PARIS, 21 novembre (Reuters) - Le président français
Emmanuel Macron accueillera lundi certains des plus grands
industriels européens lors d'un dîner à l'Élysée afin de les
inciter à ne pas délocaliser leur production aux États-Unis, où
la baisse des prix de l'énergie et les subventions aux
entreprises contre l'inflation se révèlent de plus en plus
tentantes.
Les dirigeants européens se sont alarmés de la loi sur la
réduction de l'inflation ("Inflation Reduction Act") adoptée par
l'administration de Joe Biden, qui limite les allègements
fiscaux aux produits fabriqués aux États-Unis, une condition
qui, selon les patrons européens, nuit à la compétitivité des
investissements en Europe.
"Nous avons des difficultés avec des entreprises qui
commencent à réfléchir soit à délocaliser leur production, soit
à réaliser leurs futurs investissements ailleurs qu'en Europe",
indique-t-on à l'Élysée, citant comme raisons les coûts élevés
de l'énergie et la législation américaine.
Macron cherchera à convaincre les dirigeants d'entreprises,
dont les groupes chimiques Solvay et Air Liquide
, les constructeurs automobiles Volvo et BMW
, le géant pharmaceutique AstraZeneca et les
groupes de télécommunications Ericsson et Orange
, de rester en Europe et de choisir la France pour
leurs futurs investissements.
Emmanuel Macron, qui a demandé à l'Union européenne de
lancer son propre "European Buy Act" pour subventionner la
production européenne, s'est heurté à la résistance des membres
les plus anti-protectionnistes du bloc.
L’Élysée n'a pas indiqué si le président ferait de
nouvelles annonces pour convaincre les entreprises de ne pas
délocaliser leur production aux États-Unis.
Le gouvernement français a dévoilé ce week-end un nouveau
dispositif pour soutenir les entreprises confrontées à la hausse
des prix de l'électricité et du gaz, un plan qui prévoit
notamment d'élargir le nombre de sociétés susceptibles de
bénéficier du soutien public, de réduire les critères
d'admissibilité et les délais de paiement.
Les entreprises européennes lancent des avertissements de
plus en plus marqués quant à l'impact de la flambée des prix de
l'énergie depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Le PDG de Dassault Aviation, Eric Trappier, qui
dirige l'Union des industries et des métiers de la métallurgie
(UIMM), a dit ce week-end dans le journal Les Echos que l'Europe
devrait protéger sa propre industrie avec plus de détermination.
"Je connais plusieurs industriels qui me disent regretter
leur investissement fait il y a six mois, qu'ils n'auraient pas
fait s'ils avaient connu l'évolution du prix de l'énergie. Je le
prends comme un premier signal qui n'augure rien de bon", a-t-il
déclaré.
(Reportage Michel Rose, version française Diana Mandiá, édité
par Kate Entringer)