Il n'y avait pas beaucoup d'endroits où se cacher hier sur les marchés actions, qui ont largement "dégueulé", pour utiliser un terme vulgaire souvent entendu quand une séance prend une belle couleur rouge vif. Seules 15 à 20% des valeurs cotées ont échappé à la baisse, selon mes pointages matinaux, en particulier des valeurs du secteur de l'énergie, biberonnées au pétrole cher. Un sacré paradoxe à l'ère des investissements ESG, qui déclenche d'ailleurs quelques railleries. La preuve, certains financiers estiment que la crise de l'énergie en cours est une "crise ESG", due à l'assèchement des investissements dans le secteur des énergies fossiles et aux limitations imposées aux industries au nom de l'environnement. Un vaste débat dans lequel je ne rentrerai pas ce matin.

Les fortes baisses enregistrées hier sur les actions ont coïncidé avec la remontée des taux directeurs, un épisode de "déjà-vu" qui avait provoqué en mai dernier une première phase de dégagements, restée sans lendemain. La principale différence avec ce coup d'arrêt printanier est la présence de nouvelles menaces économiques, alors que l'horizon était plus dégagé il y a quelques mois. Des menaces qui suffisent à ressortir du chapeau des scénarios funestes, en particulier celui de la stagflation, cette situation dans laquelle l'inflation est élevée et la dynamique économique faible, qui rend les outils politique et monétaires peu efficaces. A ce stade, la croissance est encore solide, même si elle s'est un peu éloignée des chimères initiales. Il semble donc prématuré d'évoquer la stagflation. En revanche, il est à peu près sûr que les banques centrales auront à ferrailler avec les hausses de prix à un moment ou à un autre. Et pas aussi tard que prévu, ce qui explique ce rattrapage un peu brutal des rendements obligataires, favorisé par des investisseurs qui se sont montrés un peu long à la détente en dépit des signaux envoyés par la Fed la semaine dernière.

Pour que les marchés soient plus à l'aise, il faudrait que la partie "stag" s'évapore. La Chine a sans doute un rôle à jouer là-dedans, elle qui se débat avec l'affaire Evergrande pile au moment où sa dynamique économique bat de l'aile. Goldman Sachs a revu cette nuit en baisse sa prévision de croissance pour le pays, qui devrait ressortir à 7,8% contre 8,2% attendu jusque-là. La banque estime que 44% de l'activité industrielle chinoise a été affectée par la pénurie d'énergie, ce qui devrait coûter au pays un point de croissance du PIB sur le trimestre qui s'achève demain. Pékin a commencé à réagir en faisant injecter des liquidités dans son système financier à la banque centrale. Des rumeurs nocturnes laissent aussi penser que les autorités vont alléger les restrictions environnementales qui pèsent sur l'industrie pour lui permettre de donner sa pleine mesure. Greta Thunberg n'a probablement pas été consultée. Les indicateurs PMI chinois qui seront publiés cette nuit seront suivis de près, même si les remous de septembre ne poussent pas à l'optimisme.

Parmi les autres points de tensions, il ne faut pas négliger dans les jours qui viennent les importantes échéances en vue aux Etats-Unis. Les démocrates ont l'air un peu coincés avec leurs gros plans de soutien à l'heure où il faut renégocier le plafond de la dette. La cheffe du Trésor Janet Yellen ne cesse d'appeler à éviter un fiasco mi-octobre pour le budget, ce qui offre un puissant levier de négociation aux républicains, qui veulent à tout prix sabrer les projets de l'administration Biden. L'opposition profite aussi des ruades de l'aile gauche du parti démocrate, qui fragilise la majorité. Ceci dit, des plans moins dispendieux contribueraient probablement à apaiser un peu les craintes inflationnistes. Cela reste un coup de billard à plusieurs bandes.

Le CAC40 a démarré la séance en hausse de 0,8% à 6561 points.

Les temps forts économiques du jour

Aux Etats-Unis, les ventes immobilières dans l'ancien en août (16h00) et les stocks pétroliers hebdomadaires (16h30) sont en vue.

