BEYROUTH, 17 octobre (Reuters) - Le patriarche maronite libanais Bechara Boutros al-Rai, le plus haut dignitaire religieux chrétien, a déclaré dimanche que le système judiciaire du pays devait être exempt de toute ingérence politique et d'"activisme" sectaire, dans un contexte de tensions croissantes autour l'enquête sur l'explosion du port de Beyrouth en août 2020.

Bechara Boutros al-Rai a également déclaré qu'il était inacceptable qu'un parti ait recours à des menaces ou à la violence après les troubles meurtriers de la semaine passée liés à l'enquête, qui ont été le pire bain de sang dans les rues du Liban depuis plus d'une décennie.

"Nous devons libérer le pouvoir judiciaire de toute ingérence politique, de tout activisme politique sectaire et partisan et respecter son indépendance selon le principe de la séparation des pouvoirs", a déclaré le patriarche maronite dans son sermon.

"Personne n'est au-dessus de la loi et du système judiciaire".

Bechara Boutros al-Rai joue un rôle influent en tant que chef religieux de la plus grande communauté chrétienne du Liban, où le pouvoir politique est divisé entre les principales formations religieuses chrétiennes, musulmanes et druzes.

L'enquête sur l'explosion du 4 août 2020, qui a tué plus de 200 personnes et dévasté des pans entiers de Beyrouth, a peu progressé en raison de l'opposition de puissantes factions politiques.

Les tensions autour de l'enquête sur l'explosion meurtrière dans le port de Beyrouth ont donné lieu jeudi aux pires violences dans la capitale libanaise depuis plus de dix ans, six chiites ayant été abattus lors d'une manifestation au cours d'une journée ravivant le souvenir de la guerre civile de 1975-1990.

Des échanges de coups de feu ont été entendus pendant plusieurs heures, provoquant des mouvements de panique à Tayouneh, là même où passait l'ancienne ligne de front entre quartiers chiites et chrétiens lors de la guerre civile dont le Hezbollah et les Forces libanaises (FL) furent deux acteurs majeurs.

(Reportage Suleiman al-Khalidi, version française Matthieu Protard)