HONG KONG, 30 novembre (Reuters) - Des retraités hongkongais ont joint leurs forces à celles des manifestants samedi pour dénoncer la violence policière et les arrestations illégales effectuées, selon eux, en marge du mouvement pro-démocratie qui secoue le territoire depuis cinq mois.

La ville se préparait à un nouveau week-end de manifestations après une semaine relativement calme liée à la victoire historique des candidats pro-démocratie aux élections locales de dimanche.

"J'avais déjà participé à un rassemblement pacifique en juin quand il y avait plus d'un million de personnes dans les rues, mais le gouvernement n'a pas écouté nos demandes", a dit à Reuters, une femme de 71 ans qui s'est présentée sous le nom de Ponn, dans le quartier d'affaires de Hong Kong.

Elle avait apporté son tabouret en plastique pour rejoindre la manifestation intergénérationnelle de quelque centaines de personnes dans le Charter Garden. Des retraités, certains avec des cannes, se tenaient à proximité des manifestants, plus jeunes, revêtus de noir. Tous écoutaient les discours pro-démocratie dans une ambiance festive.

"J'ai vu beaucoup de violence policière et d'arrestations illégales. Ce n'est pas le Hong Kong que je connais. Je suis venue aujourd'hui parce que je veux que le gouvernement sache que nous ne sommes pas contents avec ce qu'ils ont fait à notre génération", a ajouté Ponn, qui participait à la manifestation avec sa fille et son beau-fils.

Hong Kong est secouée depuis plus de cinq mois par un mouvement de contestation dénonçant l'influence exercée par la Chine sur les affaires du territoire et réclamant le respect de principes démocratiques.

Les manifestants dénoncent par ailleurs la répression policière et réclament une enquête indépendante sur le sujet. Environ 1.100 personnes ont été arrêtées la semaine dernière à l'Université Polytechnique, située sur la péninsule de Kowloon, qui était devenue le théâtre d'affrontements violents à la mi-novembre.

UN COMITÉ INDÉPENDANT

S'exprimant dans le journal Hongkongais South China Morning Post, samedi, l'ancienne présidente chilienne et Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, a jugé nécessaire de mener une telle enquête.

"J'appelle le gouvernement à prendre d'importantes mesures pour restaurer la confiance, notamment une enquête indépendante menée par un juge sur les allégations d'usage excessif de la force par la police", a-t-elle dit.

L'exécutif local a déclaré chercher à mettre en place un comité indépendant pour enquêter sur la gestion de la crise, a fait savoir le Premier secrétaire de l'Administration, Matthew Cheung.

"On recherche les candidats adéquats et nous avons déjà commencé le travail préparatoire. On espère donc avancer vite", a-t-il dit à la presse.

Selon le journal officiel du Parti communiste de Guangdond, la Chine a fait arrêter un ressortissant du Bélize qui aurait supposément comploté avec des personnes aux Etats-Unis dans le but d'interférer dans les affaires de Hong Kong.

Le quotidien a par ailleurs confirmé samedi l'arrestation le 31 octobre du ressortissant taïwanais Lee Meng-Chu près de la ville de Shenzhen pour vol supposé et divulgation de secrets d'Etat à des forces étrangères. (Kate O'Donnell-Lamb et Felix Tam, version française Caroline Pailliez)