LONDRES (Reuters) - La Grande-Bretagne a accusé samedi le Kremlin de chercher à installer un dirigeant pro-russe en Ukraine, ajoutant que des agents du renseignement russe avaient été en contact avec un certain nombre d'anciens hommes politiques ukrainiens dans le cadre de projets d'invasion.

Le ministère britannique des Affaires étrangères n'a donné aucun détail étayant ces accusations, qui interviennent dans un contexte tendu qui a vu la Russie rassembler des dizaines de milliers de soldats aux frontières de l'Ukraine.

Le ministère a déclaré avoir des informations selon lesquelles le gouvernement russe considérait l'ancien député ukrainien Evguéni Mouraïev comme un candidat potentiel.

"Nous ne permettrons pas au Kremlin de comploter pour installer un dirigeant pro-russe à la tête de l'Ukraine", a écrit la ministre britannique des Affaires étrangères sur Twitter.

"Le Kremlin sait qu'une incursion militaire en Ukraine serait une grave erreur stratégique et que le Royaume-Uni et ses alliés imposeraient des sanctions sévères à la Russie", a ajouté Liz Truss.

Evguéni Mouraïev, 45 ans, est une personnalité politique pro-russe qui s'oppose à l'intégration de l'Ukraine à l'Occident. Selon un sondage réalisé en décembre, il était classé septième parmi les candidats à l'élection présidentielle de 2024 avec 6,3% de soutien.

Tout en moquant les affirmations de la Grande-Bretagne, il a appelé dimanche à mettre fin à la division de l'Ukraine entre pro-occident et pro-russes.

"Le temps des politiciens pro-occidentaux et pro-russes en Ukraine est révolu pour toujours", a-t-il déclaré sur Facebook. "L'Ukraine a besoin de nouveaux politiciens dont la politique sera basée uniquement sur les principes des intérêts nationaux de l'Ukraine et du peuple ukrainien."

Le vice-Premier ministre britannique Dominic Raab a de son côté déclaré à Sky News dimanche qu'il y aurait "de très graves conséquences si la Russie prend (la) décision de tenter d'envahir (l'Ukraine) mais aussi d'installer un régime fantoche".

Le ministère russe des Affaires étrangères a qualifié les affirmations de Londres de "désinformation" et accusé la Grande-Bretagne et l'Otan de contribuer à "l'escalade des tensions" concernant l'Ukraine.

"Nous appelons le ministère (britannique) des Affaires étrangères à cesser ses provocations, d'arrêter de répandre des inepties (...)", a écrit le ministère sur l'un de ses comptes Facebook officiels.

La porte-parole du Conseil de sécurité nationale des États-Unis, Emily Horne, a évoqué dans un communiqué un "complot (...)profondément préoccupant". "Le peuple ukrainien a le droit souverain de déterminer son propre avenir, et nous sommes aux côtés de nos partenaires démocratiquement élus en Ukraine", a-t-elle ajouté.

La Grande-Bretagne, qui a fourni cette semaine 2.000 missiles et une équipe de formateurs militaires à l'Ukraine, a également déclaré qu'elle disposait d'informations selon lesquelles les services de renseignement russes entretenaient des liens avec de "nombreux" anciens hommes politiques ukrainiens, y compris des personnalités liées à l'ancien président pro-russe Viktor Ianoukovitch.

(Reportage Michael Holden et Paul Sandle, avec William James, Natalia Zinets à Kiev et Polina Devitt à Moscou; version française Camille Raynaud et Benjamin Mallet)