Les indices ont globalement poursuivi hier leur rebond, notamment aux Etats-Unis où les achats présumés à bon compte sur les valeurs technologiques ont permis de terminer janvier et de démarrer février sur une note très positive. Le flux de résultats très prometteurs des stars de la cote a été interrompu hier par une publication dissonante de Meta Platforms. Qui gagne toujours beaucoup d'argent au cas où vous en douteriez, mais qui n'est plus aussi serein que par le passé à cause de plusieurs grains de sable dans une mécanique jusque-là implacable.

Depuis plusieurs mois, il y a une discussion au sein de l'équipe pour savoir si la valorisation de Facebook, la moins chère du clan des GAFAM (ou des MAGMA depuis que Facebook est devenu Meta), est méritée ou pas. L'entreprise est valorisée 25% de moins que Microsoft sur la base de ses bénéfices nets, ou 3,5 fois moins qu'Amazon par exemple. Ces multiples sont valables sur la base des cours de la veille. Si vous lisez ce papier après l'ouverture américaine à 15h30, ils seront encore plus dégradés parce que Meta devrait perdre environ 20% de sa valeur si l'on en croit les ordres vendeurs qui se sont empilés cette nuit après la publication des bénéfices et des perspectives de l'entreprise. Le jeudi de tous les dangers pour la société (une bande-son ici, pour ceux qui n'ont pas froid aux oreilles).

La raison ? Meta (qui regroupe notamment Facebook, Instragram et WhatsApp) a séché les investisseurs en publiant des prévisions de croissance plus en phase avec l'ancien monde qu'avec le nouveau. Comprendre relativement basses, parce que TikTok lui taille des croupières et que le changement de la politique de confidentialité d'Apple met à mal le modèle universel de pompage-turbinage publicitaire de Meta. Pour ajouter l'injure à l'outrage, le nombre d'utilisateurs actifs quotidien de Facebook a baissé pour la première fois de la (relativement) jeune histoire du groupe entre deux trimestres. D'un souffle, mais d'un souffle à la symbolique lourde : 1,93 milliard d'utilisateurs actifs au T3 contre 1,929 milliard au T4.

Le marché avait probablement raison de se méfier en valorisant Meta moins généreusement que les autres géants du numérique. Il paraît que le marché a toujours raison de toute façon. En l'espèce, Meta était déjà sous surveillance pour de multiples raisons : son usine tentaculaire à aspirer nos données pour les exploiter commercialement, sa capacité à se débarrasser de la concurrence en la noyant ou en mettant la main dessus, son incapacité à réguler correctement ses plateformes, ses fuites de données, son rôle trouble dans le débat politique et même son incursion dans la monnaie numérique. En listant tout ces éléments pour l'énième fois, je me rends compte à quel point les autorités sont incapables de réagir alors que les charges sont accablantes. Attention, les autres acteurs dominants ne sont pas plus vertueux. Mais ils sont plus discrets et c'est ce qui vaut à Mark Zuckerberg d'être convoqué plus souvent que ses petits camarades par moult commissions parlementaires. Un Zucks (que Xavier de la Porte et Julien le Bot ont très bien dépeint dans un double podcast, "Mark Zuckerberg est-il un génie ?" et "Mark Zuckerberg est-il dangereux ?") qui semble avoir trouvé une porte de sortie vers le Métavers, échappatoire d'ailleurs forte coûteuse puisqu'elle a contribué à dégrader les résultats du groupe et devrait encore peser à l'avenir.

Tout ça pour dire que la renaissance des valeurs technologiques américaines va prendre un peu de plomb dans l'aile aujourd'hui à cause de Meta, mais pas seulement. Spotify (qui est suédoise et non américaine MAIS qui est cotée à Wall Street) perdait 10% après la cloche après ses chiffres et "l'effet Joe Rogan", et Qualcomm n'était pas très flambant non plus sur des perspectives un peu courtes. Cela ne devrait pas changer le cours des publications positives actuelles, mais cela peut suffire pour un coup d'arrêt.

Il y a encore beaucoup de publications d'entreprises aujourd'hui, notamment parmi les "big pharmas" et les technologiques européennes, en attendant Amazon ce soir. Et bien sûr les décisions de politique monétaire de la Banque d'Angleterre (13h00) et de la Banque centrale européenne (13h45), qui vont être forcées de dévoiler un peu de leur jeu face à l'inflation montante sur le vieux continent. Programme chargé aussi aux Etats-Unis au niveau macroéconomique, en attendant les chiffres de l'emploi de janvier qui seront publiés demain après-midi.

Les indicateurs avancés sont baissiers ce matin en Europe, sans trop d'excès. Aux Etats-Unis, les "futures" sont aussi ancrés dans le rouge, le Nasdaq plus que les autres. Tokyo perd environ 1% à la cloche, tandis que les marchés chinois (Shanghai, Hang Seng, Taiwan) sont toujours clos pour le nouvel an lunaire. Le CAC40 a démarré en baisse de 0,03% à 7113 points.

