* Une quinzaine de pays attendus à Bruxelles

* Réunion informelle boycottée par le groupe de Visegrad

* Préparation du conseil européen des 28-29 juin

BRUXELLES, 24 juin (Reuters) - Un mini-sommet consacré à la question migratoire est organisé ce dimanche à Bruxelles sur fond de vives tensions entre les pays de l'Union européenne dont une partie a choisi de boycotter cette réunion informelle, laissant présager de vives discussions lors du conseil européen des 28 et 29 juin.

Organisée à la dernière minute par la Commission européenne, cette rencontre réunira dans l'après-midi une quinzaine de pays, dont la France, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne, l'Autriche et Malte, afin de rechercher des "solutions européennes" aux flux de migrants qui continuent de traverser la Méditerranée.

"J'espère que nous pourrons dans les prochains jours acter d'une décision européenne commune qui est la seule qui permettra de répondre efficacement et humainement au drame que nous sommes en train de vivre", a déclaré samedi Emmanuel Macron à l'issue d'un entretien avec le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, à l'Elysée.

La tâche s'annonce ardue tant les dernières déclarations des uns et des autres ont dressé le tableau d'une Europe plus divisée que jamais face à une question migratoire qui, depuis trois ans, n'a jamais été résolue en dépit de multiples initiatives et de nombreux sommets.

Après la crise déclenchée par le refus du nouveau gouvernement italien de laisser accoster le navire humanitaire Aquarius, le ton est une nouvelle fois monté d'un cran cette semaine entre les partisans d'une ligne dure et unilatérale et les défenseurs d'une "approche européenne et coordonnée".

Opposés à la mise en place de "quotas" contraignants pour la répartition des demandeurs d'asile entre Etats membres, les quatre pays du groupe dit de Visegrad (Hongrie, Pologne, République tchèque et Slovaquie) ont annoncé qu'ils ne participeraient pas à la réunion de dimanche, la jugeant "inacceptable".

"ÉGOÏSME NATIONAL"

Samedi à Paris, le président français leur a indirectement répondu en dénonçant l'"égoïsme national" et en brandissant la menace de sanctions financières contre les Etats de l'UE qui manqueraient de solidarité dans l'accueil des réfugiés.

Emmanuel Macron, qui avait déjà lancé jeudi une attaque à peine voilée contre les pays de l'Est et l'Italie en dénonçant la "lèpre" du nationalisme, a également proposé, avec l'Espagne, d'augmenter le nombre de "centres fermés" pour migrants "dès leur débarquement" sur le sol européen.

Ces centres seraient dotés de moyens financiers et techniques européens, une façon de répondre en partie aux demandes répétées de Rome, qui appelle en vain depuis plusieurs années ses partenaires européens à une plus grande solidarité, et plus généralement des pays dits d'arrivée.

Les propos du chef de l'Etat français ont été aussitôt critiqués par le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, chef de file de la Ligue (extrême droite), qui a dénoncé un Emmanuel Macron "arrogant" pour avoir déclaré que l’Italie n’avait "pas du tout la même pression migratoire que celle qu’elle avait l’année dernière".

"Si pour l'arrogant président Macron ce n'est pas un problème, nous l'invitons à cesser ses injures et à manifester au contraire une générosité concrète en ouvrant de nombreux ports de France et en laissant passer les enfants, les hommes et les femmes à Vintimille", a réagi le ministre italien.

MARGE DE MANOEUVRE ÉTROITE

Dans ce contexte, la marge de manoeuvre s'annonce réduite et les chances de parvenir à un accord les 28 et 29 juin minces.

Sous pression de l'aile droite de sa majorité, qui réclame un durcissement de sa politique migratoire, la chancelière allemande Angela Merkel a elle-même acté vendredi qu'il n'y aurait pas "de solution au niveau des 28 Etats membres" fin juin.

La clef pourrait davantage se trouver dans "des accords bilatéraux, trilatéraux et multilatéraux", a-t-elle ajouté, une ligne épousée samedi par Emmanuel Macron, évoquant des "solutions intergouvernementales ou bilatérales".

A couteaux tirés sur la question de la répartition des réfugiés et de la réforme d'un système d'asile jugé obsolète, les 28 pourraient toutefois s'accorder sur la nécessité de renforcer la coopération et l'aide aux pays d'origine et de transit et d'accroître les moyens de l'agence Frontex afin de protéger davantage "la frontière extérieure européenne". (Bureau de Bruxelles, Rome, Berlin et Paris, Marine Pennetier pour le service français, édité par Bertrand Boucey)