"Daimler adapte ses prévisions de résultats". Le groupe de Stuttgart s'est employé, jusque dans le titre du communiqué diffusé hier soir, à minimiser la portée d'une annonce qui fait déjà couler beaucoup d'encre. En premier lieu parce que les puissants constructeurs allemands haut de gamme n'ont pas vraiment l'habitude de décevoir leurs actionnaires. Ensuite, parce qu'ils sont rarement les premiers à souffrir des grands bouleversements macroéconomiques. En l'occurrence, une série de facteurs est à l'origine de la révision des objectifs, mais c'est le passage sur la montée des barrières douanières qui attire le plus l'attention.

La manne chinoise en question

Daimler explique que la division Mercedes-Benz Cars va vendre moins de SUV que prévu et qu'elle est pénalisée par l'inflation des coûts qui ne peuvent être intégralement transférés sur les clients. Une situation justifiée "en grande partie" par l'accroissement des taxes à l'importation de véhicules produits aux Etats-Unis sur le marché chinois : les classes supérieures locales sont friandes de gros véhicules allemands, qu'elles paient fort cher. L'usine Mercedes de Tuscaloosa, dans l'Alabama, qui a produit plus de 286 000 véhicules l'année dernière, en vend près des trois-quarts à l'étranger. D'ailleurs, Mercedes-Benz US International est le second exportateur automobile américain, n'en déplaise à Donald Trump qui aurait récemment déclaré en privé ne plus vouloir de Mercedes sur la 5ème Avenue de New York.

Le groupe a bien tenté de rediriger ses flux, mais cela ne suffira pas à sauver les objectifs. Au-delà de la question des barrières douanières, Daimler est aussi pénalisé par des surcoûts liés aux nouvelles normes mondiales de certification et aux rappels d'utilitaires équipés de moteurs diesel, une affaire qui avait été abondamment commentée il y a peu, en relation avec la fourniture de moteurs par Renault. Enfin, le marché des autocars souffre en Amérique Latine.

Par conséquent, le résultat opérationnel du groupe (EBIT) sera légèrement inférieur à celui de l'année précédente, alors qu'il aurait dû légèrement progresser. Dans le détail, l'EBIT de Mercedes-Benz Cars sera en légère baisse, celui de Mercedes-Benz Vans en net recul et celui de Daimler Buses proche de celui de 2017.
 

Performances des indices Stoxx Europe 600 par secteur sur un mois (Source Bloomberg)

Le graphique ci-dessus montre le comportement des indices sectoriels depuis un mois en Europe. La nouvelle du jour risque de maintenir la pression sur l'écosystème automobile allemand et par ricochet sur les autres acteurs européens, notamment en France Renault et PSA, mais aussi les équipementiers comme Valeo, Faurecia, Plastic Omnium voire sur Michelin. Il est encore un peu tôt pour tirer le signal d'alarme, mais les éléments annoncés par Daimler pourraient pousser les analystes à revoir leurs anticipations pour d'autres acteurs, car certains facteurs de révision en baisse des objectifs du groupe sont susceptibles d'être extrapolés. Vigilance, donc.