Au sens classique du terme, le momentum est une vision de l'investissement consistant à privilégier les actions qui sont dans une tendance positive au cours des six et douze derniers mois. Chez Zonebourse, le momentum intègre certes les données relatives à la tendance positive du titre à court, moyen et long terme mais surtout les révisions des bénéfices et du chiffre d'affaires par les analystes à très court terme (7 jours), à moyen terme (4 mois) et à long terme (12 mois), pondérées de la visibilité du business model des analystes qu'en à la divergence de leurs estimations chiffrées, en partant de l’hypothèse que les analystes sont plutôt conservateurs dans leurs révisions. 

Lors de notre précédent sélection, nous avions choisi United Health Group, Merck & Co, AutoNation, T-Mobile et Raytheon Technologies fin juin 2022. Un portefeuille équipondéré sur ces cinq positions vous aurez généré un rendement de -6,21% contre -5,32% pour notre benchmark, l’indice S&P 500, sur le troisième trimestre (du 30/06/2022 au 30/09/2022). La performance est en ligne avec le benchmark avec moins de 1% de différence (sous-performance de -0,89%). Cependant, cette performance s’est faite avec moins de volatilité que le S&P 500. 

Regardons plus en détail les cinq valeurs américaines sélectionnées pour le quatrième trimestre 2022 (octobre à décembre). 

Notre sélection “momentum” pour les trois prochains mois : 

Explications et présentations : 

Black Stone Minerals (BSM) 

Black Stone Minerals possède et gère des intérêts miniers de pétrole et de gaz naturel aux États-Unis. L'activité principale de la société consiste à maximiser la valeur de ses actifs miniers et de redevances existants par une gestion active et à étendre sa base d'actifs par l'acquisition d'intérêts miniers et de redevances supplémentaires. La société possède des intérêts miniers dans environ 16,8 millions d'acres bruts. 

Elle possède également des intérêts de redevances non participantes (NPRI) sur environ 1,8 million d'acres bruts et des intérêts de redevances dérogatoires (ORRI) sur 1,7 million d'acres bruts. Ses intérêts en matière de minéraux et de redevances sont situés dans environ 41 États de la partie continentale des États-Unis, y compris dans tous les bassins de production terrestres. Bon nombre de ces intérêts sont des zones de ressources inactives, notamment les schistes de Haynesville/Bossier dans l'est du Texas/l'ouest de la Louisiane, le Wolfcamp/Spraberry/Bone Spring dans le bassin permien, le Bakken/Three Forks dans le bassin de Williston et le schiste d'Eagle Ford dans le sud du Texas. 

Le groupe profite des tensions géopolitiques sur le pétrole et le gaz. Ses prévisions de résultats ont fortement été revues à la hausse depuis un an. Black Stone Minerals est l'un des meilleurs moyens pour les investisseurs de profiter des conditions fondamentales haussières du marché de l'énergie. Son faible risque opérationnel et la qualité de son bilan, associé à des perspectives encore favorables en fait une valeur à privilégier dans le secteur de l'énergie. 

UnitedHealth Group (UNH) 

UnitedHealth Group, déjà présente dans la précédente sélection du troisième trimestre (T3 2022), la valeur y figure à nouveau. La société est un des premiers fournisseurs américains de produits et de services de santé. Les revenus se répartissent entre les assurances santé (59,3% du CA), les prestations de gestion de régimes d’assurance médicaments (37,5%) et les prestations de services informatiques (3,2%). L’action du plus grand assureur maladie américain a réalisé un parcours boursier incroyable ces dix dernières années avec une augmentation du titre de 25% par an depuis 2012 (dividende compris). Cet exploit a été réalisé par une belle augmentation des marges et du chiffre d’affaires couplée à une politique d’acquisitions bien maîtrisée.

Le groupe dispose d’un leadership sur ce marché. L’entreprise va dans le sens de la volonté du gouvernement américain de réduire les coûts de santé pour le grand public. Pour autant, United dispose d’un fort pricing power. L’histoire a démontré que les soins de santé sont le secteur qui offre le plus de récurrence des résultats même lors des grandes crises financières (2000 et 2008) et lors des pics d’inflation. Un secteur résilient donc qui baisse moins lors des crises et surperforme également en marché haussier.

Broadcom (AVGO) 

Broadcom, né sous le nom d’Avago en 2005 dont la société mère a repris le nom de Broadcom après son acquisition en 2016, est un des plus gros acteurs dans les semi-conducteurs. Le groupe se place en cinquième position en termes de revenus derrière TSMC, Intel, SK Hynix et Qualcomm et troisième position en termes de capitalisation boursière derrière TSMC et Nvidia. 

