Le retour de weekend prolongé a été un peu brutal hier aux Etats-Unis, où les indices ont assez lourdement décroché. Le trio de référence a fait -2% pour le S&P500, -2,06% pour le Dow Jones et -2,4% pour le Nasdaq 100. Seuls les compartiments les plus défensifs de la cote ont tenu le choc. En finance, les entreprises perçues comme les plus défensives sont celles qui continueront à vendre des produits de base quand les consommateurs auront coupé le superflu. Concrètement hier, les vendeurs de nourriture, d'essence et de bière. Je vous laisse méditer sur la présence de la bière dans cette liste, même si Homer Simpson l'a brillamment théorisée. Il faut y ajouter les industriels de l'armement, après la poursuite de la dégradation des relations entre l'Ouest et la Russie, que Vladimir Poutine a fait sortir du traité de contrôle des armes nucléaires New START.

Cette perte de libido des investisseurs pour les actifs à risque prolonge la phase de doute qui s'était amplifiée la semaine dernière. Le puissant rebond qui a fait suite à l'annus horribilis 2022 reposait sur deux piliers : la reprise de l'économie chinoise et la proximité de la fin du cycle de hausse de taux de la Fed. La force de traction du premier point laisse à désirer, en l'absence, pour le moment de signaux tangibles d'accélération. Ça devrait arriver, mais pour l'instant on reste dans le domaine de l'hypothétique probable. Quant aux espoirs de l'arrivée à terme de la politique monétaire restrictive, ils reposaient sur la victoire supposée de la Fed sur l'inflation. Victoire personnalisée par la baisse de la hausse des prix et plusieurs indicateurs macroéconomiques montrant que la surchauffe économique était en phase de refroidissement. Le problème, c'est que ces indicateurs ont eu tendance à se stabiliser, voire à réaccélérer pour certains sur la période récente. Trop tôt et trop fort, sans doute, aux yeux de la banque centrale. Par conséquent, le gros pari des investisseurs sur le retour à une politique monétaire moins stricte (synonyme de "Yolo, retour du marché haussier") a du plomb dans l'aile. Hier, les indicateurs d'activité PMI américains ont assez nettement dépassé les attentes, un signal de prudence de plus pour les marchés, au motif qu'une bonne nouvelle pour l'économie n'est pas forcément une bonne nouvelle pour la finance, qui préfère des taux bas à tout autre scénario.

Ça c'est pour la partie romancée. La traduction chiffrée, on la retrouve sur le marché obligataire où le rendement de la dette à 10 ans américaine a bondi à 3,94% hier, alors qu'elle était 50 points plus bas il n'y a pas si longtemps. Traduction ? Le marché s'attend à ce que le taux des Fed Funds monte à plus de 5,3% cet été, alors que le pronostic était encore de 4,9% au début du mois de février. Traduction bis ? Les financiers pensent que la Fed va relever ses taux au-delà de ce qu'ils redoutaient et le débat est toujours ouvert sur la durée du maintien de ces taux à niveau élevé. Traduction ter ? C'est pas bon pour les actions. Ni pour les obligations, dont certaines ont perdu la quasi-totalité de leur avance 2023 (le prix des obligations évolue à l'inverse de leur rendement).

Doutes sur les taux, aux Etats-Unis mais aussi en Europe d'ailleurs. Regain de tension avec la Russie. Et flottement en Chine sur la reprise. Trois facteurs qui pèsent donc sur les marchés cette semaine, même si les places européennes ont paru, une fois de plus cette année, curieusement peu concernées. Le Stoxx Europe 600 n'a cédé que 0,2% à la clôture. Et si tous les grands indices, sauf le SMI suisse, étaient en baisse, les contractions étaient relativement modestes.

