Lombard Odier optimiste quant aux perspectives de croissance de la zone euro
L'examen plus détaillé des chiffres révèle les vulnérabilités qui sont au cœur du modèle de croissance actuel de la zone euro, souligne le professionnel. L'élément le plus frappant est la dépendance à l'égard de la demande extérieure. Alors qu'elle affichait un léger déficit de la balance courante au début de la crise, la zone euro a constitué depuis un excédent substantiel d'environ 3,5% du PIB, rendant son économie très tributaire des fluctuations du commerce mondial, et particulièrement de l'évolution de la demande de ses partenaires commerciaux principaux.
Pour Bill Papadakis, le deuxième élément à mettre en exergue est la dépendance de la zone euro à l'égard d'un moteur important : l'Allemagne. Ce lien est apparu plus clairement ces derniers mois avec le ralentissement de la croissance allemande (qui s'est même contractée au 2e trimestre). Largement imputable à la faiblesse temporaire du secteur automobile (induite par l'introduction de nouvelles normes d'émission) et donc appelé à s'inverser, ce développement souligne tout de même une vulnérabilité clé de la zone euro.
Le tableau économique global est toutefois celui d'une demande intérieure très solide. C'est ce qui rend Lombard Odier optimiste quant aux perspectives de croissance de la zone euro et motive sa prévision d'une progression à 2% en 2019. Même en l'absence d'une contribution substantielle du commerce, l'économie devrait évoluer à un rythme supérieur à la tendance, grâce au recul du chômage et à l'amélioration de la croissance des revenus.
Cette normalisation croissante du tableau macroéconomique implique également une normalisation de la politique monétaire. La Banque centrale européenne (BCE) met un terme à ses achats d'actifs ce mois-ci, et Lombard Odier s'attend à ce qu'elle abandonne sa politique de taux d'intérêt négatifs d'ici la fin de l'année 2019.
Il serait impossible de conclure sur la zone euro sans évoquer le volet politique. La stratège n'identifie pas de menace majeure sur ce front et ne voit dans les élections du Parlement européen qu'un risque mineur étant donné que le pouvoir de décision reste du ressort des gouvernements nationaux.
Pour éprouver le " grand frisson " en termes de risque, les investisseurs n'auront peut-être pas besoin de chercher très loin : le Brexit, et sa nébuleuse d'incertitudes, est prévu pour le mois de mars 2019, conclut Bill Papadakis.