"Quelle est votre perception de l’évolution des marchés financiers à l’heure actuelle ?
Nous avons certainement connu des points bas sur les marchés financiers à la fin de l’année 2011. Les niveaux de stress atteints ont alors correspondu à des pics. L’aversion pour le risque a été maximal au cours des derniers mois au point que nous avons pu observés des mouvements massifs de vente pour nettoyer les portefeuilles. Les obligations high yield, les valeurs bancaires, les titres de dette des pays périphériques ont été vendus.
Les anticipations ont dans une certaine mesure été auto réalisatrices. La conviction de certains investisseurs de l’apparition de flux de ventes abondants sur les marchés les ont conduit à se précipiter pour agir dans ce sens.

Au final nous nous sommes retrouvés avec des niveaux de valorisation des marchés actions très attractifs sans pour autant déclencher une vague d’achat de la part des institutionnels sur cette classe d’actifs compte tenu des incertitudes pesantes sur la non résolution de la crise grecque. L’ajustement à la baisse de la volatilité des actifs risqués a permis un retour des investisseurs institutionnels, quoique encore timide, sur les marchés

Avec la fin de l’année calendaire, les forces vendeuses ont progressivement disparu. Nous avons constaté une belle reprise des titres qui ont été le plus malmenés l’année dernière, en particulier les valeurs bancaires, les valeurs cycliques et les valeurs industrielles.

A ce rattrapage technique qui s’est opéré, s’est ajouté un rallye fondé sur une embellie de la macroéconomie, en particulier de l’autre coté de l’Atlantique. L’ intervention de la BCE a permis par ailleurs de réduire de manière prononcée l’aversion au risque en permettant au système financier d’avoir accès à des sources de financement bon marché. Au-delà des statistiques qui suivent une tendance ascendante, les indicateurs de confiance se sont nettement améliorés. La conjoncture semble de nouveau sur de bons rails.

De quelle manière accueillez-vous l’opération de refinancement à long terme des banques européennes par la BCE ?
Cette opération de refinancement par la BCE, dont le premier volet s’est déroulé en décembre et dont le second est prévu ce mercredi est considérée par le marché comme étant de facto un quasi quantitative-easing. Une quantité importante de liquidité est injectée dans le système.
Cela pousse d’autant plus à reprendre du risque dans le portefeuille.

Quelle est votre allocation d’actifs à ce jour ?
Nous étions déjà surpondérés actions en décembre. Si l’on considère un portefeuille équilibré (c'est-à-dire dont l’exposition actions cible est de 50%), nous étions surpondérés à 56%. Nous avons renforcé notre exposition tout en maintenant une réactivité de tous les instants. L’intervention de la BCE, le bon déroulement des adjudications italiennes et espagnoles, les bonnes statistiques économiques nous ont amené à accroître sensiblement notre exposition aux actions aux alentours de 70%.

Nous avons depuis réduit la voilure pour prendre nos profits sur une classe d’actifs qui a progressé en moyenne de plus de 8% depuis le début de l’année. Après avoir été fortement surpondérés sur les actions américaines nous avons réduit progressivement la pondération pour revenir sur les actions européennes à la lueur des publications économiques moins mauvaises qu’anticipées et pour tenir compte des écarts de valorisation entre les deux compartiments. En effet les valeurs européennes se traitent à une décote de 20% en moyenne par rapport aux actions américaines. L’exposition a été ramenée autour de 52% en fin de mois tout en maintenant un pari actif sur les actions émergentes.

Dans notre poche obligataire, nous sommes positionnés significativement sur les obligations high yield et ce depuis octobre 2011, aussi bien aux Etats-Unis que dans la zone euro.
Nous estimons que le taux de défaut implicite du marché (reflété via les niveaux de spreads actuels) est relativement élevé par rapport au taux de défaut effectif. Les entreprises ont, qui plus est, une situation financière saine.
Il est incontestablement plus intéressant de miser sur un rendement de 6 à 7% offert par des obligations high yield sous-valorisées plutôt que de miser sur un rendement de 2% offert par du bund allemand.

Comment expliquez-vous votre surpondération sur les actions américaines ?
Nous maintenons à l’heure actuelle une légère surpondération sur ce marché en raison notamment d’une bonne tenue des résultats d’entreprise et d’une macroéconomie mieux orientée grâce aux marchés du logement et du travail qui se portent mieux. Nous sommes d’avis que si les marchés venaient à se retourner, le dollar jouerait pleinement son rôle de valeur refuge.

Il est intéressant de constater que votre portefeuille est exclusivement investi sur des indices. Pour quelle raison ?
Nous ne voulons pas être investis sur un secteur ou un titre en particulier. Nous voulons être investis sur toute une classe d’actifs. Nous considérons que ce n’est pas là qu’il y a une réelle valeur ajoutée dans un portefeuille diversifié. Celle-ci réside dans notre allocation d’actifs et donc dans le couple rendement/risque que nous voulons délivrer par la composition de notre portefeuille.
C’est ce qui explique que nous soyons investis dans des indices aussi divers que l’euro high yield index, le MSCI USA ou le MSCI Europe.

Dans votre choix d’indices, avez-vous une préférence entre ETF synthétiques et ETF physiques ?
Selon nous, il n’y a pas lieu de distinguer entre les méthodes de réplication. Pour autant les ETF synthétiques permettent d’avoir une performance assez proche de celle de l’indice grâce aux swaps de performance.

Quel est votre scénario central pour le premier semestre de l’année ?
Tout en restant prudent nous maintenons pour le moment un biais positif sur les classes d’actifs risquées comme les actions et le High Yield.

Qu’est ce qui pourrait conduire à un changement important de votre allocation ?
Principalement l’actualité politique et les adjudications des pays périphériques, Espagne et Italie en premier lieu.

Quels sont les éléments du marché que vous surveillez en particulier ?
Nous sommes particulièrement attentifs à l’évolution de l’Eurostoxx 50 et des valeurs bancaires. Cette évolution dépendra de la mise en œuvre du plan de résolution de la crise de la dette dans la zone euro.
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