Né à Angers en 2014, le fonds MCA Entreprendre PME, a intégré notre sélection le mois dernier. Son très fort rebond fin 2020 a donné un coup de fouet décisif à sa performance sur 5 ans, notre critère clé. La vingtaine de millions d’euros est gérée par Olivier Marinot depuis l’origine, ainsi que Mayeul Jouppe qui est récemment venu renforcer la recherche de pépites au sein des plus petites capitalisations françaises. Entretien. 

Olivier Marinot, tout d’abord, parlez-nous de vous et de MCA Finance, une des rares sociétés de gestion indépendantes basée en province…

"J’ai toujours été à l’aise avec ‘les chiffres‘ pendant mes études, ce qui m’a amené progressivement vers la finance… Vers la fin de mes études quand on commençait à parler plus concrètement des métiers, je me suis tout de suite intéressé à celui de gérant car je considère que c’est le plus complet et celui qui a le plus sens. Je peux dire aujourd’hui que ma vision d’étudiant était bonne -c’est d’ailleurs assez rare que je puisse dire ça…-. Un gérant small cap a un impact dans les sociétés dans lesquels il investit -en primaire notamment-, ce qui donne beaucoup de sens à notre travail et le rend passionnant.

Après plusieurs expériences professionnelles en finance, j’ai eu la chance de rencontrer le fondateur de MCA Finance qui m’a fait confiance fin 2015 en me laissant ‘carte blanche’ sur la gestion du fonds ‘MCA Entreprendre PME’. MCA Finance avait créé le fonds début 2014 avec la volonté d’investir dans les PME françaises en privilégiant l’Ouest de la France. La société de gestion étant basé à Angers depuis sa création en 1987, cela tenait à cœur à la direction et aux clients de soutenir l’économie locale. Depuis, le fonds s’est bien développé, et nous investissons partout en France en privilégiant les PME/ETI du grand Ouest."

Processus de gestion du fond (Source : Quantalys)

Le fonds MCA Entreprendre PME fait enfin son entrée dans les hauts de classement avec une magnifique fin d’année 2020. L’année de la révélation de vos pépites ou tout simplement le retour de la value et des microcaps ?

"Nous étions assez bien classés fin 2017 également mais 2018 a été une année catastrophique pour nous. Notre exposition au microcaps nous a beaucoup pénalisé puisque ces dernières ont davantage souffert en Bourse à cause de leur faible liquidité. Fin 2018, de nombreuses PME que nous connaissions bien étaient valorisées à des cours ‘ridicules’. Nous avons ainsi profité de ces faibles niveaux de valorisation pour arbitrer une grosse partie du portefeuille et réaliser une bonne année 2019 (+21,1%) grâce à la revalorisation de ces participations qui s’est prolongée en 2020."

 Le fonds surperforme sa catégorie sur 5 ans (Source : Quantalys)

Comment l'équipe de gestion positionne-t-elle le fonds dans cette période particulière où la crise sanitaire n’en finit pas ?

"Comme à chaque crise la vision des investisseurs devient très court terme. Nous avons donc réalisé de nombreux arbitrages fin mars pour se positionner sur des thématiques comme les jeux vidéo, le e-commerce et le matériel informatique. Puis, fin 2020, nous sommes revenus sur des cycliques en anticipant la reprise du cycle avec une vision un peu plus moyen terme."

Quels sont les derniers arbitrages que vous avez réalisé ?

"Nous revenons progressivement vers une vision long terme sur nos investissements puisque la visibilité revient à mesure que le risque épidémique diminue. Nous avons donc tendance à alléger la thématique des jeux vidéo - Focus Home, Bigben, Don't Nod, Atari - pour renforcer des secteurs très impactés par la Covid : Hopscotch Groupe, Groupe Partouche, Paragon ID, GL Events."

Quel est le principal point fort et point faible de deux des toutes premières positions du fonds ?

"Commençons par Reworld Media. Son point fort est la capacité du management à réaliser de belles acquisitions en améliorant les marges dans les années qui suivent. Le point faible est la communication financière qui n'est pas au niveau de ce que la société est devenue aujourd'hui.

Autre conviction forte : Cafom. Le point fort est la ‘vente’ de la filiale Habitat qui générait des pertes et ne permettait pas aux deux autres activités d’être vues à leurs justes valeurs. Le point faible est la taille limitée du flottant qui engendre une liquidité réduite."

Le fonds relativement à sa catégorie : point bleu sur le graphique de droite (Source : Quantalys)

En quoi investissez-vous de façon responsable les capitaux que l’on vous confie ?

"Nous participons régulièrement à des augmentations de capital qui permettent de financer nos PME/ETI françaises. Récemment nous avons participé aux placements privés d’Atari, Biosynex, Don't Nod et Energisme. Nous privilégions les secteurs qui sont sur des tendances porteuses et qui ont très souvent de bonnes notations ESG."

Composition du portefeuille à fin 2020