après-midi et les chiffres de l'emploi US d'août, dévoilés vendredi. Si les données montrent qu'un ralentissement économique suffisamment marqué est à l'œuvre, le narratif sur l'assouplissement putatif de la position de la Fed va prendre du poids et permettra d'alimenter le redressement des actions (sur la base du principe "mauvaise nouvelle pour l'économie réelle / bonne nouvelle pour la finance" dont je parlais ici même hier). D'ailleurs, je ne sais plus quelle grande banque américaine soulignait la semaine dernière que les signaux d'affaiblissement du marché de l'emploi, parce qu'ils démontreraient que la banque centrale américaine parvient à réduire la surchauffe économique et donc à agir sur l'inflation, constitueraient un signal d'achat pour les valeurs cycliques. Je pose ça là au cas où, on n'est jamais à l'abri d'une bonne surprise.

L'actualité est dominée ce matin par Elon Musk. Quand il ne lance pas des robots et qu'il ne donne pas son avis sur la façon dont il faut découper l'Ukraine, le génial et horripilant patron de Tesla rachète des trucs. En l'occurrence Twitter. Après des mois de drama, il va finalement casser sa tirelire pour s'offrir le réseau social dans les conditions initialement annoncées en avril, soit une facture de l'ordre de 44 milliards de dollars. Apparemment, Musk a bien senti que le procès lancé contre Twitter sur des questions de fiabilité du nombre d'utilisateurs réels avait peu de chances de tourner en sa faveur. Il y a probablement d'autres raisons à cela. Justement, l'Intelligencer développe ce matin une savoureuse théorie selon laquelle le déballage d'échanges privés entre riches patrons de la Silicon Valley, rendu possible dans le cadre du procès, commençait à gêner pas mal de proches de Musk. Il faut dire que de grands noms n'apparaissaient pas tellement à leur avantage, entre servilité envers l'homme le plus riche du monde, vacuité des discussions et sentiment un peu généralisé qu'il manipule jusqu'à des personnages réputés forts en caractère. Le lien vers l'article est tout en bas, dans la rubrique lectures. Twitter gagnait 22% hors séance cette nuit, signe que cette fois, le marché pense que Musk, tout fantasque qu'il est, n'aura pas d'autre choix que d'aller jusqu'au bout.

Dans le reste de l'actualité des sociétés, la France va officiellement mettre fin à l'agonie boursière d'Electricité de France , qui dure depuis une quinzaine d'années, en proposant de racheter les actions qu'elle ne détient pas, 16% du capital, à 12 EUR pièce. L'offre est censée être lancée le mois prochain, mais elle va probablement passer par la case tribunaux, dans la mesure où les actionnaires minoritaires ont du mal à avaler la pilule par rapport à la valorisation atteinte par la société avant la crise financière.

Les indices d'Asie Pacifique évoluent en hausse modérée. Sauf en Chine continentale, où la bourse est fermée toute la semaine pour la fête nationale, et à Hong Kong, où le Hang Seng, qui n'avait pas coté hier pour cause de jour férié et qui s'envole de 5% grâce à ses valeurs technologiques. Chez les indicateurs avancés occidentaux, c'est un peu moins la fiesta que la veille : il faut bien digérer les gains. Les places européennes sont attendues en baisse à l'ouverture. Le CAC40 perdait 0,7% pour un retour sur les 6000 points.

Les temps forts économiques du jour

S&P publiera tout au long de la journée les secondes lecture des indices PMI de septembre des principales économies (zone euro à 10h00 et USA à 15h45). Outre-Atlantique, il y aura aussi le rapport ADP sur l'emploi en septembre (14h15) et l'ISM des services (16h00). Tout l'agenda macro ici. Ce matin, la banque centrale australienne a relevé ses taux d'un quart de point à 2,60%, alors que le marché prévoyait 50 points de base.

