Zurich (awp/ats) - Des chercheurs de l'EPFZ ont mis au point un filtre qui permet de nettoyer les eaux contaminées par la radioactivité. Ce système pourrait être utilisé pour filtrer l'eau radioactive provenant de l'accident de Fukushima.

Lors de la catastrophe nucléaire de 2011 au Japon, des éléments radioactifs se sont retrouvés dans l'eau. Les méthodes conventionnelles n'éliminent pas suffisamment les substances radioactives. Le gouvernement japonais prévoit d'éliminer plus d'un million de litres d'eau contaminés dans le Pacifique.

Protéines et charbon actif

Ce rejet d'eau contaminée dans l'océan pourrait être évité grâce à un filtre. Une équipe de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) dirigée par Raffaelle Mezzenga a développé une membrane filtrante composée de protéines de lactosérum et de charbon actif. Ce filtre élimine une grande partie des isotopes radioactifs, a indiqué mardi l'EPFZ.

Cette membrane lie tous les isotopes radioactifs qui se trouvent entre le technétium et l'uranium dans le tableau périodique des éléments, soit le césium radioactif, l'iode, l'argent et le cobalt. Ces éléments sont présents dans les eaux contaminées de Fukushima. Selon les chercheurs, seul le tritium ne se lie probablement pas, car il est trop petit.

Hôpitaux

Les eaux usées radioactives sont produites non seulement lors des accidents de réacteur, mais aussi dans les hôpitaux. Les médecins utilisent les radionucléides pour le traitement du cancer ou comme produit de contraste dans les procédures d'imagerie. Le filtre développé à l'EPFZ permettrait aussi de purifier ces eaux usées.

En laboratoire, le filtre a presque entièrement éliminé trois radionucléides utilisés en médecine. La technique a aussi fonctionné dans un échantillon d'eaux usées provenant d'un hôpital suisse. Les éléments radioactifs iode-131 et lutétium-177 ont presque entièrement été éliminés de l'eau, indiquent les chercheurs dans la revue Environmental Science: Water Research & Technology.

"Notre membrane permet de réduire massivement le volume des déchets et de stocker des éléments rayonnants sous forme de solides dans un endroit compact et sec", a déclaré Raffaelle Mezzenga. Les eaux filtrées pourraient ensuite être déversées dans le réseau d'égouts.

Projet pilote en Suisse

L'équipe qui a développé le filtre envisage un projet pilote avec un hôpital suisse. Elle a aussi entamé des négociations avec une société japonaise qui participe aux travaux de décontamination à Fukushima.

"Si notre hypothèse est confirmée, le volume des eaux usées de Fukushima pourrait être massivement réduit à l'aide de la membrane filtrante, de sorte qu'aucune eau radioactive n'aurait à être déversée dans le Pacifique", a déclaré Sreenath Bolisetty, co-développeur de la membrane.

Les filtres saturés d'éléments à fort rayonnement pourraient être stockés sous forme solide là où sont aussi stockées les barres de combustible irradié des centrales nucléaires.

ats/vj