KABOUL, 15 avril (Reuters) - L'ancien président afghan Hamid Karzaï a accusé samedi son successeur, Ashraf Ghani, de trahison pour avoir autorisé l'armée américaine à larguer la plus puissante bombe conventionnelle jamais utilisée au combat, lors d'une opération contre des djihadistes de l'Etat islamique en Afghanistan.

Hamid Karzaï exerce toujours une influence considérable au sein de la communauté pachtoune, majoritaire en Afghanistan, et à laquelle appartient aussi Ashraf Ghani.

Des responsables afghans de la défense ont déclaré que la bombe GBU-43, qui pèse près de dix tonnes et a été larguée jeudi soir dans la province de Nangarhar, avait fait près de 100 morts parmi les djihadistes, mais ces responsables indiquent qu'il s'agit là d'une estimation et non d'un réel décompte de corps. Le secteur visé par la bombe concernait un réseau de tunnels creusés par l'EI dans une région montagneuse de l'est de l'Afghanistan, où une offensive pour déloger les djihadistes a été lancée en mars.

"Comment avez-vous pu autoriser les Américains à bombarder votre pays avec un engin équivalant à une bombe atomique?", a déclaré Karzaï en public à Kaboul, en contestant la décision de son successeur. "Si le gouvernement leur a permis de faire ça, c'était une erreur et cela représente une trahison nationale".

La présidence assure que le bombardement a été coordonné étroitement entre les forces américaines et les forces afghanes, et a répliqué à la charge de Hamid Karzaï par ces mots: "Chaque Afghan a le droit d'exprimer son point de vue. Nous sommes dans un pays de liberté d'expression".

Hamid Karzaï a affirmé samedi qu'il comptait "se dresser face à l'Amérique", sans dire de quelle façon.

"Non seulement cette bombe était une violation de notre souveraineté et une marque d'irrespect pour notre sol et notre environnement, mais elle aura de mauvaises conséquences pendant des années", a-t-il estimé. (Mirwais Harooni; Eric Faye pour le service français)