La société a été créée en 2005 lorsque la division des semi-conducteurs d'Agilent a été vendue aux sociétés de capital-investissement KKR et Silver Lake Partners. Peu après, début 2006, Hock Tan a été nommé PDG. L'entreprise est entrée en bourse en 2009 et, à l'époque, sa taille et sa portée étaient beaucoup plus modestes qu'aujourd'hui. Pour vous dire, la capitalisation boursière de Broadcom est passée d’une midcap de 6,5 milliards de dollars en 2009 à 200 milliards de dollars aujourd’hui.  

Le groupe bénéficie d’une économie d’échelle et de barrières à l’entrée, propres à l’industrie certes mais pas seulement. La fabrication de semi-conducteurs nécessite généralement des niveaux élevés de coûts fixes et l'effet de levier est principalement réalisé sur la ligne de la marge brute. Même si la plupart des sociétés de semi-conducteurs ont adopté le modèle "fabless" (externalisation de la production à des fonderies telles que TSMC, Samsung, Global Foundries et autres), Broadcom applique à la fois un modèle sans usine mais l’entreprise possède aussi quelques fonderies en propre. 

La société verse un dividende copieux pour le secteur, estimé à 16,40$ cette année. La croissance du dividende suit un joli trend haussier ces six dernières années (CAGR de 43%). 

Le secteur des valeurs technologiques pâtit habituellement dans ce type de contexte inflationniste incertain accompagné d’une forte remontée des taux. Toutefois, il serait grossier de confondre les torchons et les serviettes. En effet, les acteurs avec des bilans qui comportent des ratios élevés d’actifs incorporels tel que Broadcom se débrouillent plutôt bien face à ces changements de politique monétaire. La maîtrise de ses coûts via la détention de nombreux actifs tangibles et intangibles la protège de l’inflation, plus que les autres acteurs du secteur. De plus, la société a annoncé de solides perspectives pour 2022 et possède une meilleure visibilité que la moyenne du secteur sur son carnet de commandes. 

Air Product & Chemicals (APD) 

Air Products & Chemicals (AP&C) est un leader mondial de la production et distribution de gaz industriels, comparable direct du français Air Liquide ou de l'allemand Linde, entre autres. AP&C présente un profil bien particulier cependant. 

On note le gros pari sur l'hydrogène (dans l'air du temps mais objet de bien des débats de spécialiste) et sur la région du Golfe Persique, avec un méga-projet en Arabie Saoudite et plus tôt le rachat des activités de Air Liquide aux Emirats. AP&C réalise un tiers de son CA en Amérique du nord, un quart en Europe et au moyen orient, et près d'un tiers en Asie — le solde dans le reste du monde — et parmi sa clientèle sert en premier chef les industries de l'énergie et de la chimie. 

La société bénéficie d’infranchissables barrières à l'entrée grâce à sa base d'actifs non-reproductibles et des supply chain intégrées hyper-denses et complexes. C’est une action peu volatile, offrant une belle visibilité (malgré la hausse du gaz et des tensions sur le marché de l'énergie) et les perspectives de croissance du chiffre d’affaires ont été revues à la hausse dernièrement. 

Raytheon Technologies (RTX) 

Déjà présente dans la précédente sélection,Raytheon est la première capitalisation mondiale dans le secteur de la défense et de l’aérospatial. Ce n’est pas un pure-player car la société réalise 27,4% de son CA dans les systèmes de navigation aérienne avec sa filiale Collins Aerospatial, 27% dans l’aéronautique via Pratt & Whitney qui fabrique notamment des moteurs d’avions civils et militaires, 23,1% sur le segment des missiles et systèmes intégrés de défense aérienne. C’est notamment eux qui fabriquent les missiles anti-aérien Stinger et ils co-fabriquent avec Lockheed Martin les missiles antichar Javelin, deux des armes les plus redoutables que les occidentaux envoient en Ukraine. 

Le secteur de la défense commence tout juste à réviser à la hausse (les analystes comment à réajuster leurs révisions de chiffre d’affaires et de bénéfice net par action) et la tendance devrait perdurer selon nos estimations. La guerre en Ukraine a changé la donne en matière de sécurité. La plupart des pays européens ne respectent pas l’objectif initial de 2% du PIB consacré à la défense. Rien que ce réajustement à 2% entraînerait une hausse de 25% du budget mondial consacré à la défense. L’ensemble du secteur devrait ainsi fortement profiter de ces politiques favorables. 

Nous ferons un point sur l'évolution de ces cinq valeurs à l'issue de l’année. 

Retrouvez les précédentes sélections ici :