(Précisions, réaction de Sanchez)

MADRID, 10 février (Reuters) - Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dimanche à Madrid à l'appel de la droite et du centre-droit pour protester contre la volonté du chef du gouvernement Pedro Sanchez d'organiser des discussions destinées à apaiser les tensions avec la Catalogne.

Les manifestants - 45.000, selon les organisateurs - brandissant des drapeaux espagnols ont rempli la Plaza de Colon (place Christophe Colomb), dans le centre de la capitale pour défendre "l'unité de l'Espagne" et réclamer la tenue d'élections législatives anticipées.

Le gouvernement socialiste minoritaire a proposé mardi d'organiser des réunions bilatérales entre l'administration centrale et celle de Catalogne, ainsi que la mise en place d'une instance de coordination.

Cette offre de dialogue a été rejetée par les partis indépendantistes catalans tout en galvanisant l'opposition de droite.

Les conservateurs du Parti populaire (PP), les centristes de Ciudadanos et la formation d'extrême droite Vox appelaient tous les trois à manifester ce dimanche contre la "trahison" de Pedro Sanchez.

"L'heure du gouvernement Sanchez a sonné", a déclaré le chef de file du PP, Pablo Casado, pendant la manifestation.

L'ancien Premier ministre français Manuel Valls, candidat de Ciudadanos à la mairie de Barcelone, a également participé au rassemblement, expliquant sur son compte Twitter avoir voulu défendre la "démocratie".

Pedro Sanchez a rejeté les accusations de ses adversaires lors d'un meeting dimanche à Santander. "Le gouvernement oeuvre à l'unité de l'Espagne et cela signifie unifier les Espagnols et non pas les monter les uns contre les autres comme le fait la droite aujourd'hui place Colomb", a-t-il déclaré.

Le dirigeant socialiste, arrivé au pouvoir en juin dernier après le vote d'une motion de censure contre le conservateur Mariano Rajoy, ne peut s'appuyer que sur un quart des sièges au Parlement, ce qui le place en position délicate avant le vote, mercredi, de son projet de budget 2019.

S'il ne fait pas le plein de voix auprès des séparatistes catalans et de Podemos (extrême gauche), Pedro Sanchez verra son budget retoqué et devra probablement se résigner à convoquer des législatives anticipées avant l'échéance normalement prévue en 2020.

Fait aggravant, le procès de 12 dirigeants indépendantistes accusés de sédition s'ouvrira mardi à Madrid. Le ministère public espagnol pourrait requérir jusqu'à 25 ans de prison pour le rôle que ces leaders ont joué dans la tentative d'accession à l'indépendance menée en 2017. (Ingrid Melander et Miguel Gutierrez Tangi Salaün pour le service français)