L'euro est remonté à 0,9961 USD. L'once d'or se négocie 1719 USD. Le pétrole se reprend aussi, avec un Brent de Mer du Nord à 91,46 USD le baril et un brut léger américain WTI à 86,20 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans se détend à 3,63%. Le bitcoin évolue autour de 20 200 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • ASM International : Goldman Sachs reprend le suivi à l'achat en visant 365 EUR.
  • Carl Zeiss Meditec : Berenberg passe de conserver à acheter en visant 135 EUR.
  • Crédit Suisse : HSBC réduit son objectif de cours de 6,20 à 4,90 CHF.
  • Dechra Pharma : Berenberg démarre le suivi à conserver en visant 2850 GBp.
  • EQT : Jefferies passe de conserver à acheter en visant 275 SEK.
  • GB Group : Jefferies reprend le suivi à conserver en visant 500 GBp.
  • HBM Healthcare : Kepler Cheuvreux reste à l'achat avec un objectif réduit de 415 à 325 CHF.
  • Huhtamaki : Berenberg reprend le suivi à l'achat en visant 40 EUR.
  • Inficon : UBS reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 1220 à 1100 CHF.
  • Kering : AlphaValue passe d'acheter à accumuler en visant 597 EUR.
  • Neoen : Oddo BHF passe de neutre à surperformance.
  • Novartis : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 107 à 106 CHF.
  • Orkla : Barclays démarre le suivi à souspondérer en visant 70 NOK.
  • Rieter : UBS reste neutre avec un objectif de cours réduit de 124 à 88 CHF.
  • Roche : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 444 à 446,50 CHF.
  • Sanofi : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 130 à 128 EUR.
  • SII : Stifel démarre le suivi à l'achat en visant 60 EUR.
  • Siltronic : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 115 à 90 EUR.
  • Skistar : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 145 à 135 SEK.
  • TFF Group : Berenberg passe de conserver à acheter en visant 43 EUR.
  • SSP Group : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 350 à 325 GBp.
  • Zur Rose : Deutsche Bank reste à conserver avec un objectif réduit de 76 à 47 CHF.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Engie finalise la cession d'Equans à Bouygues pour 6,1 Mds€.
  • La Commission européenne approuve le versement d'une aide à STMicroelectronics par l'Italie.
  • La France donne le coup d'envoi du processus de nationalisation totale d'Electricité de France avec une offre publique d'achat en novembre, au prix de 12 EUR l'action.
  • Gaztransport & Technigaz obtient une commande de Hyundai Heavy Industries pour la conception des cuves de sept nouveaux méthaniers.
  • Valneva lève 102,9 M€ via une augmentation de capital.
  • JCDecaux prend la forme de Société Européenne (SE).
  • Casino a racheté 28,7 M€ d'obligations 2024 pour les annuler.
  • Sidetrade poursuit son expansion en Amérique du Nord et s'installe au Canada.
  • Mersen inaugure sa nouvelle usine coréenne.
  • Abionyx recrute le dernier patient dans l'étude clinique de phase IIa avec CER-001 dans la septicémie.
  • Enogia remporte l'appel à projets SMAC-FC dédié au développement de compresseurs hydrogène.
  • Le président de Mauna Kea devient aussi directeur général.
  • Europlasma met fin à son contrat de financement obligataire dilutif.
  • Alan Allman réalise une augmentation de capital par placement privé, avec dilution de 0,4%.
  • UV Germi choisi par EPUR (Veolia) pour équiper ses nouvelles unités dédiées à la réutilisation des eaux usées.
  • BOA Concept rachète RobOptic.
  • Vergnet réduit son nominal en attendant un regroupement d'actions.
  • Osmozis, Audacia, Bilendi, Electricité et Eaux de Madagascar ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Probablement pour éviter une défaite au tribunal, Elon Musk annonce qu'il va mener à bien son acquisition à 44 Mds$ de Twitter.
  • Philip Morris s'apprêterait à recevoir le feu vert de l'UE pour l'acquisition de Swedish Match pour 16 Mds$.
  • Volkswagen demande à ses marques de "s'entraîner" à une entrée en Bourse.
  • Tesco prévoit un bénéfice annuel inférieur à ses prévisions.
  • Blackstone serait en négociation pour racheter les actifs électriques d'Emerson.
  • Apple remplace sept fournisseurs chinois par six nouvelles entreprises.
  • Nestlé boucle la vente de Mousline au français FnB.
  • Sixt va déployer des voitures BYD dans le cadre d'un nouveau partenariat à long terme.
  • Holcim finalise une acquisition en Pologne.
  • Hasbro lance un programme pour augmenter ses bénéfices et prévoit une baisse de 15% de son chiffre d'affaires au troisième trimestre.
  • Exxon annonce de solides bénéfices au 3e trimestre grâce à la tarification du gaz naturel.
  • Rockwell Automation annonce son intention d'acquérir CUBIC.
  • Ackermans va racheter 70 M€ d'actions.
  • Burkhalter rachète une entreprise d'électrotechnique à Berne.
  • Principales publications du jour : Costco, Tesco, Grenke… Tout l'agenda ici.

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