Les uns après les autres, les membres de la banque centrale américaine se sont montrés plus pessimistes ces derniers jours sur les perspectives économiques, en avertissant que l'amélioration récente des indicateurs, notamment sur l'emploi, pourrait ne pas durer.

"La pandémie reste le principal moteur de l'évolution de l'économie. Un épais brouillard d'incertitude nous entoure encore, et les risques de baisse prédominent", a déclaré mardi Lael Brainard, l'un des gouverneurs de la Fed, dans un discours prononcé lors d'un événement organisé par la National Association for Business Economics.

Elle a appelé la Fed à fournir un soutien monétaire durable par le biais d'un pilotage des anticipations ("forward guidance") et d'achats massifs d'actifs et a indiqué qu'un soutien budgétaire supplémentaire serait "vital" pour la vigueur de la reprise.

De son côté, le président de la Fed de Richmond, Thomas Barkin, a averti que le chômage aux États-Unis pourrait augmenter à nouveau alors que les entreprises s'adaptent à une période de récession probablement plus longue que prévu.

"Un ensemble d'entreprises, grandes et petites, se rendent compte que ce n'est pas un problème de deux mois et remanient leurs activités", ce qui pourrait mettre en péril le rebond constaté ces deux derniers mois sur le front de l'emploi, a-t-il dit dans une allocution diffusée sur le web au Charlotte Rotary Club.

Par ailleurs, les petites entreprises bénéficiaires du programme Payckeck Protection, visant à distribuer des prêts aux sociétés touchées par le coronavirus, ont conservé leurs employés pour respecter les conditions de remise de prêt. Le programme arrivant à échéance, elles peuvent désormais envisager des licenciements.

Les responsables de la Fed ont d'abord espéré que l'épidémie de coronavirus serait rapidement maîtrisé aux États-Unis pour permettre à l'économie de rebondir. Ils ont admis que les prévisions de croissance économique faites lors de la dernière réunion de politique monétaire de la banque centrale en juin ne tenaient pas compte, dans une large mesure, de la possibilité d'une deuxième vague épidémique.

Une stratégie de santé plus "granulaire", incluant l'utilisation omniprésente de masques, est nécessaire pour éviter une éventuelle dépression économique, a déclaré mardi le président de la Réserve fédérale de Saint-Louis, James Bullard.

Selon son hypothèse de base, l'économie américaine devrait continuer de croître au cours du second semestre de l'année. Mais "le risque de baisse est néanmoins important, et une meilleure exécution d'une politique granulaire, basée sur le risque, sera essentielle pour maintenir l'économie hors de la dépression", a-t-il dit.

(Lindsay Dunsmuir, Blandine Hénault pour la version française)