Zurich (awp) - L'embellie dont profite l'économie suisse ces derniers mois est encourageante mais encore fragile, à en croire les économistes de Credit Suisse. Certains secteurs durement touchés par la pandémie de coronavirus, comme la restauration, continuent de souffrir. Assez soutenue jusqu'ici, la consommation privée devrait se tasser.

Sur la base de ces observations, le numéro deux bancaire helvétique a reconduit ses prévisions de croissance du PIB de 3,5% pour l'année en cours. Pour 2022, un ralentissement conjoncturel est attendu, avec une progression estimée de 2,0% du PIB, indique mardi Credit Suisse, qui publie son "Moniteur" trimestriel.

Pour certains pans de l'économie, principalement l'industrie manufacturière, le gros de la tempête Covid-19 semble passé, soulignent les économistes de la grande banque, constatant que le "boom" du secteur se poursuit. Le développement conjoncturel globalement favorable ne doit cependant pas faire oublier certaines branches encore en difficulté.

Le tourisme, la restauration et l'événementiel ont payé un lourd tribut à la crise sanitaire et peinent à se remettre en selle. Les deux premières citées ont perdu respectivement 67% et 40% de leur chiffre d'affaires en 2020, les régions lémanique et de Zurich ayant souffert davantage, faute de visiteurs étrangers, rappelle la banque.

Mais même dans ce groupe, le bilan du coronavirus est contrasté. La parahôtellerie a tenu bon grâce à un nouvel afflux de touristes suisses tandis que la restauration à l'emporter a profité d'une forte demande suite à la fermeture des établissements "traditionnels". Les mesures gouvernementales de soutien ont par ailleurs évité une vague de faillites, affirment les économistes de Credit Suisse.

Economiser plutôt que consommer

La période de vaches maigres devrait bientôt se terminer, malgré les restrictions encore imposées aux clubs, discothèques et locaux de danse. Le numéro deux bancaire helvétique anticipe un rebond du chiffre d'affaires pour la branche sans toutefois promettre de miracle: un retour rapide aux niveaux d'avant crise n'est pas envisagé.

Les spécialistes de Credit Suisse émettent également des réserves concernant la consommation privée, qui a retrouvé des couleurs dans le sillage des réouvertures décidées au début du printemps. Ce mouvement devrait être de courte durée, une partie des économies réalisées durant le semi-confinement devraient se transformer en bas de laine en prévision de jours difficiles. Un retour à la normale de la consommation privée est attendu pour cet automne.

Les entreprises resteraient d'ailleurs sceptiques quant aux perspectives d'une reprise durable, les créations d'emploi n'ayant pas explosé durant la récente reprise conjoncturelle.

Malgré une économie encore convalescente, la Banque nationale suisse (BNS) préparerait en coulisses un resserrement progressif de sa politique monétaire. Selon les estimations des économistes de Credit Suisse, l'institut d'émission a vendu des devises étrangères, vraisemblablement pour "tester le marché" plutôt que pour affaiblir le franc. Les taux directeurs ne devraient cependant pas bouger avant fin 2022, selon le communiqué.

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