Aujourd'hui, poursuite des publications de résultats avec quelques belles affiches comme Rio Tinto, Danone, Stellantis et Iberdrola en Europe. Nvidia, Pioneer Natural Resources et eBay suivront aux Etats-Unis. L'agenda macro sera occupé principalement par l'indice Ifo du moral des affaires en Allemagne (10h00) et par la publication du compte-rendu de la dernière réunion de la Fed (21h00). Dans le reste de l'actualité, le rendement de la dette publique japonaise s'est installé pour la seconde journée au-dessus du plafond théorique fixé par la Banque du Japon. Washington menace de sanctionner les entreprises chinoises qui soutiennent l'invasion de l'Ukraine par la Russie et le pétrole se contracte sur un marché qui doute de la dynamique économique mondiale à venir. Pour finir, les couloirs des ministères risquent de sonner un peu creux puisque le cabinet de conseil McKinsey devrait supprimer 2000 postes dans le monde, selon Bloomberg.

Ça ne rigole pas beaucoup en Asie Pacifique ce matin en fin de parcours. Le Japon a perdu 1,3% et l'Australie 0,3%. La Chine continentale cède 0,8% et Hong Kong 0,2% alors que la séance n'est pas encore terminée à l'heure où je rédige. La Corée en est à -1,5% et l'Inde à -1%. Les places européennes sont attendues en baisse mais relativement modérée, sans doute aidées par la remontée des "futures" américains. Une remontée fragile au regard de tout ce qui vient d'être dit. Le CAC40 perdait 0,4% à 7281 points peu après l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

En Allemagne, la lecture affinée de l'inflation de janvier sera publiée à 8h00, avant à 10h00 l'indice de confiance des affaires Ifo de février. Aux Etats-Unis, le Fed dévoilera les minutes de sa dernière réunion à 21h00. Tout l'agenda ici. Le PIB de Hong Kong s'est contracté de 3,5% en 2002, tandis que la cité vise cette année une croissance comprise entre 3,5 et 5,5%.

L'euro varie peu autour de 1,0657 USD. L'once d'or est au diapason à 1835 USD. Le pétrole s'effrite, avec un Brent de Mer du Nord à 82,52 USD le baril et un brut léger américain WTI à 76,14 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans remonte fortement 3,94%. Le bitcoin recule autour de 24 500 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Air France-KLM : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 2,25 EUR.
  • Allianz : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 250 à 245 EUR.
  • BNP Paribas : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 55 à 70 EUR.
  • Davide Campari : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 10 à 11 EUR.
  • Idorsia : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 16,20 à 13 CHF.
  • Logitech : UBS passe d'acheter à neutre en visant 57 CHF.
  • Nestlé : Julius Bär reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 130 à 125 CHF.
  • Novo Nordisk : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours relevé de 625 à 730 DKK.
  • Publicis : Credit Suisse passe de neutre à surperformance en visant 87 EUR.
  • Saipem : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 1,40 à 1,80 EUR.
  • Solvay : Barclays passe de pondération en ligne à souspondérer en visant 128 EUR.
  • Sulzer : Kepler reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 98 à 102 CHF.
  • Tecan : UBS reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 493 à 483 CHF.
  • Temenos : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 55 à 66 CHF.
  • Tenaris : Morgan Stanley reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 42 à 44 EUR.
  • Wacker Chemie : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 185 EUR.

