"Vous dirigez Ose Pharma, une société de recherche médicale spécialisée dans l’immunothérapie. De quoi s’agit-il ?
L’immunothérapie est une nouvelle approche thérapeutique qui consiste à réapprendre au système immunitaire à se défendre contre la maladie. Les essais menés ces dernières années en cancérologie ont fait naître de grands espoirs sur cette approche qui s’avère complémentaire aux traitements existants. La chirurgie, la chimiothérapie, la radiothérapie, les thérapies ciblées traitent environ 50% à 60% des cancers mais la problématique est très différente selon que le cancer est localisé ou métastatique. Notre société développe des produits d’immunothérapie pour des patients atteints de cancer à un stade invasif ou métastatique. L’objectif est de stabiliser la progression de la maladie et de prolonger la vie des patients en réduisant au maximum les effets secondaires.

Quel(s) cancer(s) ciblez-vous et où en êtes-vous de votre développement clinique ?

Notre produit le plus avancé, Tedopi, cible une catégorie de patients répondeurs dans le cancer du poumon « non à petites cellules » (NSCLC) métastasé. Il doit entrer cette année en phase III d’étude clinique, la dernière avant la commercialisation (la mise sur le marché est prévue en 2019, sous réserve de résultats positifs, ndlr). Les résultats de la phase II ont été très encourageants avec une progression significative de la survie des patients. C’est pourquoi nous avons obtenu l’autorisation des agences sanitaires américaine et européenne de réaliser un seul essai de phase III, dans différents centres américains et européens. Tedopi est considéré comme une médecine personnalisée en Europe, par ailleurs le produit a obtenu un statut orphelin aux Etats-Unis sur ces patients répondeurs atteints d’un cancer du poumon ce qui permet une accélération du développement clinique.

A combien évaluez-vous le marché de ce médicament ?

Nous estimons le potentiel de marché de Tedopi au pic des ventes à plus de 2 milliards d'euros dans le monde et par an, sur la seule indication du cancer du poumon. Mais nous pensons que le médicament peut être efficace sur d’autres types de cancers compte tenu de son mode d’action ciblé sur cinq antigènes tumoraux exprimés dans de nombreux cancers. Nous envisageons donc de lancer plusieurs études de phase II dans les prochaines années afin d’évaluer en partenariat son efficacité dans le cancer de l’ovaire, du côlon et du sein, notamment.

Vous souhaitez lever entre 15,9 millions et 24 millions d’euros à l’occasion de votre introduction en bourse. A quoi vont servir ces fonds ?
Nous lançons notre introduction en bourse et notre augmentation de capital afin de mener à bien l’étude de phase III pour Tedopi, pour laquelle nous espérons recruter les premiers patients fin 2015. Un accord a déjà été signé avec la société d’essais cliniques (CRO) Orion-Simbec basée en Grande Bretagne pour cet essai qui sera mené en Europe et aux Etats-Unis. Cette étude doit durer environ trois ans, jusque fin 2018, et nécessitera un investissement financier important de notre part. La bourse a par ailleurs pour nous un intérêt majeur en termes de visibilité, car nous sommes dans un domaine médical récent et nous recherchons des partenariats industriels afin d’explorer de nouvelles combinaisons thérapeutiques (avec d‘autres immunothérapies ou des thérapies ciblées) dans le but d’améliorer l’efficacité clinique de notre produit et la qualité de vie des patients.
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