* Retour d'employés d'Eni pour relancer la production - Frattini

* Total suit avec attention la situation

* L'appui de Paris et Rome aux rebelles peut-être payant pour Eni et Total

* Les titres Eni, OMV et Total bondissent en Bourse

(actualisation avec réaction de Total §2, détails)

par Svetlana Kovalyova

MILAN, 22 août (Reuters) - L'italien Eni (>> ENI), qui était le principal producteur étranger de pétrole en Libye, a fait son retour dans le pays lundi, alors que les rebelles saluant la fin du régime de Mouammar Khadafi prévenaient les sociétés chinoises et russes qu'elles risquaient de perdre des contrats pour n'avoir pas soutenu la rébellion.

Total (>> TOTAL) a par ailleurs indiqué qu'il suivait avec attention la situation en Libye pour évaluer quand ses activités pourraient reprendre.

La chute du régime libyen pourrait ouvrir les plus grandes réserves pétrolières d'Afrique à de nouveaux acteurs, comme la compagnie nationale du Qatar ou la société de négoce Vitol, qui seront en concurrence avec les géants européens ou américains présents avant l'insurrection.

"Nous n'avons pas un problème avec les pays occidentaux comme les entreprises italiennes, françaises et britanniques. Mais nous pouvons avoir quelques problèmes politiques avec la Russie, la Chine et le Brésil", a dit à Reuters Abdeljalil Mayouf, directeur de l'information de la compagnie pétrolière pro-rebelles AGOCO.

Même si le cours du Brent reculait de plus d'un dollar, les titres du français Total (>> TOTAL), de l'autrichien OMV (>> OMV AG) et d'Eni ont clôturé sur des hausses comprises entre 2,25% et 6,33%, le marché espérant un retour à la situation antérieure à l'insurrection.

L'indice Stoxx Europe 600 <.SXEP> du secteur pétrolier et gazier avançait de son côté de 1,34%.

Le président d'Eni Giuseppe Recchi a dit lundi que la Libye pourrait redevenir avant l'hiver une source pétrolière et gazière, une fois le conflit terminé (Pour plus de détails : )

Selon un sondage Reuters, il faudra jusqu'à un an pour relancer la production libyenne à au moins un million de barils par jour et jusqu'à deux ans pour revenir aux niveaux d'avant guerre.

Avant le déclenchement de l'insurrection en Libye, le pays, membre de l'Opep, produisait environ 1,6 million de barils par jour (bpj), soit près de 2% de la production mondiale.

Selon le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini, des employés d'Eni sont arrivés sur place pour superviser un redémarrage des installations pétrolières dans l'est du pays, même si les combats se poursuivaient dans la capitale.

"Les installations ont été construites par des Italiens, par la (société de services pétroliers) Saipem (>> SAIPEM), et par conséquent il est clair qu'Eni jouera le premier rôle (en Libye) à l'avenir", a déclaré Frattini au micro de la Rai.

NOUVEAUX ACTEURS De son côté, l'autrichien OMV a dit n'avoir entamé aucune négociation à ce jour avec les rebelles.

"Nous observons la situation actuelle et son évolution de très près. Pour le moment, nous n'avons pas de discussions bilatérales avec le Conseil (national) de transition", a dit un porte-parole.

L'allemand Wintershall, autre acteur majeur du secteur pétrolier libyen sous l'ère Kadhafi, s'est refusé à tout commentaire. GDF Suez (>> GDF SUEZ) a refusé de commenter des informations faisant état de négociations avec les insurgés sur une reprise de la production. GDF Suez lui-même n'a pas de production en Lybie.

Les analystes et les spécialistes du secteurs estiment que Total et Eni pourraient émerger comme les grands gagnants de la redistribution des cartes en Libye du fait du fort soutien dont ont fait preuve Paris et Rome à l'égard des rebelles.

L'appui militaire du Qatar et logistique de la société Vitol pourraient également permettre à de nouveaux acteurs de prendre pied dans le pays.

"Le Qatar sera un gros acteur, Vitol pourrait en être un. Shell (>> ROYAL DUTCH SHELL) souhaite également renforcer son rôle", juge un consultant occidental spécialiste des risques et au fait des négociations.

La plupart des géants pétroliers américains comme Marathon  (>> MARATHON OIL), ConocoPhillips (>> CONOCOPHILLIPS) ou Hess (>> HESS CORP), ont adopté une attitude beaucoup plus prudente concernant la Libye

"Ils sont simplement en train d'attendre et d'essayer de déterminer qui dirige ce pays", indique ce consultant, qui conseille plusieurs entreprises américaines à propos de la Libye.

BP (>> BP), qui ne produisait pas encore dans le pays, a dit vouloir y retourner pour reprendre ses explorations, mais sans donner de calendrier.

(Avec Mathilde Cru à Paris, Jean Décotte pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)