Les socialistes français ont déposé une motion de censure contre le Premier ministre François Bayrou après l'échec des discussions sur la réforme des retraites, a annoncé mardi un haut responsable du parti. Toutefois, la motion a peu de chances d'aboutir, l'extrême droite ayant indiqué qu'elle ne s'associerait pas à la démarche.

Les négociations, qui se sont étalées sur plusieurs mois entre les syndicats et le patronat autour de la réforme du système de retraite, se sont effondrées lundi soir. Face à cette impasse, Bayrou a convoqué les deux parties pour tenter de trouver une issue.

L'échec de ces discussions fragilise le Premier ministre, dont le gouvernement centriste, composé de l'alliance Ensemble du président Emmanuel Macron et des Républicains, pourrait tomber à tout moment si la gauche et l'extrême droite s'unissaient pour soutenir une motion de censure.

Ce revers laisse également présager des négociations encore plus ardues concernant le projet de loi de finances 2026, alors que l'exécutif prévoit de réaliser 40 milliards d'euros (€40 000 000 000) d'économies.

Boris Vallaud, chef de file des socialistes à l'Assemblée nationale, a reproché à Bayrou de ne pas avoir tenu sa promesse de soumettre un nouveau projet de réforme des retraites au Parlement.

« Cela nous contraint à déposer une motion de censure », a déclaré Vallaud.

La France insoumise, à la gauche radicale, s'était auparavant dite favorable à un vote de défiance. Mais sans le soutien du Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen, la motion a peu de chances d'être adoptée.

Gaëtan Dussausaye, député RN, a indiqué que son groupe ne cherchait pas à faire tomber le gouvernement, et Marine Le Pen n'a pas évoqué une telle initiative lors de son intervention devant l'Assemblée.

« Nous ne censurons pas pour rien : c'est pourtant exactement ce que propose la gauche ici », a affirmé Dussausaye.

Bayrou se retrouve dans une situation similaire à celle de son prédécesseur, Michel Barnier, dont le gouvernement, resté en place trois mois, avait survécu grâce au soutien du RN, avant que ce dernier ne vote une motion de censure en décembre contre son budget d'austérité pour 2025.

Devant les députés mardi, Bayrou s'est dit persuadé qu'il existait « une voie, certes très difficile, qui peut nous sortir de cette impasse ».

Lors de ce qui était présenté comme des discussions de la dernière chance, les négociateurs des retraites ne sont pas parvenus à s'accorder sur la manière d'amender la réforme de 2023, impopulaire, qui prévoit de relever progressivement l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans.

Les syndicats réclamaient la possibilité pour les travailleurs exerçant des métiers pénibles de partir plus tôt et une meilleure prise en compte du congé maternité, tandis que le patronat redoutait des concessions susceptibles de peser sur les finances du système.

Bayrou, centriste et partisan de longue date de la rigueur budgétaire, avait convoqué ces discussions pour tenter d'éviter le retrait du soutien socialiste à son gouvernement.

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