Les retours de vacances, même lorsqu'elles sont courtes, nécessitent une remise à niveau accélérée pour éviter les inepties matinales. Cette année, je ne risque pas beaucoup de me tromper puisque les marchés financiers sont toujours en mode "hausse éternelle", malgré les petites tracasseries liées à l'inflation, aux à-coups de l'économie chinoise ou aux désordres dans les chaînes d'approvisionnement industrielles. Les résultats des entreprises sont toujours solides, les statistiques macroéconomiques tiennent bon et les banques centrales n'ont vraiment pas l'air de vouloir réduire la dépendance du marché à leur générosité. La routine quoi. Pour éviter de reparler de sujets cuits et recuits, penchons-nous ce matin sur la dernière histoire dont on parle sur Twitter et en une des principales publications financières du jour.  

Mais un peu de recul d'abord. Pendant longtemps, prendre un décision d'investissement en bourse a été l'apanage d'une minorité de sachants ou de pseudo-sachants. Les outils modernes ont largement démocratisé le processus en ouvrant aux particuliers la possibilité d'interagir directement avec le marché, par exemple en leur offrant des solutions de courtage compétitives ou un accès à l'information amélioré. La plupart du temps, ces investisseurs autonomes répliquaient des techniques ou des stratégies plutôt traditionnelles, au motif que ce qui a déjà fonctionné devrait continuer à produire des fruits dans l'avenir, en dépit de l'antienne selon laquelle les performances passées ne préjugent pas des performances futures.

Mais quelque chose a changé. De nouveaux usages viennent bouleverser l'ordre établi. L'industrie financière n'est pas imperméable à l'innovation. Elle a même une capacité proverbiale à fabriquer des produits complexes qui lui explosent régulièrement à la figure. Mais elle a plus de mal avec les nouveautés extérieures, qui secouent sa façon de fonctionner. Les investisseurs acnéiques et les cryptomonnaies par exemple. Ou la puissance de communautés capables de prophéties autoréalisatrices, comme celles qui ont porté GameStop ou AMC Entertainment aux nues en début d'année.

Elon Musk fait probablement partie de cette pop-culture boursière en gestation. Que l'on aime ou pas le patron de Tesla, il est impossible de nier sa capacité à casser les codes. Ce weekend, il a de nouveau occupé l'espace bourso-médiatique en lançant un sondage sur Twitter libellé en ces termes "Ces derniers temps, on parle beaucoup des plus-values latentes comme d'un moyen d'éviter les impôts. Je propose donc de vendre 10% de mes actions Tesla". Résultat final après 3,5 millions de votes en moins de deux jours et 57,9% en faveur de la vente. Musk s'est engagé à respecter le résultats de la consultation à 20,8 milliards de dollars. Il possède en effet 170,5 millions d'actions Tesla (environ 17,2% du capital), ce qui reviendrait à céder 17,05 millions de titres cotant actuellement 1222 USD.

Cette utilisation des réseaux sociaux montre le poids de la médiatisation et des influenceurs dans l'investissement. Des gros poissons comme Elon Musk aux plus petits qui ont acquis une aura importante au cours des derniers mois. Compte tenu des habitudes de la jeune génération, que je peux constater au quotidien dans ma propre équipe et à la maison, cette tendance ne devrait pas ralentir. Elle force l'industrie financière à se réinventer et à s'approprier de nouvelles pratiques. Ce qu'elle fait pour l'instant assez mal ou avec un temps de retard comique. Alors évidemment, ce nouvel édifice est bâti sur une période boursière exceptionnelle, qui donne un beau vernis doré à toutes ces histoires. Mais il serait imbécile de ne pas en tenir compte.

Si l'on met de côté les cabotinages d'Elon Musk, la semaine démarre sur fond de vote positif par le Congrès américain du plan d'infrastructure de Joe Biden. Un succès obtenu au forceps par le président américain. L'inflation reste au centre du jeu à l'approche des fêtes de fin d'année, avec des statistiques majeures attendues cette semaine aux Etats-Unis, en particulier l'évolution des prix à la consommation en octobre qui sera connue mercredi. Enfin, le PCC, le parti communiste chinois, réunit son comité central pendant quatre jours à compter d'aujourd'hui. L'occasion d'en savoir plus sur l'avenir de la doctrine dite de "prospérité commune" chère à Xi Jinping, qui a surtout montré son visage répressif jusqu'ici.

