Natixis (-6,98% à 2,76 euros) et Société Générale (-7,01% à 14,27 euros) sont les deux premières banques françaises à appliquer les recommandations de la Banque centrale européenne de ne pas verser de dividendes pour les exercices 2019 et 2020 avant le 1er octobre 2020, au moins. Hier, les banques néerlandaises, ING et ABN Amro, avaient annoncé la suspension de leur coupon. Mais cette politique de mise entre parenthèses des dividendes ne s'arrête pas aux frontières de la zone euro.

Le régulateur des services financiers au Royaume-Uni s'est félicité hier des décisions prises par les conseils d'administration des grandes banques britanniques de suspendre les dividendes et les rachats d'actions jusqu'à la fin de 2020.

Le Conseil d'administration de Société Générale a décidé de supprimer toute distribution de dividende au titre de l'exercice 2019. " En effet, la BCE souhaite qu'il n'y ait pas de décision de paiement de dividende avant début octobre. Or, ce délai est incompatible avec la loi française qui prescrit un paiement du au plus tard le 30 septembre ", explique la banque.

Au cours du deuxième semestre 2020, le Conseil proposera les orientations en matière de distribution aux actionnaires. Celle-ci pourrait notamment consister dans le paiement d'un acompte sur dividende sur les résultats 2020 ou en un dividende exceptionnel, sous la forme d'une distribution de réserves, laquelle nécessiterait la tenue d'une Assemblée générale.

Société Générale a en outre suspendu ses objectifs 2020 compte tenu des incertitudes liées à l'ampleur et à la durée de la pandémie de Covid-19. Le résultat net part du groupe était attendu en hausse et les revenus en légère croissance.

En intégrant la reprise de provision pour le dividende 2019 de 54 points de base, la banque affichait un ratio de fonds propres durs (CET1) à 13,2% au 31 décembre 2019. Il extériorise une marge de manœuvre d'environ 410 points par rapport aux exigences réglementaire.

Pour sa part, Natixis ne proposera pas à l'Assemblée générale annuelle du 20 mai prochain d'approuver la distribution d'un dividende par action de 0,31 euro au titre de l'exercice 2019. Déjà provisionné, il sera relâché avec un impact positif d'environ 100 points de base sur la solvabilité de Natixis. La banque aurait ainsi affiché un ratio de fonds propres durs d'environ 12,3% à fin décembre.

Par ailleurs, en ligne avec les recommandations actuelles de la BCE, aucun provisionnement de dividende ne sera effectué au cours de l'exercice 2020 d'un point de vue prudentiel.

Le Conseil d'administration reconsidérera cette décision après le 1er octobre 2020 afin de procéder à une éventuelle distribution, en fonction de la situation qui prévaudra à ce moment.

Prenant en compte les assouplissements réglementaires annoncés et la recommandation de la BCE sur les dividendes, Goldman Sachs estime à 180 milliards d'euros le capital CET1 supplémentaire que les banques européennes peuvent mobiliser pour continuer à assurer le flux des crédits aux entreprises et aux consommateurs. Pour les banques françaises, le seul non versement des dividendes représente 9 milliards d'euros.

Valeurs citées dans l'article : Natixis, Société Générale