2022, 2023, 2024 : des années décevantes pour les petites capitalisation

Même si, dans l’absolu, les performances sont proches de l’équilibre, 2024 restera comme l’année où il valait mieux éviter les petites capitalisations, surtout les plus petites d’entre elles et les françaises. Il y avait bien mieux à faire ailleurs, comme acheter les 10 premières valeurs du S&P 500 qui pèsent 37% de l’indice iconique... Mais pour les fonds spécialisés sur la catégorie, il fallait bien se prêter à l’exercice difficile de dégager de l’alpha (les rares ETF de la catégorie ont surperformé cette année) et, encore plus difficile, dégager une performance positive quand on gère un fonds tricolore.

Concrètement, les fonds de la catégorie France petites et moyennes capitalisations (source Quantalys) ont reculé de 7.1% en moyenne en 2024, contre +0.7% pour les fonds Europe petites et moyennes capitalisations. Les fonds de notre sélection, sélectionnés sur la base de leur performance sur 5 ans, quoique très investis en France, ont surperformé (+2.4% en moyenne en 2024).

Ceux qui ont tiré leur épingle du jeu étaient généralement concentrés (les deux fonds en tête ont une trentaine de valeurs en portefeuille) et le stock-picking à l’intérieur de chaque pays et secteur fut roi. Certes, il fallait plutôt être exposé à l’Italie qu’à la France et aux services financiers qu’à la technologie, mais les contre-exemples sont pléthoriques tellement l’univers des petites capitalisations est vaste. En fait, le principal facteur discriminant était la taille des capitalisations en portefeuille et les baisses à deux chiffres des indices microcap’ France en sont l’illustration.

Si l’on prend un peu de recul, sur les trois dernières années, le bilan est encore plus douloureux à -7.4%/an pour les fonds France et -6.4% pour les fonds Europe (>90% sont dans le rouge sur 3 ans). « La désertion des flux depuis désormais près de trois ans a été accentuée par l’instabilité politique entamée fin juin dans l’Hexagone. Les petites capitalisations françaises affichent régulièrement des plus bas de valorisation. Les ratios de cours sur actif net sont similaires à ceux de mars 2020, une situation qui ne peut être comparée à celle du monde actuel. (…) Sur le segment des petites capitalisations, l’initiative d’un fonds de fonds de 500 M€ par la Caisse Des Dépôts pourrait être un catalyseur judicieux pour le retour des flux. Si cette dynamique favorable venait en effet à se pérenniser, elle profiterait considérablement à la classe d’actifs, en permettant de rompre le cercle vicieux des flux vendeurs sur des titres déjà fortement sous-évalués. » observent les gérants de Gay-Lussac Gestion.

Il faut remonter à 5 ans pour obtenir des performances positives : +1.3%/an pour les fonds « France », +2.7%/an pour les fonds « Europe », et +7.2%/an pour les fonds de notre sélection.

Evolution, dividendes inclus, des indices d’actions françaises par taille de capitalisation depuis le 1er janvier 2020

Les remarques générales

Evolution, dividendes inclus, des indices d’actions françaises par taille de capitalisation depuis le 1er janvier 2020

De façon générale, nous remarquons que :

Indépendance Europe Small A a réalisé de nouveaux plus hauts en 2024 et les fonds gérés activement sous performent l’indice

 

Les derniers arbitrages des pros

  • Indépendance Europe Small (+4,4% en 2024 vs indice à +2,1% soit une 4ème année consécutive de surperformance) a connu une année 2024 «  marquée par une forte instabilité des marchés boursiers en Europe. Après une période de hausse jusqu’en mai 2024, l’instabilité politique en France et des baisses de taux moins rapides qu’anticipé ont provoqué une baisse importante des petites et moyennes valeurs suivie d’un rebond en fin d’année. Les ratios de valorisation du portefeuille restent bas. A fin décembre le PER 2024e est de 10,2x contre 15,1x pour le marché (Stoxx Europe Small ex UK). Le portefeuille a été ‘nettoyé’ en décembre puisque le fonds affiche 58 valeurs fin décembre, vs 62 fin novembre (parmi les françaises, sortie de Delfingen et entrée de Derichebourg). Indépendance France Small & Mid a lui concédé 1.2% et surperforme son indice de référence pour la 5ème année consécutive. « Les ratios de valorisation du portefeuille restent bas. A fin décembre le PER 2024e est de 9,9x contre 13,7x pour le CAC Mid & Small, à des niveaux proches des plus bas des 15 dernières années. » Le fonds a entré Quadient (malgré un ROE et une croissance faible), une valeur qui revient souvent actuellement dans les idées favorites des meilleurs gérants small de la place. Les deux fonds de cette maison indépendance tenante de l’investissement « Quality Value » ont fortement collecté en 2024. 

