* Niki déclaré insolvable, arrêt des vols

* Berlin pourrait perdre une partie du prêt consenti à Air Berlin

* Niki Lauda toujours intéressé par la reprise de Niki (Actualisé avec procédure de dépôt de bilan)

par Victoria Bryan

BERLIN, 13 décembre (Reuters) - Lufthansa renonce à racheter la filiale Niki d'Air Berlin, la Commission européenne lui ayant fait savoir qu'elle ne pouvait accepter l'opération pour des motifs de concurrence, ce qui veut dire que Niki pourrait intégrer la liste des compagnies aériennes européennes qui ont mis la clé sous la porte cette année.

Une concurrence âpre et une baisse des prix des billets ont provoqué la chute de Monarch et d'Air Berlin, tandis qu'Alitalia a déposé le bilan.

Un tribunal de Berlin a annoncé qu'après la décision de Lufthansa, Niki avait entamé une procédure de dépôt de bilan.

Les concurrents de la première compagnie aérienne allemande craignaient que la reprise de Niki et de LGW ne lui confère une position excessivement dominante en Allemagne.

Lufthansa a précisé qu'elle avait proposé de céder des créneaux d'atterrissage et de décollage mais que la Commission européenne (CE) avait trouvé cela insuffisant.

L'exécutif européen a déclaré qu'il limiterait l'examen de l'opération à LGW, examen qui continue, a-t-il ajouté, précisant qu'il n'avait encore pris aucune décision.

Le gouvernement allemand a dit "vivement regretter" la décision de la CE.

Il est en conséquence "possible qu'une partie seulement du prêt de (la banque) KfW garanti par l'Etat à Air Berlin soit remboursée", déclare Steffen Seibert, porte-parole du gouvernement, dans un communiqué.

"Le gouvernement fera tout ce qu'il peut pour en limiter le poids auprès du contribuable", ajoute-t-il.

Les administrateurs d'Air Berlin ont déclaré mardi qu'IAG , la maison-mère de British Airways, n'était plus intéressée par Niki et que les discussions avec Condor, la filiale de Thomas Cook, n'avaient pas débouché sur une offre viable. Thomas Cook a refusé de s'exprimer mercredi.

De son côté, le triple champion du monde de Formule 1 Niki Lauda, qui s'était associé avec Condor, s'est dit toujours intéressé par le rachat de Niki. "Bien sûr, Niki m'intéresse toujours", a-t-il déclaré à Reuters, ajoutant que si les discussions était rouvertes, elles le seraient sans doute dans le cadre d'une procédure d'insolvabilité.

"Le prix que l'on doit acquitter pour une compagnie insolvable est inférieur à celui d'une compagnie qui vole toujours", a-t-il dit.

CROISSANCE

Lufthansa pourra sans doute développer sa part de marché en Allemagne même sans Niki, ayant déclaré auparavant vouloir porter la flotte de sa filiale à bas coûts Eurowings de 160 à 210 appareils.

Lufthansa a déclaré mercredi maintenir ses projets et qu'elle se porterait candidate à la reprise des créneaux de Niki qui seraient libérés si elle déposait son bilan.

La compagnie aérienne a investi dans Niki pour que cette dernière puisse poursuivre ses activités jusqu'à ce que son achat soit autorisé. Lufthansa a dit qu'elle consacrerait désormais cet argent à se développer elle-même sur les marchés de Niki.

"(D'un point de vue financier), le résultat est comparable pour le groupe Lufthansa", a-t-elle dit.

Lufthansa a ajouté qu'elle comptait toujours racheter la filiale LGW d'Air Berlin et qu'elle soumettrait une nouvelle proposition à la Commission européenne mercredi.

Le prix de vente de LGW seule est d'environ 18 millions d'euros, a précisé Air Berlin, au lieu de 210 millions d'euros en incluant Niki.

Le gouvernement espérait utiliser le produit de la vente pour récupérer une partie du prêt-relais de 150 millions d'euros accordé à Air Berlin afin de lui permettre d'assurer ses vols pendant la durée des discussions avec les acquéreurs potentiels de certains de ses actifs.

EasyJet va reprendre certaines activités d'Air Berlin à l'aéroport Tegel de Berlin, pour quelque 40 millions d'euros, une opération approuvée mardi par la Commission européenne.

La perte pour l'Etat pourrait donc s'élever à une centaine de millions d'euros. (Victoria Bryan, avec Thomas Escritt et Madeline Chambers et Kirsti Knolle, Wilfrid Exbrayat et Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français)