Prudent sur le plan macroéconomique pour les pays en développement,Charles de Quinsonas, gérant de fonds spécialisé dans la dette émergente chez M&G Investments, est en revanche positif sur la dette des entreprises de ces pays. « Les fondamentaux macroéconomiques des pays émergents sont plus faibles qu’avant la crise de 2013 », a-t-il déclaré en amorce d’une récente présentation.

Il fait remarquer que la dette publique a remonté depuis 2013, atteignant désormais environ 60% du PIB, tandis que les déficits primaires continuent de s'améliorer, mais à un rythme moindre.

En dépit de cet environnement macroéconomique " relativement difficile ", Charles de Quinsonas a une vision favorable de la dette des entreprises de ces pays. Le gérant anticipe la poursuite de l'amélioration des fondamentaux des sociétés en 2019 : leur levier financier a baissé ces dernières années et la couverture des intérêts à tendance à s'améliorer.

La prime qu'elle offre est " toujours intéressante ", juge-t-il. La dette corporate en dollar dans ces pays affiche en effet un spread de 334 points de base par rapport au rendement du 10 ans américains, rémunérant le risque pris.

S'agissant du High Yield, qui représente de 40% à 45% de la classe d'actifs, le niveau du taux de défaut est très faible : 0,74%. Rappelant qu'il s'agit d'un indicateur retardé, le gérant estime qu'il devrait être plus proche de 1% à 1,5% en fin d'année. Ce niveau reste cependant assez faible compte tenu de la rémunération.

Les titres présents dans le fonds affichent en moyenne un rendement de 7,2% pour une duration de 6,5 à 7 ans.

Selon M&G Investments, le principal risque sur cette classe d'actifs est la croissance mondiale, la probabilité d'une mauvaise surprise étant plus importante que celle d'une bonne.

Charles de Quinsonas a rappelé qu'il était important de toujours surveiller les flux entrant ou sortant de cette classe d'actifs. Il a jugé " assez saines " les sorties de capitaux provoquées par les dernières tensions entre les Etats-Unis et le Mexique. " Un signal d'alerte est donnée si tout le monde rentre sur la classe d'actifs ", a expliqué le gérant.

Interrogé sur la raison de présence de plusieurs pays africains, dont la Cote d'Ivoire et le Kenya parmi les plus fortes surpondérations de son portefeuille, Charles de Quinsonas a motivé cette sélection principalement pour une question de valorisation. Il a souligné qu'il s'agissait d'un choix purement " bottom up ".