* Première visite d'Etat d'un dirigeant étranger

* Message subliminal sur le climat avec le chêne

* La question de l'Iran en toile de fond

par Marine Pennetier

WASHINGTON, 23 avril (Reuters) - Emmanuel Macron est arrivé lundi à Washington pour une visite d'Etat de trois jours que la France et les Etats-Unis veulent riche en symboles et en démonstration d'amitié en dépit des divergences persistantes sur l'Iran, le commerce et le climat entre les deux pays alliés.

"Cette visite est très importante dans le contexte qui est le nôtre aujourd'hui, avec beaucoup d'incertitudes, beaucoup de troubles et parfois beaucoup de menaces", a déclaré le chef de l'Etat français à son arrivée sur la base aérienne d’Andrews.

"Nous avons les Etats Unis comme la France une responsabilité toute particulière (...) nous sommes les garants du multilatéralisme contemporain et je crois que nous avons à travers ces échanges beaucoup de décisions à prendre et à préparer", a-t-il ajouté, avant de prendre avec son épouse Brigitte la direction de la Maison blanche où ils doivent être reçus par Donald et Melania Trump.

Cette première rencontre - la sixième entre les deux dirigeants depuis leur accession au pouvoir en 2017 - sera marquée par le don d'un chêne issu du bois Belleau (Aisne), lieu emblématique d'une bataille de 1918 des forces américaines contre les troupes allemandes.

Au-delà de l'aspect militaire, ce cadeau sera l'occasion pour Emmanuel Macron de faire passer un nouveau "message" à son homologue américain, près d'un an après sa décision de se retirer de l'accord de Paris sur le climat.

Après la plantation du chêne dans le jardin de la Maison blanche, les deux couples s'envoleront à bord de l'hélicoptère présidentiel Marine One vers Mount Vernon, résidence historique du premier président américain George Washington, pour un dîner privé dans ce lieu symbole de l'amitié franco-américaine.

La visite se poursuivra mardi par un entretien dans le bureau Ovale, un déjeuner au département d'Etat, une rencontre avec des PDG français et américains, une visite au cimetière d'Arlington et le dîner d'Etat très attendu à la Maison blanche.

"Après des mois de préparation, le président américain et moi-même sommes impatients d'accueillir notre premier dîner d'Etat avec la France", a écrit Melania Trump sur son compte Twitter lundi avec une vidéo des derniers préparatifs.

Au menu, selon les services de la Première dame, légumes issus du potager de la Maison blanche, agneau cuisiné selon la tradition de la Nouvelle Orléans et tarte à la nectarine infusée au miel de la Maison blanche.

Mercredi, Emmanuel Macron s'exprimera devant le Congrès américain avant un "échange libre" avec des étudiants.

"DERNIÈRE CHANCE DE CONVAINCRE" TRUMP

Neuf mois après la visite de Donald Trump à Paris, marquée par le dîner en haut de la Tour Eiffel et le défilé militaire du 14-Juillet, cette visite d'Etat fait figure d'acte II dans la lune de miel prolongée entre Donald Trump et Emmanuel Macron.

En l'espace d'un an, les deux dirigeants qui sont arrivés au pouvoir en déjouant tous les pronostics et qui se décrivent comme des "francs-tireurs" sont parvenus à construire une relation "étroite" au gré de leurs rencontres et de leur vingtaine d'échanges téléphoniques, souligne-t-on à l'Elysée.

Les résultats concrets de cette "relation personnelle forte" restent toutefois limités aux yeux des observateurs. Pour la presse américaine, la venue d'Emmanuel Macron fait figure de test et constitue un "moment de vérité" à l'approche de deux échéances internationales cruciales - le 1er mai sur l'expiration de l'exemption des tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium et le 12 mais sur l'accord nucléaire iranien que Donald Trump menace de "déchirer".

"Après une année d'offensive de charme, Emmanuel Macron a gagné une visite à Washington" mais n'est pas parvenu à obtenir pour l'heure de résultats concrets, estime de son côté le New York Times.

A Paris, la prudence est de mise. La visite d'Etat n'a pas vocation à "engranger des accords" mais à passer des messages, dit-on à l'Elysée.

Y compris via la composition de la délégation économique et culturelle qui accompagne le chef de l'Etat au sein de laquelle Thomas Pesquet figure - l'astronaute français a jugé à plusieurs reprises le retrait américain de l'accord de Paris sur le climat "irresponsable". (Edité par Yves Clarisse)