LONDRES, 28 novembre (Reuters) - Le gouvernement britannique et la Banque d'Angleterre ont adressé mercredi des mises en garde sur les conséquences économiques et financières d'une sortie sans accord de l'Union européenne.

Plusieurs scénarios ont été envisagés:

UN BREXIT SANS ACCORD

* Selon la Banque d'Angleterre (BoE), dans "le pire des scénarios", c'est à dire un Brexit dans lequel les institutions britanniques perdraient la confiance des investisseurs et où le passage des frontières entraînerait de graves retards, l'économie britannique se contracterait de 8% en près d'un an et la livre perdrait 25% de sa valeur. Les taux d'intérêt bondiraient jusqu'à atteindre 5,5% contre moins de 1% afin d'être ajustés à l'inflation.

* Dans l'éventualité d'un "scénario gris" - la BOE parle de "disruptive Brexit" - où les marchandises continueraient de franchir les frontières mais seraient soumises à des droits de douanes, le PIB chuterait de 3%, le chômage monterait à 5,75% et l'inflation à 4,25%, l'immobilier perdrait 14% et la livre 15%.

* Selon les estimations du gouvernement, l'économie britannique se contracterait de 7,7% en l'espace de 15 ans. Il ajoute que si les Européens cessent tout à fait d'émigrer vers la Grande-Bretagne, la contraction pourrait atteindre 9,3% et s'accompagnerait d'un fort renchérissement du coût de l'emprunt.

UN BREXIT MAINTENANT UNE COOPÉRATION ÉTROITE AVEC L'UNION

* Si le Royaume-Uni conclut un accord qui aboutit au maintien de liens étroits, la livre se renforcerait l'année prochaine par rapport à son niveau actuel et l'investissement se redresserait petit à petit, selon le scénario élaboré par la BoE.

* Le PIB diminuerait toutefois, dans une fourchette de 1,25% à 3,75% d'ici la fin 2023 par rapport à l'évolution qui aurait été la sienne en cas de maintien dans l'UE.

* Selon Londres, le PIB serait de 2,1% moindre d'ici 2035 qu'il ne l'aurait été si le Royaume-Uni était resté dans l'Union. Cette estimation s'appuie toutefois sur l'hypothèse d'un maintien en l'état de la législation britannique de l'immigration, alors que la Première ministre a prévenu qu'elle souhaitait restreindre la liberté de circulation des travailleurs européens après le Brexit.

APPARTENANCE AU MARCHÉ UNIQUE

* Cette hypothèse serait la moins coûteuse pour l'économie britannique. Elle n'est toutefois pas d'actualité puisque Theresa May a exclu qu'elle se produise.

* Dans ce scénario, qui maintiendrait la liberté de circulation des travailleurs européens, l'économie ne se contracterait que de 1,4% d'ici 2035 par rapport au niveau qui aurait été le sien si le Royaume-Uni été resté dans l'Union.

ACCORD DE LIBRE-ÉCHANGE AVEC L'UNION

* Dans cette hypothèse, Londres et Bruxelles n'instaurent aucun droit de douane réciproque. Des obstacles non-douaniers pourraient toutefois pénaliser l'industrie britannique des services financiers et avoir un impact sur le PIB du royaume.

* Le coût du financement public augmenterait sensiblement d'ici 2035.

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