Bank of America a savonné la planche du luxe européen ce matin et donc celle du CAC40, en prônant la prudence sur le secteur. "La faible croissance du chiffre d'affaires du secteur se poursuivra probablement au deuxième semestre 2024 et en 2025, ce qui entraînera une pression sur les marges et une absence de croissance de l'excédent brut d'exploitation", estime la banque américaine dans une note qui entérine un abaissement général des valorisations des sociétés du secteur. Les pressions sont "essentiellement cycliques et non structurelles", explique l'équipe de recherche, qui ajoute que si la faiblesse de la Chine ne fait que commencer, "il y a des pousses vertes aux Etats-Unis".
La valorisation actuelle du secteur est à 20 fois les résultats, soit le bas de la fourchette 20 à 25 fois visible depuis 2016. Mais à ce stade, BofA ne voit pas de catalyseurs de revalorisation. Voici les principales décisions du bureau d'études (entre parenthèses, les petites explications rapides qui vont bien de BofA) :
- LVMH : recommandation abaissée de surperformance à neutre avec un objectif réduit de 950 à 700 EUR. ("référence sectorielle, meilleure gestion et portefeuille de marques").
- Hermès : recommandation maintenue à surperformance avec un objectif réduit de 2800 à 2300 EUR. ("45% des produits sont sur liste d'attente, l'offre augmente, la contribution du prix se maintient").
- Kering : recommandation abaissée de surperformance à neutre avec un objectif réduit de 400 à 265 EUR. ("visibilité limitée sur le redressement de Gucci, qui fait cependant ce qu'il faut pour la marque").
- Compagnie Financière Richemont : recommandation maintenue à neutre avec un objectif réduit de 160 à 130 CHF. ("forte exposition à l'Asie et à la Chine, mais les montres Cartier sont très présentes dans l'UE et aux États-Unis").
- Burberry : recommandation maintenue à sousperformance avec un objectif réduit de 700 à 475 GBX. ("faible dynamique de la marque, incertitude autour de la stratégie et de l'exécution").
- Moncler : recommandation abaissée de surperformance à neutre avec un objectif réduit de 70 à 55 EUR. ("une plus grande variabilité de la base de coûts devrait aider en 2025").
- Hugo Boss : recommandation abaissée de surperformance à neutre avec un objectif réduit de 45 à 40 EUR. ("faible exposition à l'Asie, mais le chiffre d'affaires du commerce de détail est négatif et les marges sont minces").
- Swatch : recommandation maintenue à sousperformance avec un objectif réduit de 175 à 130 CHF. ("catégorie difficile, trop dépendante de l'Asie et de la Chine pour sa croissance").
- Brunello Cucinelli : recommandation maintenue à surperformance avec un objectif réduit de 120 à 100 EUR. ("faible exposition à la Chine, forte exposition à la clientèle la plus aisée et la plus résistante").
- Pandora : recommandation maintenue à surperformance avec un objectif réduit de 1400 à 1300 EUR ("ventes au détail élevées, une exposition limitée à la Chine, une activité importante aux États-Unis").
Pour aller plus loin sur le sujet, jetez un coup d'oeil à la prose de Miss Dubois, qui connaît fort bien ce secteur. Et pour une illustration du déclassement du secteur au sein du CAC40, c'est pas ici.