PARIS (Reuters) - Wall Street est attendue en nette baisse et les Bourses européennes reculent à mi-séance lundi tandis que le pétrole chute et que le dollar profite de son statut de valeur refuge, la deuxième vague de la pandémie et ses effets sur l'économie, illustrés entre autres par la chute du cours de SAP après l'abandon de ses prévisions, alimentant une nouvelle fois l'aversion au risque.

Les contrats à terme sur les principaux indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en repli d'environ 0,9%.

À Paris, le CAC 40 perd 1,02% à 4.859,41 points vers 12h05 GMT. A Londres, le FTSE 100 cède 0,27% et à Francfort, le Dax abandonne 2,64% après avoir touché un plus bas de trois mois en tout début de séance.

L'indice EuroStoxx 50 est en baisse de 2,03%, le FTSEurofirst 300 de 0,86% et le Stoxx 600 de 1,03%.

Les chiffres de la pandémie sont au premier plan des préoccupations des investisseurs: les Etats-Unis ont enregistré un nombre record de nouveaux cas de contamination ces deux derniers jours et la France a franchi le cap des 50.000 nouveaux cas en 24 heures; dans de nombreux pays, les hospitalisations en réanimation continuent d'augmenter rapidement, et les débats se recentrent sur la nécessité d'un "reconfinement" généralisé.

L'enjeu pour les entreprises est de nouveau mis en avant par la baisse plus marquée qu'attendu de l'indice Ifo du climat des affaires en Allemagne, revenu à 92,7 contre 93,2 en septembre, ce qui confirme les indications données vendredi par les indices PMI "flash".

"Le secteur des services souffre particulièrement mais nous jugeons assez préoccupant que même si les activités les plus exposées, comme l'hôtellerie, ralentissent davantage que les autres, il y a de plus en plus de signes montrant que tous les secteurs sont touchés", commente Gilles Moëc, chef économiste d'Axa Investment Managers, dans une note.

Aux Etats-Unis, au-delà de l'incertitude politique à huit jours maintenant des élections, le suspense reste entier sur des mesures de relance.

Parmi les rares bonnes nouvelles du moment figurent les déclarations globalement encourageantes des derniers jours sur les discussions entre Londres et Bruxelles concernant l'après-Brexit, la perspective d'une prolongation des pourparlers en novembre suggérant qu'un compromis reste à portée de main.

La semaine qui débute sera l'une des plus chargées du trimestre en publications de résultats, auxquelles s'ajouteront les réunions de politique monétaire de la Banque du Canada, de la Banque du Japon et de la Banque centrale européenne (BCE) ainsi les premières estimations du PIB de juillet-septembre aux Etats-Unis et en Allemagne.

VALEURS EN EUROPE

La plupart des grands secteurs de la cote européenne évoluent nettement dans le rouge, les seules exceptions étant pour les compartiments défensifs des télécommunications (+0,03%) et de la santé (-0,09%).

A l'opposé, l'indice Stoxx des hautes technologies recule de 5,93%, emporté par SAP, qui chute de 19,46% et s'achemine vers l'une de ses pires séances boursières depuis 1996 après avoir renoncé à ses objectifs à moyen terme en raison de l'impact de la crise du coronavirus sur les investissements des entreprises.

A Paris, parmi les reculs les plus marquées du CAC 40, Cap Gemini perd 4,25% et Atos 1,81%.

A la hausse, PSA gagne 3,58% après les informations de Reuters selon lesquelles la Commission européenne s'apprête à donner son feu vert au projet de fusion avec Fiat-Chrysler Automobiles (+2,94%). AstraZeneca prend 0,98%, profitant de l'annonce de résultats encourageants en terme de réponse immunitaire du candidat vaccin développé par le groupe avec l'université d'Oxford.

TAUX

Le regain d'aversion au risque favorise la baisse des rendements d'Etat américains: celui des bons du Trésor à dix ans recule de plus de deux points de base à 0,8161%.

Son équivalent allemand a en revanche effacé ses pertes du début du séance pour revenir pratiquement au niveau de vendredi, à -0,566%.

Les rendements italiens se distinguent après la décision de S&P Global de relever de "négative" à "stable" la perspective de sa note souveraine BBB: le dix ans chute de plus de cinq points à 0,71%.

CHANGES

Le dollar profite du regain de prudence des cambistes face à l'évolution de la pandémie en Europe et aux incertitudes persistantes sur la relance américaine: l'indice qui permet de suivre ses fluctuations face à un panier de devises de référence progresse de 0,23%, faisant retomber l'euro autour de 1,1820 dollar.

La livre sterling, elle, gagne du terrain face au dollar comme à l'euro avec les espoirs placés dans la reprise des discussions sur l'après-Brexit.

PÉTROLE

Les cours du pétrole reculent face à la montée des chiffres de la pandémie et aux craintes d'un durcissement supplémentaire des mesures de restriction de la circulation dans plusieurs pays, qui pèserait forcément sur la demande.

Le Brent abandonne 2,23% à 40,84 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 2,36% à 38,91 dollars.

Le WTI a déjà perdu 2,5% la semaine dernière et le Brent 2,7%.

(édité par Patrick Vignal)

par Marc Angrand