Le dollar reste ferme à 1,1682 USD. L'once d'or reprend quelques cents à 1740 USD. Le pétrole s'assagit un peu, avec un Brent à 77,88 USD et un WTI à 74,10 USD. Les taux se stabilisent après leur ascension avec un dix ans US à 1,53% et un Bund à -0,20%. Le bitcoin reprend 3% à 42 200 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Air France-KLM : AlphaValue reste à alléger avec un objectif de cours relevé de 4,17 à 4,61 EUR.
  • Airbus : Bernstein passe de neutre à surperformance en visant 142 EUR.
  • Anglo American : RBC passe de performance sectorielle à surperformance en visant 3450 GBp.
  • BKW : UBS reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 132 à 134 CHF.
  • Burckhardt : Credit Suisse démarre le suivi à surperformance en visant 410 CHF.
  • Carlsberg : Deutsche Bank passe d'acheter à conserver en visant 1125 DKK.
  • Centamin : Liberum reste à la vente avec un objectif de cours relevé de 82 à 88 GBp.
  • Close Brothers : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 1500 à 1610 GBp.
  • Cranswick: Barclays passe de souspondérer à pondération en ligne en visant 3500 GBp.
  • Datagroup : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 77 à 93 EUR.
  • DNB Bank : Arctic Securities passe de conserver à acheter en visant 215 NOK.
  • DSV : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 1683 DKK.
  • Geberit : UBS reste neutre avec un objectif de cours relevé de 615 à 690 EUR.
  • International Consolidated Airlines : Deutsche Bank passe de conserver à acheter en visant 260 GBp.
  • ITM Power : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 500 GBp.
  • J D Wetherspoon : AlphaValue passe d'acheter à accumuler en visant 1165 GBp.
  • Mondi : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 1790 à 1865 GBp.
  • Schindler : Société Générale passe de conserver à vendre en visant 250 CHF.
  • Smurfit Kappa : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 47,50 à 56 EUR.
  • SQLI : Genesta reste neutre avec un objectif de cours relevé de 30 à 31,90 EUR.
  • Swisscom : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 624 CHF.
  • Synthomer : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 715 à 685 GBp.
  • UMG : Société Générale démarre le suivi à l'achat en visant 27,20 EUR.
  • Vivendi : Société Générale reprend le suivi à l'achat en visant 13,40 EUR. Exane BNP Paribas passe de surperformance à neutre en visant 12 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le monde

Annonces importantes (et autres)

  • ASML relève sa prévision de chiffre d'affaires 2025 dans la fourchette 24 à 30 Mds€.
  • Unilever a présélectionné quatre candidats pour la vente de ses marques PG Tips et Lipton Ice Tea pour un montant de 4 Mds£, selon Sky News, essentiellement de grands fonds d'investissement.
  • Micron perd 3,5% hors séance après des résultats un peu décevants.
  • Amazon lance un robot domestique à 1000 USD contrôlé à la voix baptisé Astro.
  • Lucid commencera à livrer des voitures électriques d'une autonomie supérieure à celle de Tesla en octobre.
  • HeidelbergCement prend 45% d'Alkon pour environ 250 M$.
  • Les délais de livraison de l'iPhone 13 d'Apple s'allongent alors que le coronavirus frappe des fournisseurs au Vietnam.
  • Samsung Electronics serait proche de finaliser son projet d'usine de puces au Texas pour un investissement de l'ordre de 17 Mds$.
  • China Evergrande va récupérer 1,55 Md$ en vendant une partie de sa participation dans la Shengjing Bank.
  • United Airlines se prépare à se séparer de ses salariés qui refusent la vaccination.
  • Un consortium emmené par TPG dispose d'une période d'exclusivité de quatre semaines pour racheter l'Australien Smartgroup, pourrait être valorisé 1 Md$.
  • Salt étudie des façons de se financer après avoir renoncé à son IPO à Zurich.
  • Principales publications de résultats : Cintas, Next, Jabil, Fluxys Belgium, Solaria Energia, Bénéteau, Solutions 30

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