Moody's a ramené la note portugaise à long terme à Baa1, contre A3 auparavant, et a maintenu une perspective négative.

L'agence précise qu'elle risque de réduire encore la note du Portugal, avant son prochain examen en juillet, si elle constate que le pays ne dispose pas d'un soutien à court terme de ses partenaires de la zone euro.

"Moody's estime que les coûts de financement actuels atteignent des niveaux insoutenables, même à court terme", apprend-on dans un communiqué.

"L'abaissement limité de la note à Baa1 (et pas plus bas) décidé aujourd'hui reflète le sentiment de Moody's que les autres membres de la zone euro apporteront une aide si le Portugal a besoin d'un financement d'urgence avant de pouvoir obtenir une aide du Fonds européen de stabilité financière (FESF)", poursuit Moody's.

A la suite de cette annonce, l'euro reculait d'un plus bas de cinq mois contre le dollar, à environ 1,4164 dollar.

Standard & Poor's et Fitch avaient déjà abaissé la note portugaise lorsque le gouvernement socialiste de José Socrates a démissionné le mois dernier, à la suite du rejet par le Parlement de son plan d'austérité.

LES BANQUES FAVORABLES A L'AIDE INTERNATIONALE

Selon le Jornal de Negocios, les principales banques portugaises menacent par ailleurs de cesser d'acheter de la dette souveraine, une décision qui pourrait empêcher le Portugal de se financer sur les marchés et donc contraindre le gouvernement à demander une aide internationale.

Le quotidien rapporte que les dirigeants des grandes banques ont rencontré le gouverneur de la Banque du Portugal lundi, arguant que le pays devrait s'assurer un financement à court terme qui apaise les marchés jusqu'au 5 juin, date des prochaines élections législatives.

Lundi, le directeur de la première banque privée portugaise Millennium BCP Carlos Santos Ferreira a déclaré qu'il était "indispensable que le pays ait recours à un prêt à court terme" d'au moins 10 milliards d'euros.

Selon Andre Rodrigues, analyste bancaire chez Caixa Investment Banking, les banques sont sous pression en raison de l'impact de la dépréciation de la dette souveraine dans leurs comptes, de leurs propres problèmes de liquidité et des tests de résistance auxquels elles seront prochainement soumises.

Fitch a annoncé de fait mardi qu'elle déclassait six banques portugaises à la suite du déclassement de la dette souveraine.

Anthony Thomas, analyste de Moody's pour le Portugal a cependant dit à Reuters que le gouvernement sortant n'avait pas évoqué l'hypothèse d'une aide à court terme.

"Le gouvernement n'a pas fait mention d'une telle mesure", a-t-il dit, soulignant qu'un prêt pourrait être émis par les institutions européennes plutôt que par le Fonds monétaire international (FMI), comme l'ont supposé les médias locaux.

Un porte-parole de la Commission européenne a fait savoir que les prêts d'urgence ne pouvaient être accordés qu'après soumission d'une demande suivant la procédure en vigueur, impliquant des conditions strictes.

Une source a ajouté qu'aucun prêt à court terme exceptionnel n'était envisageable en dehors d'un plan d'aide préalablement établi.

LES MARCHÉS ANTICIPENT UNE AIDE AU PORTUGAL

Le coût de l'assurance contre un risque de défaut du Portugal sur sa dette à cinq ans, s'est inscrit en hausse de 18 points de base (pdb) à 598 pdb, après avoir atteint un plus haut à 595 pdb, selon Markit. Il en coûte désormais 598.000 euros pour assurer une exposition de 10 millions d'euros.

C'est la première fois depuis août que les CDS portugais à cinq ans sont plus élevés que leurs homologues irlandais.

Les marchés financiers sont convaincus que le gouvernement portugais va être contraint de demander une aide financière à l'UE et au FMI, à l'instar de la Grèce et de l'Irlande.

Le Premier ministre sortant José Socrates a pourtant mis un point d'honneur à ne pas solliciter une aide internationale.

Le Portugal a probablement la capacité de se financer au cours des huit prochaines semaines - le pays doit refinancer 4,3 milliards d'euros de dette en avril et 4,9 milliards en juin - mais le coût de ces opérations devrait être extrêmement élevé.

Interrogé lundi par une chaîne de télévision sur l'hypothèse d'un prêt à court terme octroyé par le FMI, José Socrates a déclaré ne pas avoir connaissance de l'existence d'une ligne de financement du FMI qui ne soit conditionnée à la mise en place d'un programme ad hoc.

"Tous les programmes qui ont été négociés jusqu'à présent ont été très sévères pour ce qui est des mesures exigées", a-t-il dit.

Alex Richardson, Catherine Monin et Nicolas Delame pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat