Zurich (awp/afp) - La Banque des règlements internationaux (BRI) a souligné la margé étroite des banques centrales pour revenir à la normale, après les récentes secousses sur les marchés financiers, selon son rapport trimestriel publié dimanche.

Les turbulences, qui ont secoué les marchés financiers en octobre puis en décembre, sont liées à la fois aux signaux contrastés envoyés par l'économie mondiale, au durcissement des conditions financières mais aussi aux inquiétudes politiques, relève le rapport.

Face à ces secousses, les banques centrales ont une marge étroite dans leurs efforts de normalisation des politiques monétaires, a pointé cette institution considérée comme la banque centrale des banques centrales.

"Les tensions que nous avons observées ce trimestre sur les marchés ne sont pas un événement isolé", a insisté Claudio Borio, chef du département monétaire et économique, lors d'une conférence téléphonique.

"Le retour à la normale des politiques monétaires va nécessairement s'avérer difficile, notamment dans un contexte de tensions commerciales et d'incertitudes politiques", a-t-il ajouté.

Les tensions ont débuté en octobre à la suite de l'inquiétude des investisseurs concernant le rythme de resserrement des taux d'intérêt mené par la Réserve fédérale américaine (Fed) mais aussi des préoccupations sur la croissance mondiale.

"L'inquiétude s'est accrue lorsque la courbe des rendements s'est aplatie, et inversée sur la partie courte,", a analysé Claudio Borio, soulignant que cette évolution est "souvent considérée comme annonciatrice d'une récession imminente".

Sur les marchés d'actions, les corrections ont touché en particulier les entreprises technologiques et valeurs industrielles aux Etats-Unis, le mouvement affectant surtout les banques en Europe. Les économies émergentes ont également été affectées, dans une moindre mesure toutefois, en partie en raison du mouvement de correction déjà subi au trimestre précédent.

Or ces mouvements sont intervenus sur fond de tensions sur les bilans des entreprises, leurs dettes se situant à des niveaux élevés. Claudio Borio a noté en particulier le poids important des obligations notées BBB aux Etats-Unis, soit juste un cran au-dessus du statut d'obligation à haut risque, qui "plane tel un nuage noir au-dessus des investisseurs".

"Ces fragilités financières", a-t-il mis en garde, "méritent d'être surveillées de près". Si l'inflation devait à un moment donné accélérer plus vite que prévu, ces fragilités affaibliraient encore davantage une économie déjà aux prises avec des taux d'intérêt en hausse, a-t-il argumenté.

De surcroît, le ralentissement économique du début des années 1980 est "davantage été dû à un boom des marchés financiers qui a mal tourné qu'à des resserrements monétaires" visant à contenir l'inflation, a-t-il souligné.

afp/rp