 

 

  • Gay-Lussac Microcaps a perdu 3.7% en 2024. En décembre, les gérants ont « ré-initié une ligne en Bénéteau. Malgré des performances opérationnelles décevantes, la confirmation de la cession de son activité Habitat à Trigano pourrait donner lieu à un retour à l’actionnaire. Si le prix précis n’est pas encore connu, la vente permettrait en effet au groupe d’afficher une position de trésorerie nette significative au regard de sa capitalisation. Nous avons également renforcé notre position en Voyageurs du Monde. Après une OPRA à 150€ par action, le titre avait nettement corrigé face à un contexte de consommation encore morose. En revanche, le PDG Jean-François Rial a récemment livré un message optimiste concernant les réservations. Cette tendance, si elle venait à se maintenir, devrait selon nous rassurer les investisseurs concernant les perspectives de croissance du groupe, en particulier pour 2025. Nous avons donc profité de ce trou d’air boursier pour renforcer notre ligne, à un prix inférieur à celui de l’OPRA de cet été. Du côté des ventes, nous avons réalisé deux importantes prises de profits en Aramis et sur TXT e-Solutions. Pour Aramis, en octobre, nous estimions que le point d’inflexion était à venir, avec un potentiel d’amélioration significatif de la rentabilité encore trop sous-estimé par le marché. Fin novembre, le groupe a publié d’excellents résultats annuels et a divulgué ses objectifs 2027, tous deux dépassant les attentes du marché. Après une forte progression depuis notre initiation, nous estimons que le potentiel haussier est désormais limité et préférons céder notre ligne dans un contexte économique perturbé. (…) Nous avons également allégé nos lignes en Infotel et en IT Link, estimant que les mauvaises nouvelles, en particulier sur le secteur automobile, ne sont pas toutes dans le rétroviseur ».

 

  • HMG Découvertes « termine l’année 2024 avec une performance mensuelle de +4,1% (part C), qui porte sa performance annuelle à +7,2%. Pour la troisième année consécutive, ce parcours s’établit en très nette surperformance du marché des petites et moyennes valeurs (-6,7% en 2024) grâce à une grande exigence dans la sélection de valeurs du portefeuille et à la contribution, cette année encore, de nombreuses OPA ayant visé certaines lignes du portefeuille de HMG Découvertes » (…) « En ce qui concerne les mouvements opérés sur le portefeuille sur le mois, on peut notamment relever des renforcements de positions sur trois valeurs de consommation discrétionnaire, Fnac-Darty, SMCP et Maisons du Monde. Notons par ailleurs des compléments de lignes en Aubay (leader du conseil informatique, notamment bancaire), Assystem (ingénierie pour le nucléaire) ou en ID Logistics (logistique contractuelle). Deux nouvelles lignes ont ce mois-ci rejoint le portefeuille : une première position dans le spécialiste des lasers industriels Lumibird alors que ce groupe vient de reconnaître avoir mis en vente sa division de lasers médicaux ; et une seconde ligne lors d’une des rares introductions en bourse de l’année, dans la société Odyssée Technologies, petit spécialiste de mécanique de précision pour le secteur aéronautique. Des allègements ont été menés en Bolloré et plus marginalement en Electricité de Strasbourg, tandis que les lignes en Clasquin (logistique) et MRM (foncière de commerces) étaient soldées lors de la conclusion des offres publiques d’achat les ayant visées.

 

  • Sextant PEA PME recule de 4.4% en 2024, pénalisé par Fasadgruppen (rénovation de façades dans les pays nordiques -1.15 point de performance) et Akwel (-0.9pt). Nordconsult (cabinet norvégien d’architectes) est la meilleure contribution (+1.65 point) sur l’année et au T4. Les valeurs espagnoles, italiennes et néerlandaises ont tiré le fonds vers le haut alors que les composantes Françaises (-9%) et l’Allemandes (-13%) ont pesé. Concernant les valeurs françaises qui ont le plus pesé, les gérants estiment que Akwel « subit les difficultés du secteur des équipementiers automobiles et une rentabilité toujours nettement en deçà des standards historiques. La société se porte néanmoins beaucoup mieux que nombre de concurrents mais le secteur n’attire pas en Bourse » et que Mersen « a subi le ralentissement des principaux marchés de croissance dans les semi-conducteurs, les véhicules électriques et le solaire en Chine ce qui l'a conduit à repousser ses objectifs 2027 à 2029. Le groupe reste néanmoins très diversifié en termes de géographies et de secteurs et continue de bénéficier des tendances durables liées à l’électrification ».

NB : les fonds ont été sélectionnés selon leur performance sur longue période (nous avons retenu une durée de 5 ans, durée généralement retenue pour l’investissement dans les fonds actions), leur volatilité et leur forte pondération en petites valeurs françaises (minimum 20% du fonds).