En France

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Compagnie Plastic Omnium : les résultats 2022 sont meilleurs que prévu. Le groupe veut continuer à surperformer le marché automobile mondial cette année, et fixe des objectifs 2025.
  • Danone : vise 3 à 5% de croissance et une marge en hausse cette année.
  • Korian : vise une croissance organique de son chiffre d'affaires de plus de 8% en 2023.
  • Stellantis : dépasse les prévisions au second semestre et annonce un rachat d'actions de 1,5 Md€.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Saint-Gobain entre sur le marché de l'isolation en laine de verre en Inde.
  • EDF signe des accords pour aider L'Oréal à atteindre ses objectifs de neutralité carbone d'ici 2025.
  • Alpine (Renault) recrute chez Ferrari son directeur de l'ingénierie.
  • La Société Générale va payer 157 M$ pour éteindre le procès pour fraude d'Allen Stanford.
  • Euronext nomme un nouveau patron à Bruxelles.
  • Gaztransport & Technigaz va concevoir les cuves de deux nouveaux méthaniers pour SHI.
  • Eiffage remporte un contrat de près de 190 M€ sur le Lyon-Turin.
  • Ipsen étend son offre publique d'achat pour les actions d'Albireo Pharma au 1er mars 2023, en attendant le verdict de la loi antitrust Hart-Scott-Rodino.
  • JCDecaux a remporté un contrat en Estonie.
  • Voltalia fournira à Adeo France (Leroy Merlin) 20% de sa consommation électrique.
  • Le transfert effectif des actions AdVini sur le marché Euronext Growth Paris aura lieu le 24 février 2023.
  • Courbet reprend le Collège International de Cannes à la barre du tribunal.
  • Inertam (Europlasma) référencé en Italie par Furia.
  • Delta Drone va transformer ses obligations émises en 2022 en actions dans le cadre de l'accord de fiducie avec Equitis Gestion. Avec la dilution qui va bien à venir.
  • Boostheat tire une tranche d'ORA pour se financer. Avec la dilution qui va bien à venir.
  • Ils ont publié aussi / ils sont sur l'agenda : Eiffage, Seb, Eramet, Actia, Patrimoine et Commerce, Compagnie Plastic Omnium, Nexity, Cnova, Korian

Dans le monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • BE Semiconductor : le groupe s'attend à une évolution comprise entre 0 et -10% de son activité au T1 fiscal.
  • Fresenius : les résultats 2023 sont attendus en baisse.
  • Iberdrola : prévoit une hausse de 8 à 10% de son bénéfice net en 2023, avant l'impôt espagnol sur les bénéfices exceptionnels.
  • Lloyds : le bénéfice pour l'année 2022 a reculé.
  • Rio Tinto : le bénéfice 2022 a reculé de 38% et est inférieur aux attentes. Le dividende est réduit à 4,92 USD par action.
  • Siegfried : boucle 2022 sur des résultats en hausse mais inférieurs aux prévisions AWP.
  • UCB : les résultats sont en baisse en 2022. Le chiffre d'affaires devrait encore reculer cette année, pour une marge d'Ebitda attendue entre 22,5 et 23,5%.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Fresenius va céder le contrôle de Fresenius Medical Care, en changeant sa forme juridique d'une commandite (KGaA) à une société anonyme.
  • Le consortium Brookfield réduit son offre sur Origin Energy à 8,90 AUD par action.
  • Tesla transférerait une partie de la production de batteries pour VE de l'Allemagne aux États-Unis, profiter des avantages proposés par Washington.
  • Chesapeake va vendre ses actifs de pétrole de schiste au fabricant de produits chimiques Ineos pour 1,4 Md$, selon le Wall Street Journal.
  • Shell est en train d'explorer les options pour son unité européenne de gaz et d'électricité au détail, a rapporté Bloomberg.
  • BYD se lance en Allemagne.
  • Givaudan rachète un portefeuille d'ingrédients cosmétiques à Amyris.
  • Les actionnaires d'AMC poursuivent la société pour avoir voté l'émission de nouvelles actions.
  • Steven F. Mayer a démissionné de son poste de président exécutif du conseil d'administration de la société pharmaceutique espagnole Grifols, en invoquant des raisons de santé et d'autres raisons personnelles.
  • KKR a prolongé de quatre semaines, jusqu'au 24 mars, l'offre non contraignante pour le réseau de lignes fixes de Telecom Italia, suite à une demande du gouvernement.
  • Philips ne versera pas de primes à ses cadres au titre de 2022, après une année médiocre.
  • Les principales publications du jour : Nvidia, Rio Tinto, Iberdrola, Pioneer Natural Resources, Stellantis, Baidu, Lloyds, Danone, Genmab, eBay, Aena, Wolters KluwerTout l'agenda ici.

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