Les Philippines ont affirmé lundi qu'aucune information ne confirmait la prise de contrôle par Pékin d'un récif disputé en mer de Chine méridionale, après que leurs équipes se sont rendues sur les bancs de sable inoccupés sans y trouver de présence chinoise.
Vendredi, la chaîne d'État chinoise CCTV avait indiqué que les garde-côtes chinois avaient débarqué sur Sandy Cay dans le cadre d'opérations de contrôle maritime visant à exercer leur souveraineté. CCTV n'a toutefois pas mentionné une quelconque occupation du site par la Chine.
CCTV a diffusé des images de quatre membres des garde-côtes, vêtus d'uniformes noirs, brandissant un drapeau chinois après avoir accosté sur Sandy Cay à bord d'un canot pneumatique.
Jonathan Malaya, porte-parole du Conseil national de sécurité philippin, a déclaré lundi que les informations selon lesquelles la Chine aurait pris Sandy Cay étaient fausses, précisant qu'une équipe philippine s'était rendue sur les bancs de sable dimanche et n'y avait trouvé personne.
« Les faits sur le terrain contredisent leurs affirmations », a assuré Malaya.
« Nous sommes ici pour démentir cela et rassurer le public : nous n'avons pas perdu les Pagasa Cays », a-t-il ajouté, utilisant le nom philippin pour ces bancs de sable et qualifiant ces rapports d'« irresponsables ».
LES SPRATLEYS, UN ENJEU STRATÉGIQUE
Les relations entre la Chine et les Philippines, alliées des États-Unis, sont particulièrement tendues en raison de différends persistants autour de zones disputées de la mer de Chine méridionale, où Pékin a déployé une flotte de garde-côtes pour renforcer sa revendication sur presque l'ensemble de la voie maritime.
Manille s'agace du comportement et de la présence permanente des garde-côtes chinois dans sa zone économique exclusive, ainsi que de ce qu'elle considère comme une milice de bateaux de pêche sous contrôle de Pékin.
Sandy Cay se situe à proximité de l'île Thitu, la plus grande et la plus stratégiquement importante des neuf positions occupées par Manille dans l'archipel des Spratleys, où la Malaisie, le Vietnam, Taïwan et la Chine possèdent également des installations, allant de récifs et rochers à des îles naturelles ou artificielles.
Les îles artificielles chinoises abritent notamment des pistes d'atterrissage, des ports et des systèmes de missiles.
Dimanche, les Philippines ont signalé la présence jugée illégale de navires des garde-côtes et de la milice maritime chinoise près de l'île Thitu. Les garde-côtes chinois ont répliqué en qualifiant la présence philippine d'illégale.
Jonathan Malaya a appelé la Chine à la retenue afin d'éviter toute escalade, rappelant à Pékin qu'un accord conclu en 2002 avec ses voisins d'Asie du Sud-Est prévoyait de ne pas occuper de nouvelles entités inhabitées.
Cette nouvelle passe d'armes intervient alors que les Philippines et la Chine s'accusent mutuellement d'espionnage et de désinformation, alimentant davantage les tensions diplomatiques.
Les Philippines enquêtent actuellement sur des allégations de leur conseil de sécurité selon lesquelles des groupes soutenus par l'État chinois pourraient tenter d'influencer le résultat des élections de mi-mandat prévues le mois prochain, ce que Pékin a catégoriquement rejeté.