LONDRES, 21 octobre (Reuters) - Theresa May, qui doit informer lundi le Parlement britannique sur l'état des négociations avec Bruxelles, dira aux élus que l'accord de retrait de l'Union européenne est prêt à 95% mais qu'elle s'oppose toujours à la proposition des Européens sur la question de la frontière irlandaise.

La Première ministre britannique, à cinq mois à peine de la date fixée pour le divorce, le 29 mars à 23h00 GMT, devrait aussi s'attacher à calmer les passions dans une Chambre des communes chauffée à blanc où sa stratégie de négociation ulcère les eurosceptiques autant que les europhiles.

D'après des extraits de son discours diffusés dimanche en fin de soirée, Theresa May soulignera l'ampleur des progrès accomplis depuis le début des négociations avec Bruxelles. Elle notera ainsi que dans les trois dernières semaines, un terrain d'entente a été trouvé sur Gibraltar, territoire britannique à l'extrémité de l'Espagne, ou bien encore sur les relations futures en matière de sécurité.

"En prenant tout cela dans son ensemble, 95% de l'accord de retrait et de ses protocoles sont désormais réglés. La forme de l'accord sur la vaste majorité de l'accord de retrait est désormais clair", dira-t-elle.

En revanche, sur la question de la frontière irlandaise, vitale pour la suite, elle ne pourra que constater l'impasse.

"Comme je l'ai énoncé la semaine dernière (ndlr, lors du conseil européen de Bruxelles), la proposition initiale de l'UE sur le 'backstop' était une proposition que nous ne pouvions pas accepter, puisqu'elle signifiait la création d'une frontière douanière en mer d'Irlande et la dislocation de l'intégrité du Royaume-Uni", dira-t-elle.

"Je ne pense pas qu'aucun Premier ministre du Royaume-Uni puisse jamais accepter cela. Et je ne l'accepterai certainement pas", poursuivra-t-elle.

Ce "backstop", ou filet de sécurité, est une clause de sauvegarde que les Européens veulent insérer dans l'accord de retrait pour éviter le rétablissement d'une frontière physique sur l'île d'Irlande, entre la république d'Irlande et la province britannique d'Irlande du Nord.

L'objectif, partagé par Londres, est de préserver les acquis des accords de paix de 1998 qui ont mis fin à trente ans de violences confessionnelles en Irlande du Nord. La solution du "backstop" ne s'appliquerait, comme une garantie, que si Londres et Bruxelles ne parvenaient pas à s'accorder sur une meilleure solution lorsqu'il s'agira de négocier leurs relations futures. (Elizabeth Piper Henri-Pierre André pour le service français)