Le CAC40 grappille 0,04% à 7043 points peu après l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Il n'y aura pas d'indicateurs majeurs aujourd'hui. En revanche, de nombreux banquiers centraux américains, dont le premier d'entre eux Jerome Powell, seront au pupitre pour des allocutions publiques. Hier après-midi, la Chine a fait état d'exportations plus dynamiques que prévu en octobre (+27,1% vs consensus 22,8%) mais d'importations inférieures aux attentes (+20,6% vs consensus 26,2%).

L'euro reste sous pression à 1,1557 USD. L'once d'or gagne quelques cents à 1819 USD. Le baril de pétrole rebondit, à 83,56 USD le Brent et à 82,20 USD le WTI. Sur le marché de la dette souveraine, c'est la détente : le 10 ans américain chute à 1,46% pendant que le Bund affiche -0,28%. Le bitcoin reprend 3,5% à 65 200 USD.

 Les principaux changements de recommandations

  • Acerinox : Berenberg passe d'alléger à acheter en visant 14 EUR.
  • Afyren : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 12 EUR.
  • Alten : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 150 à 160 EUR.
  • Ateme : Kepler Cheuvreux reste à conserver avec un objectif relevé de 10 à 14,50 EUR.
  • AXA : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 25 à 28,10 EUR.
  • Basic-Fit : Morgan Stanley reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 44 à 55 EUR.
  • Casino : Barclays réduit son objectif de 22 à 20 EUR.
  • Deutsche Lufthansa : Bernstein passe de performance de marché à surperformance en visant 8,55 EUR.
  • Fastned : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 91 à 90 EUR.
  • Hennes & Mauritz : Goldman Sachs passe de neutre à vendre en visant 160 SEK.
  • International Consolidated Airlines : Bernstein passe de surperformance à performance de marché en visant 180 GBp.
  • LVMH : Erste Group passe de conserver à acheter.
  • Ryanair : Bernstein passe de surperformance à performance de marché en visant 18,40 EUR.
  • Schneider Electric : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 165 à 175 EUR.
  • Swisscom : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 565 CHF.
  • Telia : HSBC passe d'alléger à conserver en visant 34 SEK.
  • Volkswagen : Jefferies passe d'acheter à sousperformance avec un objectif de cours de 170 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le monde

Résultats des sociétés

  • Berkshire Hathaway publie un bénéfice inférieur aux attentes au 3e trimestre.
  • Covestro relève ses prévisions 2021.
  • Henkel réduit ses prévisions annuelles.
  • Siemens Gamesa envisage la rentabilité en 2022 après avoir réduit sa perte annuelle.
  • SoftBank subit une perte nette trimestrielle de 3,5 Mds$ à cause de la perte de valeur de Vision Fund.

Annonces importantes (et autres)

  • Elon Musk a proposé à sa communauté Twitter de voter sur la cession de 10% de ses parts dans Tesla. Le vote a été positif.
  • Le rachat par Roche de près d'un tiers de ses propres actions détenues par Novartis lui fournira davantage de souplesse dans sa stratégie, selon le CEO Christoph Franz dans le Finanz und Wirtschaft.
  • Le fonds Third Point aurait pris une participation dans la Compagnie Financière Richemont, selon le FT, et veut faire pression de concert avec Artisans Partners, qui détenait déjà 1,2% du capital.
  • Credit Suisse veut adapter son système des rémunérations après les derniers scandales.
  • Qiagen vers 53 M$ à Becton Dickinson pour clôturer leur litige sur la technologie PCR.
  • Alcon s'offre Ivantis pour 475 M$.
  • Coloplast va racheter Atos Medical à PAI Partners pour 2,15 Md€.
  • Edward Rogers reprend le contrôle de Rogers Communications.
  • MTN lorgnerait Telkom, selon Bloomberg.
  • EQT et H&F atteignent 82% du capital de Zooplus dans le cadre du rachat à 480 EUR.
  • BHP signe un accord visant à céder sa participation de 80% dans BHP Mitsui Coal.
  • KKR envisagerait d'acquérir les activités de réseau de Telecom Italia.
  • Sydney Airport Holdings sera racheté pour 23,6 MdsAUD par un consortium d'investisseurs.
  • Advent serait proche de conclure un accord pour le rachat de McAfee pour plus 10 Mds$.
  • Paytm lance la plus grosse introduction en Bourse de l'Inde.
  • Rivian relève le prix de son IPO dans la fourchette 72 à 74 USD.
  • Principales publications de résultats : PayPal, SoftBank, Roblox, Henkel, AMC Entertainment, Kingspan, Covestro, PostNL, Vilmorin...

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