* Le président déplore l'échec de la formation d'un gouvernement

* Tous les dirigeants libanais sont fautifs à ses yeux

* Le Hezbollah "ne doit pas se croire plus fort qu'il ne l'est"

* Macron donne rendez-vous dans quatre à six semaines

PARIS, 27 septembre (Reuters) - Emmanuel Macron a vivement déploré dimanche l'échec de la formation d'un gouvernement au Liban, dénonçant une "trahison collective" des engagements pris par l'ensemble des parties, au risque de déstabiliser le pays et toute la région.

Le président français a dans le même temps donné quatre à six semaines aux responsables libanais pour former un gouvernement de mission.

Emmanuel Macron s'exprimait devant la presse à l'Elysée au lendemain de la démission du Premier ministre libanais désigné, Mustapha Adib, qui a échoué à installer un gouvernement prêt à réformer un pays politiquement et économiquement exsangue.

"Les forces politiques libanaises, leurs dirigeants, les dirigeants des institutions libanaises n'ont pas souhaité clairement, résolument, explicitement, respecter l'engagement pris devant la France et la communauté internationale", a dit Emmanuel Macron.

Prenant "acte de cette trahison collective", il a accusé la classe politique libanaise de "privilégier les intérêts partisans et individuels au détriment de l'intérêt général du pays."

Le dirigeant français, qui s'est rendu deux fois au Liban depuis l'explosion du 4 août dans le port de Beyrouth, avait donné aux partis politiques libanais jusqu'au 15 septembre pour se décider. Ils ont échoué en raison notamment de l'insistance du Hezbollah et de ses alliés du mouvement chiite Amal à obtenir le ministère des Finances.

"Le Hezbollah ne peut en même temps être une armée en guerre contre Israël, une milice déchaînée contre les civils en Syrie et un parti respectable au Liban", a dit Emmanuel Macron à propos du parti chiite, relais de Téhéran au Liban. "Il ne doit pas se croire plus fort qu'il ne l'est et c'est à lui de démontrer qu'il respecte les Libanais dans leur ensemble."

CONFÉRENCE D'AIDE À PARIS

Emmanuel Macron a écarté l'idée de prononcer "à ce stade" des sanctions à l'encontre des dirigeants libanais, jugeant que "ça ne servirait à rien, parce que ceux qui ont bloqué aujourd'hui n'ont rien à faire de sanctions que la France pourrait émettre."

Le président français a donné quatre à six semaines aux responsables libanais pour former un gouvernement de mission.

"D'ici quelques semaines, c'est-à-dire à l'horizon d'un mois, un mois et demi, nous serons obligés de faire le bilan de ces avancées internes et internationales", a-t-il dit.

Le président a dit vouloir maintenir la pression pour éloigner le spectre d'une "guerre civile" ou d'un "retour à un gouvernement de profiteurs".

La France reste engagée aux côtés du peuple libanais et elle continue de défendre sa feuille de route, a-t-il ajouté, confirmant l'organisation d'une conférence d'aide en octobre à Paris en lien avec les Nations unies.

"Nous veillerons à la transparence et au suivi des aides."

Emmanuel Macron doit également réunir "d'ici 20 jours" le groupe international de soutien au Liban pour clarifier la feuille de route et la stratégie. Il a aussi fait part de son intention d'avoir un contact "bilatéral" avec l'Iran. (Elizabeth Pineau avec Matthias Blamont, édité par Benjamin Mallet)