* L'Open Arms peut entrer en Italie, dit la justice

* Le navire humanitaire va mettre le cap sur Lampedusa

* L'Etat italien va faire appel de cette décision (Actualisé avec réactions de Salvini et d'Open Arms)

par Crispian Balmer et Catherine MacDonald

ROME/MADRID, 14 août (Reuters) - Le navire humanitaire espagnol Open Arms, qui a à son bord quelque 150 migrants récupérés en Méditerranée, doit être autorisé à entrer dans les eaux territoriales italiennes, contrairement à ce que dit le ministre de l'Intérieur Matteo Salvini, a décidé mercredi la justice administrative italienne.

Le ministre, qui dirige le parti d'extrême droite La Ligue, a fait savoir qu'il n'autoriserait pas le navire à entrer malgré la décision du tribunal administratif de Rome.

Il avait fait savoir mardi qu'il bloquerait l'Open Arms, ainsi que l'Ocean Viking, un navire affrété par les ONG françaises Médecins sans Frontières (MSF) et SOS Méditerranée. Ce dernier navire a pour sa part recueilli quelque 350 migrants, également au large de la Libye.

L'association humanitaire espagnole Open Arms avait saisi la justice pour demander à ce que son navire soit autorisé à entrer en Italie sur la base du droit maritime international.

L'Open Arms va maintenant se diriger vers l'île italienne de Lampedusa, a déclaré le fondateur d'Open Arms, Oscar Camps. Une fois dans les eaux italiennes, l'ONG espagnole demandera à ce que toutes les personnes à bord soient examinées.

"C'est un nouveau pas en avant. Nous pourrons peut-être débarquer plus tôt que prévu", a déclaré Oscar Camps, qui s'exprimait devant des journalistes à Madrid. "Nous pouvons entrer dans les eaux italiennes sans craindre une amende ou la confiscation du bateau".

Dans sa décision, le juge administratif déclare que la plainte d'Open Arms "ne semble pas être totalement dénuée de fondement juridique" et que le navire est confronté à une situation "exceptionnellement grave".

"ASSISTANCE IMMÉDIATE"

De ce fait, le bateau doit être autorisé à pénétrer dans les eaux italiennes et doit recevoir une "assistance immédiate" pour les personnes sauvées "qui en ont le plus besoin".

Les magistrats ne précisent toutefois pas si le bateau doit être autorisé à accoster ni si les migrants peuvent débarquer.

Matteo Salvini, qui est également vice-président du Conseil, a déclaré à ses partisans lors d'une visite à Recco, dans le nord de l'Italie, qu'il continuerait à refuser l'entrée du navire "parce que je ne serai jamais le complice de trafiquants d'êtres humains".

Le ministère de l'Intérieur a ensuite publié une déclaration dans laquelle il déclare qu'il fera appel de cette décision devant le Conseil d'État, parce que, dit-il, le tribunal administratif ne disposait pas de tous les faits pertinents au moment de rendre sa décision.

"Pendant des jours, Open Arms est resté dans les eaux libyennes et maltaises, interférant avec d'autres opérations de sauvetage et a systématiquement récupéré des personnes dans le but politique de les amener en Italie", indique le ministère.

Matteo Salvini a présenté ce mois-ci une nouvelle loi qui prévoit une amende pouvant aller jusqu'à 1 million d'euros pour les navires qui entrent dans les eaux italiennes sans autorisation.

Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (HCR) a appelé mardi les gouvernements européens à autoriser le débarquement des quelque 507 migrants.

La France s'est dit prête à accueillir une vingtaine de migrants. (Danielle Rouquié pour le service français)