* Opération séduction pour plus de 150 chefs d'entreprise

* Macron veut réformer encore, malgré la crise des "Gilets jaunes"

* Plus de 600 millions d'euros d'investissements dévoilés (Complété avec déroulé des discussions, propos de Macron)

VERSAILLES, Yvelines, 21 janvier (Reuters) - Emmanuel Macron a réuni ce lundi plus de 150 chefs d'entreprise, dont de nombreuses multinationales, au château de Versailles (Yvelines) pour les convaincre d'investir en France malgré la crise des "Gilets jaunes".

Des décisions d'investissements représentant plus de 600 millions d'euros ont été dévoilées à l'occasion de ce deuxième sommet "Choose France", et d'autres devraient être rapidement actées, a annoncé la présidence de la République.

Après des semaines de manifestations et de violences, le chef de l'Etat a assuré ces chefs d'entreprise de sa volonté de continuer à réformer son pays, tout en écoutant les revendications des Français.

En ce jour anniversaire de la décapitation du roi Louis XVI, le président est revenu sur le destin tragique de ce monarque et de son épouse Marie-Antoinette. "S'ils ont connu une telle fin, c'est parce qu'ils ont renoncé à réformer", a-t-il déclaré, selon l'Elysée.

Le chef de l'Etat est ensuite longuement revenu sur son agenda de réformes, passées et à venir, avant un échange en anglais avec ses hôtes.

Le président s'est dit "heureux de les avoir rassemblés pour confirmer que la France est sur les rails des réformes", rappelant les secteurs déjà concernés et ceux à venir : Etat et action publique, assurance chômage et retraites notamment.

Il a aussi appelé de ses voeux un changement culturel en France, "pays d'innovation, de création", où "nous avons besoin de plus de personnes prêtes à prendre des risques".

"BÂTIR UN PROJET DE SOCIÉTÉ INCLUSIF"

Alors qu'Emmanuel Macron bénéficiait d'un bilan largement applaudi par les milieux économiques internationaux l'an dernier, les violences des dernières semaines ont fait naître des interrogations.

Rien à voir, veut cependant croire la présidence, avec l'incertitude liée au Brexit au Royaume-Uni, où les Français ont ciblé 30 à 50 entreprises - dans l'automobile ou la pharmacie notamment - qu'ils espèrent voir investir en France pour atténuer l'impact de la sortie du pays de l'Union européenne.

La présidence avait reconnu la semaine dernière qu'"on est dans un moment du quinquennat qui, sur le plan national, est plus difficile et qui nécessite une explication".

A Versailles, Emmanuel Macron a décrit les manifestants comme "des gens qui contribuent, qui paient des impôts mais qui ne voient pas de progrès pour eux-mêmes".

A ses yeux, "bâtir un projet de société inclusif" reste la question-clé. "Si nous ne le faisons pas, notre modèle de société va s'effondrer", a-t-il prévenu.

Pour rassurer son auditoire, Emmanuel Macron a dit sa volonté de "continuer à promouvoir la stabilité" sans remettre en cause le travail accompli sous sa houlette. "La solution à la crise n'est pas de revenir sur ce que nous avons fait pendant 18 mois", a-t-il dit, toujours selon son entourage.

Après un déjeuner autour du Premier ministre, Edouard Philippe, les chefs d'entreprise se sont entretenus entre eux ou avec les 24 membres de gouvernement présents - plus de 400 rencontres bilatérales sont programmées - et, pour certains, avec Emmanuel Macron et Edouard Philippe.

Des ateliers thématiques ont été organisés, sur le Brexit par exemple.

Près de 120 chefs d'entreprise étrangers ont confirmé leur participation. Étaient par exemple présents les numéros un - ou exceptionnellement d'autres dirigeants - de Microsoft, Uber, Snap, Ikea, Cisco, Procter & Gamble, General Electric, JPMorgan , HSBC, Allianz, Bayer, BMW , Daimler, Fujitsu ou Toyota Motor .

ENCADRE Plus de E600 mlns d'investissements annoncés pour "Choose France" (Jean-Baptiste Vey, Elizabeth Pineau et Michel Rose à Paris, avec Reuters TV à Versailles, édité par Yves Clarisse)