par Tarek Amara

TUNIS, 26 septembre (Reuters) - Plus de 3.000 Tunisiens ont manifesté dimanche dans les rues de Tunis pour demander la démission du président Kaïs Saïed, qu'ils accusent de dérive autocratique, a constaté un journaliste de Reuters.

Kaïs Saïed, qui s'est octroyé les pleins pouvoirs fin juillet en limogeant le Premier ministre et en prononçant la dissolution du Parlement, a encore assis son emprise cette semaine en modifiant par décret les règles constitutionnelles pour concentrer davantage de pouvoirs entre ses mains.

Depuis son élection en 2019 au terme d'un scrutin marqué par un fort rejet du système en place depuis la "révolution de Jasmin" qui renversa l'autocrate Zine el Abidine ben Ali en 2011, Kaïs Saïed n'a eu de cesse de dénoncer une "élite" politique qu'il qualifie de "traître" ou de "vendue", en y opposant la volonté du peuple.

La reprise en main du pays par le chef de l'Etat, d'abord applaudie par la rue, lassée de la corruption, des difficultés économiques et de l'inefficacité des services publics, inquiète de plus en plus de Tunisiens.

"Le peuple veut la fin du coup d'Etat", "démission", ont scandé dimanche des manifestants rassemblés sur l'avenue Habib Bourguiba, épicentre de la révolution de 2011, en présence d'un important dispositif policier.

Pour Nadia Ben Salem, qui a parcouru 500 km depuis le sud du pays pour crier sa colère, la modification de la Constitution rédigée en 2014 est une "ligne rouge". "Nous allons protéger la démocratie", a-t-elle affirmé.

Le puissant syndicat des travailleurs et plusieurs partis politiques, dont les islamistes d'Ennahda, ont condamné la dernière initiative de Kaïs Saïed, dénonçant notamment un "coup de force contre la légitimité démocratique" et appelant les Tunisiens à se mobiliser contre le chef de l'Etat.

L'ancien professeur de droit constitutionnel, âgé de 63 ans, a en revanche reçu l'appui de trois pays arabes qui s'inquiètent de l'influence de l'islam politique et ont activement contribué au processus contre-révolutionnaire après les "printemps arabes" de 2011, l'Egypte, l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis. (Reportage de Tarek Amara, écrit par Michael Georgy, version française Tangi Salaün)