Les contrats à terme sur les principaux indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en baisse d'au moins 4,5%, ce qui pourrait conduire à une nouvelle activation des coupe-circuits. À Paris, le CAC 40 chute de 10,3% à 3.694,13 points vers 12h20 GMT. L'indice de référence n'était plus repassé sous la barre des 3.700 points depuis juillet 2013.

À Francfort, le Dax perd 8,97% et à Londres, le FTSE cède 6,75%.

L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 recule de 7,79%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro de 9,35% et le Stoxx 600 de 8,9%.

Les plus grandes banques centrales au monde ont multiplié les annonces au cours de ces dernières 24 heures pour tenter de rassurer le monde financier face aux craintes liées au coronavirus, qui a tué au moins 6.509 personnes et en a contaminé 169.444 dans le monde, selon le dernier bilan en date dressé par Reuters.

La Réserve fédérale américaine a notamment abaissé en urgence dimanche l'objectif de taux des "fed funds" de 100 points de base et annoncé le rachat de 700 milliards de dollars de titres. La Banque du Japon a décidé de renforcer sa politique de rachats d'actifs et la Banque centrale européenne, par la voix de Robert Holzmann, l'un des membres de son Conseil des gouverneurs, s'est dite prête à intervenir davantage sur le marché des dettes souveraines si nécessaire.

Mais compte tenu de la dégradation des perspectives économiques mondiales et des mesures de confinement mises en place dans de nombreux pays, ces mesures d'urgence n'apaisent en rien l'anxiété des investisseurs.

"Les banques centrales vont s'attaquer au problème de liquidités. Mais pour le problème humain, macroéconomique, il n'y a rien qu'elles puissent faire. Il est clair que les mesures prises par les banques centrales, quoi qu'elles décident ensuite, ne peuvent empêcher la crise économique de se faire sentir à l'échelle mondiale", a déclaré Kit Juckes chez Société Générale.

Parmi les illustrations du coup d'arrêt brutal porté à l'activité économique par la pandémie, la production industrielle chinoise a subi sur les deux premiers mois de l'année sa contraction la plus sévère depuis 30 ans et les ventes au détail ont nettement reculé, pour la première fois depuis que ces données sont répertoriées.

Le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, a prévenu que l'économie de l'Union européenne tomberait en récession cette année. Les ministres européens des Finances doivent s'entretenir ce lundi par visioconférence et les dirigeants du G7 se parleront à 14h00 GMT par téléphone.

VALEURS EN EUROPE

Côté actions, l'indice de volatilité de l'EuroStoxx 50 a bondi à un plus haut historique, à 90,7, dépassant les niveaux atteints au plus fort de la crise financière de 2008.

La chute des marchés touche l'ensemble des secteurs européens. Parmi les plus touchés, celui du transport aérien et du tourisme, le plus immédiatement affecté par la chute de l'activité, plonge de 14,5%. D'après une note de JPMorgan, le secteur aérien pourrait être confronté à la pire crise de son histoire.

Air France-KLM, EasyJet, IAG et TUI perdent entre 16,4% et 34,2%.

Parmi les compartiments cycliques, l'indice Stoxx européen du secteur et du gaz cède 8,05%, celui des matières premières recule de 8,86%, celui de l'automobile lâche 11,14% et celui de la construction cède 12,95%.

Airbus voit sa valeur boursière fondre de 17,79% et Renault de 19,28%. Les banques BNP Paribas, Crédit agricole, Société générale et Natixis perdent entre 13,4% et 17,7%.

EN ASIE

La Bourse de Tokyo n'est pas parvenue à conserver ses gains de début de séance et a terminé en baisse de 2,46% après les annonces de la Banque du Japon, qui a elle aussi devancé le calendrier prévu de sa réunion de politique monétaire.

En Chine continentale, le CSI 300 des grandes capitalisations a reculé de 4,3% et en Australie, l'indice ASX 200 a chuté de 9,7%, sa plus forte baisse en séance jamais enregistrée.

TAUX

Sur le marché obligataire, les annonces de la Fed favorisent la baisse des rendements des bons du Trésor américain : celui des titres à dix ans recule d'environ 20 points de base pour revenir autour de 0,7845%.

"La Fed en a maintenant fait beaucoup en termes de taux et d'assouplissement quantitatif mais la question sur les marchés est de savoir si la politique monétaire peut résoudre les problèmes créés par le coronavirus", a déclaré John Davies chez Standard Chartered.

La situation est plus compliquée en Europe, où l'aversion au risque continue de creuser les écarts de rendements (spreads): alors que le rendement à dix ans allemand prend cinq points de base à -0,523%, son équivalent français prend neuf points à 0,076% et l'italien près de 17 points à 1,977%.

"L'évolution observée sur les périphériques est principalement liée au sentiment concernant les ratios d'endettement de pays qui, après des années d'assouplissement quantitatif et de soutien des banques centrales dans la zone euro, se dirigent vers une nouvelle crise importante sinon pire que la précédente", explique Matt Cairns, stratège de Rabobank.

CHANGES

Sur le marché des devises, le dollar cède du terrain après la baisse de taux décidée par la Fed: l'indice mesurant les fluctuations du billet vert face à un panier de référence cède 0,8%. La monnaie américaine chute de plus de 2% face au yen.

L'euro, lui, gagne 0,7% face à la monnaie américaine et remonte au-dessus de 1,1180.

PÉTROLE

Dans le sillage des Bourses mondiales, les cours du brut plongent à nouveau: le baril de Brent chute de 10,13% à 30,42 dollars et le brut léger américain perd 2,35 dollars, soit 7,41%, pour retomber sous les 30 dollars.

MÉTAUX

Le prix du cuivre a reculé à un plus bas depuis novembre 2016, à 5.274 dollars la tonne, en raison des craintes d'un fort ralentissement de la demande.

(Edité par Marc Angrand)

par Laetitia Volga