Il est bien connu que lorsque la Chine éternue, c’est tout le secteur minier, et plus globalement des matières premières, qui se grippe. Le confinement imposé par Pékin en début d’année a donc fait l’effet d’une bombe sur les cours des métaux industriels, en atteste la baisse des cours du cuivre de près de 25% depuis le 1er janvier, avant que les autorités chinoises fassent preuve de plus de souplesse sur le déconfinement de son industrie. Dans ce contexte et vous vous en doutez, les sociétés minières, qu’elles soient diversifiées ou spécialisées (à l’exception des minières aurifères mais j’y reviendrai) n’ont pas brillé du fait de la corrélation de leur cours de bourse aux prix des métaux de base. 

Parmi les géants miniers, les performances annuelles sont évidemment négatives et s’étalent de -30% pour Glencore et Freeport a -5% pour Rio Tinto ; après une division par deux des valorisations boursières pour certains. Pour autant, ce triste bilan ne décourage pas les gérants d’Amiral Gestion, qui relèvent un environnement macroéconomique favorable à l’appréciation des hard commodities. Ces derniers jettent notamment leur dévolu sur le cuivre, mais aussi sur des métaux précieux comme l’or et le palladium.

S’il est aisé de se positionner à l’achat sur la relique barbare, qui jouit d’un environnement qui lui est favorable (taux réel négatif, aversion au risque, achat de banques centrales et guerre commerciale etc. Si vous ne connaissez pas le refrain, vous trouverez plus d’informations ici : Gold : et à la fin, c’est l’or qui en profite) ainsi que sur le palladium (marché étroit qui bénéficie d’une demande soutenue), se montrer optimiste sur les cours du cuivre demeure moins évident. La société de gestion rappelle que le cuivre bénéficiera d’une demande soutenue, portée par l’essor des véhicules électriques et le développement du secteur des énergies renouvelables, gourmands en divers métaux. En parallèle, de nombreuses contraintes pèsent sur l’offre, faisant craindre un déséquilibre offre/demande, déséquilibre qui devra être résorbé par une hausse des prix.

A ce titre, Jefferies résume très bien ces zones d’ombre planant sur l’offre des métaux de base. Dans son dernier rapport dédié aux métaux industriels, la banque d’investissement pointe du doigt la baisse généralisée des dépenses d’investissement, qui n’est autre que la conséquence d’une restructuration au forceps de toute une filière, dictée par une grande priorité : l’assainissement des bilans. Ce déficit d’investissement pèsera sur la croissance de l’offre minière et créera tôt ou tard des tensions sur les prix.

La réponse de l’offre sera ainsi très lente, d’autant plus sur le segment des métaux de base où les nouveaux projets nécessitent un besoin en capitaux considérable (alors que les budgets sont réduits) et prennent plusieurs années à se finaliser. C’est pourquoi Jefferies voit le marché se resserrer à partir de 2022, en insistant sur le fait que les prix devront être plus élevés pour permettre le développement d’une vague de grands projets miniers.

Ce cocktail, composé d’une baisse chronique des dépenses d’investissement et d’une hausse des prix des métaux qui en découle, pourrait profiter aux compagnies minières, dont les bilans se sont considérablement améliorés ces dernières années. Jefferies recommande ainsi à l’achat Anglo American, First Quantum, Freeport-McMoRan, Rio Tinto ou encore le brésilien Vale ; tout en concluant que ce contexte n’aura pas la même saveur pour tous les acteurs de la filière, puisque les équipementiers, plus en amont dans la chaîne de valeurs (Caterpillar, Komatsu, Weir Group), continueront à souffrir de la baisse des dépenses d’investissement.

Pour aller plus loin et si vous présentez un goût prononcé pour les minières évoluant dans des filières stratégiques (cobalt, lithium, terres rares…) ou spécialisées dans l’extraction d’or et d’argent, vous trouverez, parmi notre recueil de Listes thématiques, deux sélections dédiées :