Les temps forts économiques du jour

Plein d'indicateurs PMI aujourd'hui pour les principales économies. Il s'agit des PMI des services et composites confirmatoires, ce qui signifie qu'ils sont moins importants aux yeux des investisseurs que leurs versions avancées publiées la semaine dernière. Les regards se tourneront donc à 13h00 vers la décisions de politique monétaire de la Banque d'Angleterre, suivie à 13h45 de celle de la BCE. Christine Lagarde sera au micro à 14h30 pour assurer le service après-vente auprès de la communauté financière. Aux Etats-Unis, programme XXL avec les nouvelles demandes d'allocations chômage hebdomadaires à 14h30 en même temps que la productivité et les salaires du T4, puis les indices PMI à 15h45, avant les commandes de biens durables et l'indice ISM des services à 16h00.

L'euro remonte aux portes des 1,13 USD. L'once d'or grappille du terrain à 1806 USD. Le pétrole est presque inchangé à 87,90 USD le WTI et 89,20 USD le Brent. Le T-Bond affiche un rendement de 1,77% sur 10 ans (-1 point). Le bitcoin se stabilise autour de 37 000 USD l'unité.

Les principaux changements de recommandations

  • Beiersdorf : Credit Suisse démarre le suivi à surperformance en visant 105 EUR.
  • Bunzl : Goldman Sachs passe de neutre à vendre en visant 2650 GBp.
  • Danone : Credit Suisse démarre le suivi à neutre en visant 58 EUR.
  • Eurofins : Goldman Sachs passe de neutre à acheter en visant 112 EUR.
  • Fresenius Medical Care : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 78,10 et 84,90 EUR.
  • Holmen : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 440 à 450 SEK.
  • Julius Bär : Société Générale passe d'acheter à conserver en visant 65 CHF.
  • IMCD : Goldman Sachs passe de neutre à acheter en visant 194 EUR.
  • Implenia : Credit Suisse relève son objectif de cours de 23 à 27 CHF.
  • Kering : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 770 EUR.
  • L'Oréal : Credit Suisse passe de sous performance à neutre en visant 395 EUR.
  • LVMH : Bernstein reste à surperformance avec un objectif relevé de 843 à 889 EUR.
  • Renault : AlphaValue passe d'accumuler à acheter en visant 46,50 EUR.
  • Robertet : Midcap Partners passe de conserver à acheter en visant 1040 EUR.
  • Royal Boskalis : AlphaValue reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 37,50 à 34,40 EUR.
  • Saipem : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 1,80 à 1,20 EUR.
  • Sika : Baader Helvea passe d'accumuler à acheter en visant 380 CHF.
  • Synergie : Midcap Partners reste à l'achat avec un objectif relevé de 52 à 54 EUR.

En France

Résultats des sociétés

  • Dassault Systèmes : le bénéfice net annuel croît de 26%. Il devrait progresser de 3 à 6% cette année pour 9 à 10% de croissance organique de l'activité.
  • Publicis : la croissance organique devrait atteindre 4 à 5% cette année. Les résultats 2021 ont atteint des records.
  • Valneva : les chiffre d'affaires annuel a triplé à 348,1 M€ et vise 430 à 590 M€ cette année. La trésorerie atteint 346,7 M€.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Thales serait potentiellement intéressé par les actifs de cybersécurité d'Atos mais ne discute pas actuellement avec le groupe.
  • Les indemnités de l'ex-DG d'Orpea dépendront "des enquêtes extérieures", dit le PDG.
  • Gaztransport & Technigaz (GTT) va concevoir les cuves de six nouveaux méthaniers commandés par Hudong-Zhonghua Shipbuilding.
  • Le projet d'OPA simplifiée sur Groupe Open a été déposé.
  • Phast Invest réussit son OPA sur Prodware en montant à 85,78% du capital.
  • Reworld Media acquiert Eclypsia et Jeux Vidéo Live, deux sites dédiés à l’e-sport et aux jeux vidéo en ligne.
  • AB Science a reçu l'autorisation de l'Agence de Santé Suédoise pour initier une étude confirmatoire de phase III avec le masitinib dans les formes progressives de la sclérose en plaques.
  • Capelli, Coheris, Umanis, Sogeclair, Immobilière Dassault, Planet Media, Synergie, ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Résultats des sociétés :

  • ABB : le bénéfice du T4 est plus élevé que prévu.
  • Compass : le chiffre d'affaires du premier trimestre fiscal a atteint 97% de son niveau d'avant la pandémie.
  • Infineon : le groupe relève ses prévisions 2022.
  • Meta : l'action plonge de 23% hors séance après l'annonce de ses résultats et de ses perspectives.
  • Nokia : les résultats sont meilleurs que prévu.
  • Nordea : les résultats sont meilleurs que prévu.
  • Qualcomm : le titre recule de 3% hors séance après les trimestriels.
  • Roche : le laboratoire manque le consensus de bénéfice net en 2021 mais relève son dividende.
  • Shell : les bénéfices sont meilleurs que prévu et un gros programme de rachat d'actions est en cours.
  • Siemens Gamesa : le groupe est en pertes au 1er trimestre fiscal et prévoit une marge minimaliste sur l'exercice.
  • Siemens Healthineers : les prévisions sont relevées après les trimestriels.
  • Spotify : le titre chute de 10% hors séance après ses trimestriels.

Annonces importantes (et autres)

Lectures