Washington (awp/afp) - Les Américains sont chaque semaine un peu moins nombreux à s'inscrire au chômage, mais le taux de mai pourrait frôler les 20%, et les manifestations qui secouent le pays ont mis en lumière les inégalités face à la crise selon la couleur de peau.

Les Etats-Unis ont enregistré un peu plus de 1,87 millions de nouveaux inscrits au chômage la semaine dernière, selon les chiffres publiés jeudi par le département du Travail.

C'est la première fois que les demandes passent sous la barre des deux millions depuis que les mesures massives de confinement ont mis le pays à l'arrêt, à partir de fin mars.

En deux mois et demi, 43 millions d'Américains se sont inscrits au chômage.

Mais à peine la moitié d'entre eux (21,5 millions) étaient indemnisés au cours de la semaine du 17 au 23, ces données étant publiées avec une semaine de retard.

Cette différence s'explique par le fait que certains inscrits ne peuvent pas toucher le chômage, et que d'autres ont retrouvé un emploi.

Ce nombre de chômeurs indemnisés est reparti en légère hausse, après avoir diminué la semaine précédente pour la première fois depuis le début de la crise.

"Bien que la baisse du nombre de nouvelles demandes soit une bonne nouvelle et une preuve supplémentaire que le pire des pertes d'emplois est derrière nous, la reprise sur le marché du travail devrait être douloureusement lente", observent les analystes d'Oxford Economics dans une note.

En mai, les entreprises du secteur privé ont continué à détruire des emplois, mais près de dix fois moins qu'en avril, mois où l'économie américaine a été au plus bas.

Par ailleurs, la productivité aux Etats-Unis a diminué de 0,9% au premier trimestre 2020 par rapport au dernier trimestre 2019, moins que la baisse de 2,5% initialement annoncée, selon les données publiées jeudi par le département du Travail.

Quant au déficit commercial américain, il a bondi de 16,7% en avril sous l'effet d'un plongeon record des exportations, notamment dans l'automobile, l'industrie aéronautique civile et les services, a annoncé jeudi le département du Commerce.

discrimination et inégalités

Le taux de chômage du mois de mai sera publié vendredi. Il pourrait frôler les 20%, selon les attentes des analystes, après avoir bondi à 14,7% en avril, alors qu'il était en février à 3,5%, son niveau le plus bas depuis 50 ans.

Il faut remonter aux années 1930 pour trouver un taux de chômage si élevé. Pendant la Grande dépression, il était monté jusqu'à 25%.

Les Etats-Unis sont secoués par des manifestations contre le racisme et les violences policières depuis la mort, il y a dix jours, de George Floyd, un homme noir asphyxié par un policier blanc.

Le président Donald Trump, candidat à sa réélection, est largement critiqué pour sa gestion de cette crise.

"Nous ne pouvons pas permettre que cette crise (...) inflige de nouvelles souffrances économiques aux Afro-américains", a réagi dans un communiqué Joe Biden, candidat démocrate à la présidentielle du 3 novembre.

"Les communautés noires et latino-américaines sont les plus durement touchées", a-t-il ajouté, alors que 16,7% des Afro-américains et 18,9% des hispaniques étaient au chômage en avril, contre 14,2% chez les Américains blancs.

En raison de "la longue histoire d'exclusion raciale, de discrimination et d'inégalités, il y a dans chaque famille (Afro-américaine), moins de personnes actives, et des revenus et une épargne disponible plus faibles que chez les travailleurs blancs", explique une étude menée par Valerie Wilson et Elise Gould de l'Economic Policy Institute, et publiée lundi.

L'argent disponible chez les familles blanches (49.529 dollars) est, en moyenne, plus de cinq fois plus élevé que chez les familles noires (8.762 dollars), relèvent ces économistes.

Elles indiquent également qu'en 2018, "le revenu médian des ménages blancs était 70% plus élevé que pour les ménages noirs (70.642 dollars contre 41.692 dollars)".

L'Organisation des Nations Unies a également pointé du doigt la situation des Etats-Unis: ces manifestations "mettent en évidence (...) les inégalités dans la santé, l'éducation, l'emploi et la discrimination raciale endémique", a souligné mardi sa Haut-Commissaire aux droits de l'homme, Michelle Bachelet.

afp/rp