VARSOVIE/GDYNIA, 23 octobre (Reuters) - Des milliers de personnes ont manifesté vendredi dans toute la Pologne, en dépit des restrictions liées au coronavirus, au lendemain d'une décision du Tribunal constitutionnel limitant le recours, déjà restreint dans le pays, à l'avortement.

L'organe constitutionnel a invalidé jeudi une disposition autorisant l’interruption volontaire de grossesse (IVG) en cas de malformation du foetus.

Cette décision interdit l'un des cas les plus courants pour mettre fin légalement à une grossesse dans ce pays à forte tradition catholique.

Selon des images diffusées par la chaîne privée TVN, des milliers de manifestants ont défilé dans les rues de Poznan, Varsovie, Wroclaw et Krakow.

"Les femmes ne sont pas respectées dans ce pays. Personne ne nous écoute", a déclaré Magda, 34 ans, qui manifestait à Gdynia, dans le nord de la Pologne.

Plus d'un millier de personnes se sont rassemblées près de la maison de Jaroslaw Kaczynski, le chef du parti ultraconservateur Droit et justice (PiS) au pouvoir, à Varsovie, pour une deuxième nuit de protestation vendredi, brandissant des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : "Vous avez du sang sur les mains".

Des dizaines de policiers étaient présents et portaient des tenues anti-émeutes.

"J'ai d'abord eu peur, mais je me suis dit, tant pis si j'attrape le coronavirus. J'ai peur pour ma fille, mais je pense que nous n'avons pas le choix. Quelqu'un nous a enlevé cela contre notre volonté", a déclaré Emilia Gwiazda, 46 ans, présente dans les manifestations à Varsovie.

Une fois la décision du Tribunal constitutionnel entrée en vigueur, seul le viol, l'inceste et les risques graves pour la vie ou la santé de la mère pourront justifier une interruption de grossesse. Ces cas ont représenté environ 2% des IVG pratiquées ces dernières années.

Ces manifestations interviennent alors que la Pologne a annoncé vendredi qu'elle allait fermer les restaurants et bars pendant deux semaines et limiter les rassemblements publics à cinq personnes pour faire face à une résurgence de l'épidémie de coronavirus.

(Alicja Ptak et Lewis Macdonald; Blandine Hénault pour la version française)